Un bar à soupe solidaire, rue Grande
La prochaine ouverture d’un bar à soupe soulève les objections des commerçants et des autorités communales.
- Publié le 14-11-2012 à 07h00
Un bar à soupe a-t-il le droit d'exister, rue Grande? Oui, certainement, disent les commerçants. Un bar à soupe solidaire pour ne pas dire populaire, non! Quelle différence y a-t-il entre les deux appellations? Le premier relève du privé et est un commerce comme un autre, il y en a à Namur, Liège, Bruxelles… Le second relève plutôt de la générosité publique et est à destination de personnes précarisées, touchées par la crise, seules, à faibles moyens, en quête de convivialité… Ce genre de commerce est moins bien accepté. Il rencontre même de l'opposition. Tant chez les commerçants qui en seront voisins et évoquent la crise, les difficultés nées des travaux à Dinant, qu'à l'hôtel de ville. «On ne cautionne pas du tout», nous a dit le bourgmestre de Dinant, un peu ennuyé par ce bar à soupe dans lequel on retrouve la gestionnaire de l'Agence communale de développement local (ADL). On estime en de nombreux lieux que ce n'est pas sa place. «Cela va même, dit-on, à l'encontre de ses responsabilités dans cette agence.»
Un droit pour tout le monde
MmeThérèse de Biourge, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, ne l'entend pas de cette oreille. L'ASBL à laquelle elle appartient (ainsi que son époux) est couverte par le fonds de pauvreté de la Fondation Roi Baudouin. Elle ouvrira les portes de son bar à soupe d'ici le 1er décembre. À deux pas de la collégiale et de l'hôtel de ville, dans les anciens locaux d'un traiteur. À l'objection en rapport avec sa fonction, Mmede Biourge rétorque: «C'est une ASBL à titre privé qui va occuper un lieu vide depuis deux ans et demi. Elle vise la mixité de la société. Nous allons y fonctionner avec des bénévoles, du lundi au vendredi, entre 11het 17 h. C'est une animation nécessaire dans le centre commercial de Dinant et l'endroit sera mieux entretenu qu'actuellement. On y servira, moyennant contribution solidaire minime – une tirelire rassemblera aussi les dons éventuels – de la soupe, du thé, du café et du chocolat chaud. Pas de boisson alcoolisée. Et les personnes qui se présenteraient sous influence seront rejetées. Si le bourgmestre a une certaine vision des choses, nous aussi. Le bar accueillera les personnes qui ont perdu leur emploi, qui ont besoin de relations sociales, qui veulent bavarder, se réchauffer… Pourquoi crier haro sur un public précaire, il a aussi le droit de fréquenter le centre-ville… Et s'il y a des personnes qui veulent nous aider, nous accueillons leurs dons avec plaisir.»