À peine lancé, le procès des matches de tennis truqués est suspendu
À peine ouvert vendredi matin, le procès de 28 personnes - dont sept joueurs belges - poursuivies pour avoir truqué des centaines de matches de tennis a été suspendu quelques heures plus tard.
Publié le 17-03-2023 à 22h02
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La défense dénonçant un dossier "poubelle" marqué par des pièces manquantes, incomplètes et inaccessible, le tribunal correctionnel d'Audenarde a décidé de rendre vendredi prochain un jugement interlocutoire.
Dans cette affaire, un réseau international aurait empoché d'importants gains de paris en truquant au moins 375 matches de tennis de plus petits tournois, où aucune caméra ne filme généralement les rencontres. L'enquête a ainsi révélé qu'entre 2014 et 2018, une bande arméno-belge aurait activement soudoyé des joueurs de tennis professionnels pour perdre un match, un set ou un jeu, et se conformer de la sorte (moyennant paiement) à un résultat fixé à l'avance.
Les suspects ont presque tous le même profil : sans revenus ni travail, leurs finances étaient au plus bas. Parmi les sept joueurs belges poursuivis se trouve Arthur De Greef, qui fut en son temps le 3e meilleur joueur belge mondial. Celui qui est passé pro en 2010 à l'âge de 18 ans avait notamment défendu les couleurs belges en Coupe Davis. Il avait mis un terme à sa carrière début 2021. Participant à des tournois faiblement dotés, mais nécessitant d'engager beaucoup de frais (billets d'avion, hôtel), ces professionnels étaient vus comme des cibles faciles par les corrupteurs présumés.
Parmi les prévenus, un Arménien de 32 ans arrêté à Bruxelles en juin 2018, Grigor S., est soupçonné d'avoir orchestré cette fraude qui s'étend, outre la Belgique, en France, Bulgarie, Slovaquie, Allemagne, aux Pays-Bas et aux États-Unis selon le parquet. L'homme était en contact avec "un réseau international de 181 joueurs", dans le but de "manipuler des matches", d'après l'accusation.
Vendredi, dès l'entame de l'audience, un avocat de la défense a demandé un jugement interlocutoire, soit un jugement qui, avant de statuer sur le fond, ordonne des mesures propres à compléter l'instruction. "Cette affaire n'est pas en état" d'être jugée, a lancé Me Walter Van Steenbrugge, qui représente trois joueurs. "Certaines pièces du dossier ne sont pas inventoriées ou sont manquantes. C'est le fouillis (...) je n'ai jamais vu ça", a poursuivi le pénaliste, qui a demandé au tribunal d'ordonner l'inventaire du dossier. "Cela devrait être possible en six semaines. Ou bien vous pouvez décider de l'irrecevabilité des poursuites", libérant de facto l'ensemble des suspects, a-t-il plaidé.
Également à la défense, Me Thomas Gillis a abondé : "les traductions ne sont pas fiables et les déclarations d'origine introuvables".
De son côté, la Fédération internationale de tennis, partie civile dans ce procès, a balayé ces arguments, estimant que les avocats de la défense s'étaient mal préparés.
Elle s'opposait à tout report. Toutefois, le tribunal a finalement décidé de rendre vendredi prochain un jugement interlocutoire. Le président n'était pas en mesure de préciser si le fond de l'affaire pourrait alors être enfin abordé.