Les coulisses de Roland-Garros avec Michael, Nova, Toa et Senna : “Je regarde la télévision avec mes buses”
Fauconnier, Michael Vinagre vient chaque matin dès cinq heures à Roland-Garros pour faire fuir les pigeons avec ses rapaces : Nova, Toa et Senna.
- Publié le 09-06-2023 à 11h13
:focal(1495x1005:1505x995)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/LKACDXOF6RCWTGCMP624MHBLYQ.jpg)
Parmi les travailleurs de l’ombre de Roland-Garros, on retrouve Michael Vinagre, Nova, Toa et Senna. Un fauconnier et ses trois buses qui protègent le site de la Porte d’Auteuil d’un envahissement de pigeons et oiseaux divers.
”Nous sommes sur Roland-Garros pour éviter que les pigeons viennent nicher, se reproduire ou s’installent. Le but est de retrouver le moins de fientes dans les installations. Nous sommes là pour effaroucher les pigeons et pas les tuer. Le but est de faire croire aux pigeons que la buse est en permanence sur place. On exécute un simulacre d’attaque et donc les pigeons se sentent en insécurité et vont voir ailleurs. Il suffit que les pigeons voient les buses, les entendent ou se fassent attaquer pour les faire fuir. Nova, Toa et Senna sont des buses de Harris, des buses mexicaines aussi appelées petits aigles du Mexique. C’est un oiseau qui passe un peu partout et qui s’adapte facilement dans des milieux qui ne sont pas spécialement naturels pour lui.”

La journée du quatuor commence dès cinq heures : “Je fais directement intervenir les buses sur le central et on repart vers 8h30. On essaie de surprendre au maximum les oiseaux qui se seraient installés. Chaque journée est différente et cela dépend de ce que les spectateurs vont laisser dans le stade au niveau de la nourriture. Parfois il y a deux pigeons, parfois vingt. Si le stade est bien nettoyé, mon travail est plus simple.”
La demi-finale de Roland-Garros entre Novak Djokovic et Carlos Alcaraz sera diffusée en clair à la télévision ce vendredi"Du vivant sur du vivant, cela reste la meilleure solution"
L’arrivée du toit sur le Chatrier a compliqué la mission de Michael et de ses buses : “On a créé un point haut. Qui dit point haut dit perchoir pour les oiseaux. Donc il y a beaucoup, beaucoup plus d’oiseaux que dans le passé. Et on va en avoir encore plus avec la nouvelle structure du court Suzanne Lenglen. Pendant l’année, on vient sur le site une fois par mois pour réaliser un travail de prévention et éviter des gros problèmes pendant la quinzaine du tournoi.”

Ce travail d’équipe entre l’homme et l’animal est possible grâce à une confiance mutuelle : “Il faut entre quatre et six semaines pour qu’un oiseau prenne confiance en son fauconnier et commence à chasser. Dès la sortie des parents, on l’habitue à notre gant, on installe une relation de confiance pour qu’il accepte de se nourrir au poing. L’oiseau doit se sentir serein et tranquille sur le gant. Pendant les trois premiers mois, je regarde la télévision avec mon gant et la buse en liberté. Elle vient s’installer avec moi, si elle veut. Cette relation permet aussi à ce que la buse ne parte pas et revienne vers moi quand on travaille. Il y a des personnes qui cherchent des solutions technologiques pour faire fuir les pigeons. Mais à mes yeux, du vivant sur du vivant, cela reste la meilleure solution, la plus persuasive, celle où la notion de danger est la plus importante.”