INTERVIEW | Jean-Baptiste Guegan: «Je ne veux pas remplacer Johnny»
Depuis la sortie de son album «Puisque c’est écrit», on ne parle que de lui. Sosie vocal de Johnny, Jean-Baptiste Guegan est fier du succès.
Publié le 14-09-2019 à 07h00
«Bonjour!» Si vous fermez les yeux quand Jean-Baptiste Guegan vous salue, vous vous croyez en face de Johnny. Pas physiquement, mais vocalement. Depuis la sortie de son album Puisque c'est écrit le 30 août dernier, les fans du Taulier semblent avoir adoubé celui qui, jusque-là, était connu pour être son sosie vocal, connu voici trois ans encore sous le nom de Johnny Junior. Mais depuis sa victoire l'an dernier dans l'émission La France a un incroyable talent sur M6, il a changé de statut. Devenu n°1 des ventes en France et en Belgique, le Breton doit aussi affronter quelques attaques (lire par ailleurs). Mais il reste zen.
Jean-Baptiste Guegan, vous êtes numéro un en France et en Belgique. Une fierté?
Évidemment. Comment ne peut-on pas être fier de ça? C’est magnifique. Je ne pensais pas que cela allait cartonner à ce point-là.
Quelle est votre relation avec les fans. Cela doit être perturbant. Certains parlent de réincarnation…
Ça, je trouve un peu fort. Mais bon, je ne peux pas aller à l’encontre de ce qu’ils pensent. Je ne fais pas ça pour remplacer Johnny. On ne peut pas le remplacer, ni lui, ni aucun autre artiste. Je fais ça avec amour, sensibilité et humilité.
Vous vous attendiez aussi à autant d’attaques?
Je ne suis au courant de rien. C’est chaque fois les journalistes qui m’en parlent. Mais on me protège. Moins on m’en dit, mieux c’est. Camus ou Laeticia, je ne les connais pas. Je fais ce métier depuis des années. S’il y avait eu un problème, on me l’aurait dit.
Je sais qu’il savait que je chantais, car il aurait dit de moi que j’étais de loin le plus près (sourire).
Vous avez croisé Johnny de son vivant?
Non, jamais. Je n’ai pas eu cette chance. Je sais qu’il savait que je chantais, car il aurait dit de moi que j’étais de loin le plus près (sourire). C’est gentiment dit.
Ce succès qui arrive aujourd’hui, vous pensez que c’est dû à quoi? Au manque de Johnny qui semble énorme?
Oui, je pense qu’il y a de ça. Et puis il y a le phénomène que j’ai étrangement la voix qui ressemble à celle de Johnny.
Quand vous êtes-vous rendu compte de ça?
J’ai découvert Johnny à l’âge de 9 ans, en allant voir un concert à Bercy avec mon père, en 1992. Ensuite, vers 16 ou 17 ans, j’ai commencé à chanter dans un karaoké et ce sont mes amis qui se sont rendu compte de ça. Ensuite, l’animateur de la soirée m’a proposé de travailler avec lui. Et donc je suis resté en Bretagne pendant 17 ans à faire des fêtes de comité d’entreprise, des mariages…
Vous n’aviez pas l’ambition de mener votre propre carrière au niveau professionnel?
Non, tout simplement parce que Johnny était toujours sur scène. On me disait d'ailleurs que tant qu'il était vivant, il ne fallait pas compter percer. Après, j'ai eu la chance de rencontrer mon producteur, Christophe Porquet, qui m'a demandé si je voulais participer à un projet d'hommage à Johnny et trois mois plus tard, il décède. Cela a été un choc, mais cela a aussi fait bouger les choses pour moi. Il y a eu aussi une vieille vidéo de moi qui chante à la Fnac à Rennes qui est ressortie et elle a fait un véritable tabac! Ensuite, il y a eu La France a un incroyable talent et cela a pris une ampleur énorme.
Il ne voulait pas entendre parler de sosie vocal ou physique.
Ensuite vient la rencontre avec Michel Mallory…
Oui, évidemment. C’est quelqu’un de très apprécié des fans de Johnny. La rencontre a été fabuleuse.
Pourtant, il était réticent au départ…
Oui, c’est quelque chose que je peux comprendre. Cinquante ans d’amitié avec Johnny, c’est quand même pas rien. En plus de ça, il ne voulait pas entendre parler de sosie vocal ou physique. Mais quand il a entendu parler du projet et qu’il a compris que c’était sincère, il m’a fait confiance.
Au point de vous donner des chansons qu’il avait écrites pour Johnny…
Il ne me les a pas données, je les lui ai volées (rires). Il m’a dit qu’il n’y a rien de plus beau qu’un artiste qui lui vole ses chansons. Plus sérieusement, j’ai tout de suite adoré les chansons. J’ai choisi celles qui me correspondaient le plus. Je n’ai pas pensé à Johnny quand j’ai fait cet album, loin de là!
Pas sur «Retourner là-bas», qui raconte ce projet que Michel Mallory avait de retourner à Nashville avec Johnny pour enregistrer un nouveau disque…
C’est vrai. On y a réfléchi avec Michel et on a fini par faire cette chanson hommage. L’album entier est un hommage. Mais ce sont aussi des chansons qui parlent de moi.
«Puisque c’est écrit» est une chanson d’amour. Elle s’adresse à qui?
À tout le monde.
Ce qui est troublant, c’est que quand on l’écoute, comme on entend Johnny, on pense immédiatement à Laeticia…
Vous pensez à qui vous voulez… Vous pouvez aussi penser à Nathalie Baye ou Sylvie Vartan. Chacun la prend à sa façon.
Sur le disque, il y a aussi une chanson qui s’appelle «La cité des Bleuets». C’est une cité de Créteil et le portrait que vous en dressez ne donne pas envie de s’y installer. Vous n’allez pas vous faire que des amis…
(rires) C’est vrai, mais j’ai trouvé ça marrant comme chanson. J’adore chanter ce genre de chanson provocatrice.
Elle colle à une période de ma vie où j’ai fait beaucoup de conneries, des excès en tous genres.
Un peu plus loin, il y a «J’arrête demain», qui parle des addictions et des promesses que l’on ne tient pas…
Cela peut correspondre à beaucoup de monde. Moi, elle colle à une période de ma vie où j’ai fait beaucoup de conneries, des excès en tous genres. Quand on dit ‘J’arrête demain’, ça veut souvent dire qu’on arrêtera jamais… C’est très rock’n’roll comme attitude.
L’album se termine par «Square de la Trinité», qui évoque les potes de Johnny, Eddy Mitchell et Jacques Dutronc.
Oui, il fallait aussi que je leur rende hommage. C’est une des chansons que Johnny avait déjà validée auprès de Michel Mallory. Pour la chanter, il a fallu que je me mette dans la peau de Johnny.
Vous avez eu une réaction d’Eddy Mitchell ou de Jacques Dutronc?
Non. Même Michel Mallory n’en a pas eu.
Vous ne les avez pas contactés?
Non! Je suis pour la paix des ménages, je fous la paix aux gens.
Vous parlez de chanson validée par Johnny. Il y en a d’autres sur l’album?
C’est juste le texte, il n’y avait pas de musique. Il en avait choisi certains, mais je ne le savais pas, Michel ne me l’a dit qu’après. Ce sont les textes de Coupable, J’y crois, Vers le Sud et Guitar héros. Moi, je les ai choisies parce qu’elle me plaisait.
On ne vit ça qu’une fois dans sa vie. J’en suis très fier.
Vous êtes allé enregistrer à Nashville. Cela a dû être impressionnant?
Oui. J’ai fait la rencontre de super-musiciens là-bas. c’était extraordinaire. On ne vit ça qu’une fois dans sa vie. J’en suis très fier.
En octobre, vous attaquez une tournée des Zenith. C’est énorme…
Oui. On travaille dessus depuis pas mal de temps. Il y aura des chansons de mon album, d’autres surprises et puis des chansons de Johnny.
Vous allez être sur scène avec des musiciens de Johnny?
J’ai la chance de jouer avec Christophe Dupeu, harmoniciste de Johnny dans les années 90. Il y aura aussi Kako Bessot aux cuivres. Il y aura aussi le bassiste et les choristes de Michel Sardou et le batteur de David Hallyday. On travaille d’arrache-pied. On va raconter une histoire. Ce sera un hommage sur la voie que Johnny a pu nous montrer. Pour la Belgique, le show sera adapté, puisque ce sont de plus petites salles.
Je suis guitariste, mais écrire, ce n’est pas mon truc.
Vous pensez déjà au prochain album?
Pour l’instant non…
Vous n’écrivez pas?
Non, je laisse ça à ceux qui savent le faire. Je suis guitariste, mais écrire, ce n’est pas mon truc.
Vous aimeriez travailler avec qui?
Des bons paroliers, il y en a plein. cela pourrait être Jean-Louis Aubert. Ou d’autres.
Si j’en vends 300 000 je serai déjà très content. Et si je fais plus, je fais plus…
Pour la promo, vous avez accepté d’aller partout?
Je n’ai rien refusé, tout simplement parce que j’ai peur de personne. Tout ce que je dis est sincère.
Vous avez un objectif de vente?
Non… Si j’en vends 300 000 je serai déjà très content. Et si je fais plus, je fais plus… Mais je suis déjà très heureux que cet album fasse plaisir.
Votre entourage, il réagit comment?
Très bien. Ils sont fiers de moi. Comme moi je suis très fier de mon fils de 7 ans qui vient d’être pris dans une école de foot en sport études.
Jean-Baptiste Guegan, «Puisque c’est écrit», Sony Music. En concert le 12/03/20 au Théâtre Royal de Mons et le 13/03/20 au Palais des Beaux-Arts de Charleroi