Recherche des restes de saint Hubert: le bourgmestre Henneaux d'accord pour sonder le sous-sol de la basilique avec une caméra
Le mayeur de Saint-Hubert, Pierre Henneaux, plaide pour qu’on aille vérifier si les affirmations de M. Gruslin sont exactes. Selon lui, un petit carottage et une caméra permettraient d’investiguer.
Publié le 16-03-2023 à 16h21 - Mis à jour le 17-03-2023 à 16h13
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Cet événement a suscité pas mal d’émotion et de réactions. Nous avons laissé le temps au bourgmestre de la ville, Pierre Henneaux, et au doyen et chanoine, Philippe Goosse, de prendre du recul par rapport à ce que démontre M. Gruslin.
Pierre Henneaux se dit confiant et croise les doigts pour qu’on puisse faire des sondages.
M. Henneaux, est-ce une surprise pour vous, ce qu’avance Richard Gruslin ?
Par le passé, des personnes se disaient déjà convaincues que les restes de saint Hubert sont sous la basilique. Ce n’étaient que des suppositions. Aujourd’hui, via des méthodes scientifiques, le travail de M. Gruslin apporte autre chose que de simples hypothèses. Je n’ai pas eu son rapport en main, mais je dois le rencontrer bientôt. J’en ai discuté aussi avec le doyen.
La Ville envisage-t-elle de prendre contact avec la Région wallonne et sa section du Patrimoine pour qu’elle autorise des investigations encadrées par des scientifiques?
La basilique est la propriété de la Ville, c’est donc plus facile pour nous de donner une suite à cette histoire. Nous devons bien entendu collaborer étroitement avec les services régionaux du Patrimoine et les scientifiques. Pour moi, c’est clair. Et même si c’est un rêve, il faut aller voir ce qu’il en est. Il existe des moyens non invasifs pour mener des fouilles aujourd’hui. M. Gruslin l’a d’ailleurs évoqué avec les radars, etc. Il est possible aussi de pratiquer un trou par carottage dans lequel on ferait passer une caméra. À mon avis, cela ne doit pas coûter très cher. On devrait alors savoir, primo, s’il y a une cavité sous la nécropole et, secundo, si c’est le cas, si on aperçoit les 3 caveaux dont celui de saint Hubert.
Je plaiderais même, toujours en parfait accord avec le Patrimoine, qu’on envoie un drone pour filmer la cavité qu’on aurait découverte.
Cela permettrait d’investiguer sans devoir entreprendre des travaux d’envergure et vérifier une fois pour toutes s’il y a ou pas quelque chose là.
Qu’attendriez-vous d’une telle découverte ?
Si on découvre les restes du saint, ce sera un fameux stimulant pour Saint-Hubert ; une nouvelle formidable pour l’essor de notre ville. Je ne cache pas que cela permettrait de développer du commerce et du tourisme. On encouragerait les négoces de niche et de qualité pour garder le touriste en ville. Ce qui n’est pas trop le cas aujourd’hui parce qu’on entend parfois des visiteurs, qui viennent de parcourir la basilique, dire qu’il n’y a rien d’autre à faire. C’est dommage. Une telle découverte, si elle est possible, va faire se développer l’offre commerciale et horeca pour ces touristes. En même temps, ça ferait aussi avancer le dossier du palais abbatial.
Pensez-vous sincèrement qu’on trouvera saint Hubert à l’endroit indiqué par M. Gruslin ?
Pourquoi pas ? Je répète que la Ville est prête à collaborer pour vérifier ce qu’il avance. Mais je croise les doigts, c’est certain.
"Un chasseur affirme devoir la vie à saint Hubert qui l’a protégé d’une balle perdue"
"Ce que l’étude de Richard Gruslin avance est su depuis des années. J’ai vu le bourgmestre lundi soir et il est d’accord pour se lancer dans un sondage encadré par des scientifiques. L’idéal serait de travailler avec une université", dit d’emblée le doyen et chanoine de Saint-Hubert, Philippe Goosse. Cela fait 10 à 12 ans qu’il se passionne pour le saint. Il rapporte cette anecdote ; celle d’un chasseur français qui affirme devoir la vie à saint Hubert: "Il m’a raconté que lors d’une chasse, une balle perdue l’a percuté à la poitrine et qu’elle a ricoché sur la petite médaille de saint Hubert qu’il portait sur lui. Cela en dit long sur le culte que certains vouent à ce saint. Si on retrouvait les restes de saint Hubert, cela réveillerait les anciennes racines chrétiennes de l’Europe", avance encore le doyen.
Vers 1800, un moine dit s’être recueilli à la basilique, devant les restes de saint Hubert, après être passé par un escalier secret !
Il a, lui aussi, lu les déclarations des Huguenots qui, en 1568, claironnaient avoir brûlé le corps de saint Hubert et qu’il ne restait plus rien: "Oui, en effet, mais comment se fait-il alors qu’après ces événements, les moines ont vendu la châsse du saint pour payer des travaux de réparations à l’église ? Tout cela est attesté par les archives. Si la châsse a été vendue, c’est qu’elle n’avait pas été abîmée. Si elle a été épargnée, raison de plus pour penser que les restes de saint Hubert aussi, non ? Toutefois, je reste prudent, même si je crois que cette fois-ci, c’est la bonne", ajoute le doyen qui réclamait des preuves scientifiques depuis 5 à 6 ans "pour ne pas se faire passer pour des hurluberlus. Certains sont allés creuser voici quelques années. Le hic, c’est qu’ils se sont trompés de sacristie. Ils ont percé un trou dans le local principal, alors qu’il devait creuser dans la sacristie des enfants, appelée aussi le local aux bougies auquel fait référence M. Gruslin aujourd'hui", précise le prêtre.
Il évoque les dires d’un chercheur, voici quelques années, qui affirmait être allé enquêter au Vatican, où il a eu en main un document selon lequel un religieux, peu après la Révolution Française, après le départ des moines, vers 1800, s’est introduit dans la basilique par un passage secret pour aller se recueillir sur les restes de saint Hubert. " Si ce document est authentique, c’est la preuve que le corps n’a pas été brûlé ou profané par les Huguenots au XVIe siècle ni par les révolutionnaires français. Je serai content quand on pourra vérifier tout ça et, s’il n’y a rien, on fermera cette piste définitivement", plaide le doyen.
Et qu’en pense l’évêché de Namur ? "Mgr Warin suit le dossier de près, tout comme Mgr Delville, l’évêque de Liège et le père abbé de Maredsous, Bernard Lorent", conclut le doyen.