Deux ans après la fin de la SPRL "Thierry Boulogne", l'entrepreneur tournaisien connaît de sérieuses difficultés avec sa société actuelle (la SA Cluster Building Construct), laissant par la même occasion dans l'embarras les sept ouvriers et les cinq employés qui travaillent pour lui.
Nous avons tenté de joindre Thierry Boulogne plusieurs fois. En vain. Même pas de boîte vocale pour laisser un message! Ce n'est pas bon signe de la part d'un chef d'entreprise…
Des employés et ouvriers, eux, sont plus prolixes. "La situation semble désespérée, regrette l'un d'eux. On n'est plus payés depuis des mois, et à présent on ne croit plus M.Boulogne quand il nous dit qu'il tente tout pour sauver sa société. Il nous dit chaque fois qu'il va venir avec de l'argent pour payer notre salaire, qu'il aura de nouveaux chantiers… Mais on se lasse d'attendre; après chaque promesse non tenue, il promet encore un paiement plus tard. Et puis on ne le voit plus pendant plusieurs jours. Notre patron est un fantôme".
Plus de téléphone, plus de site internet…
La société de M.Boulogne elle-même est fantomatique. Le téléphone fixe de l'entreprise sonne dans le vide depuis qu'il a été coupé par le fournisseur, et le site internet a été rayé du paysage.
"Cluster Builder Belgium" réalise des habitations en ossatures de bois. La société existe sur papier depuis 2007, mais elle n'est vraiment active que depuis le début de l'année 2010. Elle s'est installée dans un hall loué à la société Evadix, rue Pasquier Grenier. Il y a des mois que le stock de matériaux est au plus bas, que les machines sont à l'arrêt, que le personnel ouvrier est au chômage économique, que les employés sont obligés de se rendre aux bureaux sans avoir de travail à se mettre sous la dent. Comme des fantômes eux aussi…
Des mois que ça dure. Un ouvrier de la ville de Tournai, dont les bâtiments sont situés tout près de la société en question, s'est étonné de notre visite quand nous lui demandions le chemin: "Ah bon, on travaille encore là?"
La plupart du temps, les ouvriers sont en chômage économique; ils ont un peu travaillé au début de l'hiver, mais ils n'ont rien perçu de leur employeur pour ce travail. Quant aux employés, c'est plus grave car eux ne touchent pas de chômage partiel. "Le mois de décembre n'a pas été soldé, on est partis en vacances sans toucher de salaire depuis novembre".
La situation est telle que plusieurs membres du personnel attendent, ni plus ni moins, que le patron aille déposer le bilan de l'entreprise. "Au moins ce sera moins éprouvant psychologiquement, au moins nous toucherons peut-être le chômage, au moins les choses seront claires…"
De source syndicale, le tableau n'est vraiment pas encourageant. Parce que l'entreprise a l'ONSS sur le dos, parce que le loyer du bâtiment n'est plus payé, parce que le carnet de commandes est vide, parce qu'il y a des dettes importantes… "Le plus inquiétant, c'est que rien dans le comportement du patron n'indique qu'il cherche à sauver son entreprise", témoigne un permanent du syndicat socialiste.
Nous avons quand même réussi à poser quelques questions à M.Boulogne en fin de journée, ce vendredi, parce que que nous sommes rendus à son entreprise. Il n'a pas souhaité s'exprimer. "Tout ce que je peux dire, c'est que l'aspect social sera réglé lundi". Sous entendu: le personnel touchera son argent.
Les travailleurs n'y croient pas une seconde. "Il nous a déjà dit qu'il allait recréer une autre société et réengager en son sein une partie du personnel . Quand on lui réclame nos dus, c'est ce qu'il nous jette à la figure: si vous continuez, je mettrai la société en faillite et j'en créerai une autre".
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