Deux ramasseurs de balle belges à Roland-Garros : “C’est fatigant et stressant mais quelle expérience”
Grâce à un programme lancé par la Fédération française vers les pays francophones, deux ramasseurs de balle belges et leur accompagnant sont à Paris depuis le début des qualifications.
- Publié le 08-06-2023 à 14h08
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Roland-Garros ne serait pas Roland-Garros sans eux. Depuis le début des qualifications, 280 ramasseurs de balle œuvrent sur les Internationaux de France pour permettre aux joueurs d’évoluer dans les meilleures conditions. Parmi eux, cette année, deux Belges, Ayla et Dorian, qui ont profité d’un programme lancé par la Fédération française de tennis en collaboration avec plusieurs pays francophones.
”J’ai suivi une formation à Montpellier avec la Fédération française de tennis pour devenir encadrant de ramasseurs, explique Didier Mercenier, responsable de la section sport-études tennis à l’Ipes de Huy. Après j’ai distillé dans mon établissement la formation aux candidats qui postulaient pour les deux places dévolues à la Belgique. Cette formation a duré deux mois puis on a réalisé une sélection. On a fait des déçus mais il fallait remplir pas mal de conditions. Au niveau scolaire, au niveau du comportement mais aussi au niveau physique et des aptitudes. Il y avait au départ une vingtaine de prétendants nés entre 2007 et 2010. Ceux-ci devaient présenter un bulletin correct car avec les trois semaines d’absence, on ne voulait pas créer un décrochage scolaire. D’autant plus qu’on se rapproche des examens. Roland-Garros ne peut pas être une excuse pour rater son année. Sur le tournoi, c’est difficile de travailler pour l’école mais ils prennent un peu de temps pour se mettre à jour. ”

Les heureux élus après ce parcours seront Ayla et Doryan, tous les deux quatorze ans.
”C’est la première année où il y a un partenariat avec la Belgique, poursuivait celui qui gère une école de tennis à Waremme. Ayla et Doryan, nos deux sélectionnés ont une chance unique et ils s’en rendent compte. Pour remplir leur rôle, il faut posséder de bonnes qualités physiques car pendant trois semaines, ils se lèvent tôt et ils vont se coucher tard. Ensuite, il faut comprendre le tennis. Il faut anticiper de nombreuses choses et se montrer très réactif. Normalement, le partenariat sera reconduit l’année prochaine. Donc j’invite les fans de tennis à venir s’inscrire dans notre établissement. Ils auront alors peut-être une chance de participer à cet événement exceptionnel. ”
Pendant leur séjour sur Roland-Garros, les enfants, qui reçoivent trois tenues complètes, ne sont pas payés mais vivent une expérience folle comme l’explique Ayla : “C’est un tournoi du Grand Chelem qui est vu par des milliers et des milliers de personnes. Comme ramasseur de balle, il ne faut pas faire des bêtises sur les courts, surtout sur les grands terrains. C’est une chance incroyable de participer à cette compétition. En France, il y avait 5000 candidats et au final il y a eu 280 sélectionnés. Je voulais absolument vivre cette expérience car je n’étais jamais venue à Roland-Garros, même comme spectatrice. Ramasseur de balle, c’est bien mieux que spectatrice.”

Et cela même si les journées sont bien remplies et parfois stressante : “On arrive sur le site vers 9h, 9h30. On participe au réveil du stade où tous les ramasseurs de balle chantent dans les allées. Puis on réalise un débriefing de la veille avant de partir, chacun, sur notre terrain. On prend notre matériel et on prépare le terrain. Chaque rotation sur un court dure entre 30 et 45 minutes. En moyenne, on travaille sur quatre matchs par jour. Cela dépend aussi de la longueur des rencontres. Cela demande une grande concentration, si on est un peu distrait, il n’y a plus rien qui va. Au début je stressais beaucoup puis de moins en moins au fil des jours.”
Doryan nous explique, lui, les qualités d’un bon ball boy : “La rapidité, être dynamique, anticiper les événements et posséder un bon roulé quand on fait circuler les balles. Quand on est au fond, on voit mieux les matchs et on les vit plus. Si tu es au filet, tu vois moins. On est six ramasseurs de balles sur un court. Il y en a quatre au fond dans les coins et deux au filet. C’est impressionnant de voir des matchs d’aussi près.”
L’objectif de chacun étant, comme les joueurs, d’aller au bout du tournoi : “On est chaque jour évalué sur dix, poursuit Ayla. Si tu as des bonnes notes, tu as plus de chances de te retrouver en demi-finale ou en finale sur un grand court. En plus des gestes techniques, nous sommes notés sur l’esprit d’équipe et notre comportement en dehors des courts. On doit gérer les habitudes des joueurs. Certains ne prennent qu’une seule balle pour servir et il faut leur lancer une seconde s’ils ratent. D’autres veulent absolument que la balle rebondisse au sol quand on leur donne.”
Tout cela sans tomber sous le stress produit par l’ambiance dans les stades : “J’étais présente sur le court Simonne-Mathieu quand David Goffin a joué, concluait Ayla. L’ambiance était impressionnante mais quelle joie.”