Tibo Colson ou le chemin de la résilience
À bientôt 23 ans, le Limbourgeois commence seulement à faire parler de lui sur le circuit professionnel. La faute à de sérieux pépins physiques.
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- Publié le 07-04-2023 à 12h58
- Mis à jour le 07-04-2023 à 13h31
Considéré comme un grand espoir du tennis belge il y a quelques années, Tibo Colson est en train de confirmer tout le bien que l’on pensait de lui à l’époque.
Vainqueur du 15 000 dollars de Maputo (Mozambique) en octobre dernier, ce qui constituait son tout premier titre sur le circuit professionnel, le natif de Genk ne cesse de prendre du galon. En attestent sa récente demi-finale lors du 25 000 dollars de Trnava (Slovaquie) la semaine passée et les points ATP qu’il grappille petit à petit. Lundi prochain, Colson atteindra d’ailleurs la 577e place mondiale. À bientôt 23 ans, qu’il fêtera le 12 juillet, c’est tout simplement sa meilleure position jamais atteinte. Mais comment expliquer une percée si tardive pour un joueur dont tout le monde s’accordait à dire qu’il était pétri de talent ? Un seul mot : blessures.
L’actuel neuvième Belge dans la hiérarchie a vécu des moments très délicats dans sa jeune carrière en raison de soucis aux genoux survenus dès l’âge de 17 ans. Pendant une année, le Belge a essayé toutes sortes de traitements, en vain. Jusqu’à une consultation auprès d’un spécialiste, le Pr Bellemans. “Il m’a dit que mes genoux étaient pires que ceux de Rafael Nadal. Et vous savez à quel point ils sont mauvais”, commentait Tibo Colson dans une interview, fin 2020, auprès de la plateforme web Tennisplaza.
Opéré en mars 2018, le jeune joueur a été écarté des courts durant cinq mois. Il a ensuite dû composer avec des douleurs aux tibias et un certain Covid-19 qui lui a mis pas mal de bâtons dans les roues… De 2017 à août 2021, son calendrier international est quasiment vierge : seulement sept tournois Futures dont cinq sur les seuls premiers mois de l'année 2021. Ce n'est qu'à partir de septembre qu'il pourra enfin enchaîner les compétitions. Son premier point ATP tombera d'ailleurs ce même mois, à Jonkoping (Suède). Classé 2 086e au classement ATP dans la foulée, il est aujourd’hui à quelques jours d’intégrer le Top 600. “Comparés à des joueurs comme Botic, Lestienne ou Cressy, les points de passage de Tibo ont été plus rapides”, relève son ancien entraîneur Bertrand Tinck, à l’époque où ils collaboraient au sein de Tennis Vlaanderen.
Bianca Andreescu forfait pour le duel face à la Belgique en Billie Jean King Cup, remplacée par Katherine SebovUn laser utilisé sur des… chevaux
Aujourd’hui, les problèmes aux genoux sont derrière lui mais Tibo Colson souffre toujours des tibias. Pour contrôler au mieux la douleur, qui peut être plus ou moins importante en fonction de l’intensité de la charge physique, il a recours à une technologie laser utilisée par un centre médical hollandais sur les chevaux. Un laser dont Zizou Bergs a également tiré profit en février dernier, pour soigner une tendinite chronique couplée à une déchirure de 5 millimètres au tendon rotulien de son genou gauche.
Son sérieux à l’entraînement et sa bonne hygiène de vie, y compris dans sa manière de se soigner, permettent désormais à Tibo Colson d’envisager un avenir plus radieux que ce qu’il a vécu jusqu’ici. “Je ne me fixe pas d’objectifs précis”, nous expliquait le grand gaillard d’1m96 lorsque nous l’avions rencontré à l’occasion du BW Open de Louvain-la-Neuve en janvier. “Ce que je souhaite, c’est y aller match par match et pouvoir disputer une saison complète sans pépin.”
“Vu sa taille, Tibo a un très bon service, même s’il peut encore l’améliorer bien sûr. Il a un bon rythme, un bon timing et une bonne coordination. Au niveau de ses qualités physiques, c’est un joueur assez vif et rapide, reprend l’entraîneur nivellois. Vif, son œil l’est également. En fait, il a toutes les qualités dans son jeu pour encore évoluer et progresser. Là où il peut encore faire mieux, c’est dans son jeu offensif. Il doit oser jouer plus vers l’avant et venir conclure ses points au filet. Mais il ne lui manque aucune aptitude qui pourrait être un frein dans sa progression.”
La seule interrogation, c’est la résistance de son corps aux soucis physiques. “Si on regarde le nombre de tournois qu’il a disputés et l’enchaînement des matchs ces derniers temps, il y a une progression mais ça reste sans doute trop peu pour atteindre le Top 200. Pour l’instant, je pense que c’est encore compliqué pour lui d’enchaîner tableaux de simple et de double la même semaine. L’intensité est différente sur le circuit Challenger que dans les tournois Futures. Ceci dit, tant que lui garde cette résilience et qu’il continue à y croire, il n’y a pas de raison qu’il n’évolue pas.”

Passionné par la NBA
Bertrand Tinck a longuement côtoyé Tibo Colson, sur et en dehors des courts, durant six années. “Je l’adore, en tant qu’être humain il n’y a pas mieux, nous dit-il. C’était un plaisir de travailler avec lui. J’étais à ses côtés lorsqu’il a remporté le tournoi de Maputo, c’était émouvant, on était tous les deux en larmes. Il a des valeurs extraordinaires, ses parents aussi. Il peut paraître réservé quand on ne le connaît pas mais c’est vraiment un mec en or.”
Un passionné de basket-ball également. “Il ne va pas forcément regarder du tennis à la télé mais la NBA par contre… Il suit un nombre de matchs hallucinant. Il lit aussi énormément, principalement depuis le Covid. Sur des gens qui ont eu un parcours différent des autres, pas uniquement dans le domaine du sport, qui ont montré une force psychologique et mentale hors norme.”
De quoi l’inspirer pour franchir de nouveaux paliers.
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