Décryptage : est-ce la saison de trop pour Rafael Nadal ?
Éliminé au deuxième tour et victime d’une nouvelle blessure, à la hanche cette fois, l’Espagnol semble atteint psychologiquement.
Publié le 18-01-2023 à 17h14
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Arrivé à Melbourne avec deux défaites en United Cup dans les jambes, Rafael Nadal (ATP 2) n’a pas pu poursuivre sur sa lancée du premier tour. Ce mercredi, l’Espagnol a été sorti du tableau par l’Américain Mackenzie McDonald (ATP 65).
Au-delà de cette défaite en trois manches (4-6, 4-6, 5-7), c'est sa blessure encourue à la hanche gauche qui inquiète. Dans le deuxième set, au bout d’une course, l’Espagnol s’est mis à grimacer. Terriblement gêné dans ses déplacements et dans ses frappes, il a été contraint de faire appel au physiothérapeute avant de quitter le court pour recevoir un traitement. Malheureusement, la messe était dite. Mais Rafa, tenant du titre dans cet Australian Open et fidèle à lui-même, n’a pas voulu abandonner.
No está bien Rafa 😟😟
— Eurosport.es (@Eurosport_ES) January 18, 2023
Seria preocupación por su estado físico#AusOpen #AusOpenEurosport pic.twitter.com/opT60FznjB
Cette blessure, une de plus, relance inévitablement le débat sur sa fin de carrière. Avec une question : et si cette saison 2023 était celle de trop ?
Comme on peut le voir sur l’illustration ci-jointe, le Majorquin a connu de nombreuses blessures durant sa carrière. Mais celles-ci n’ont sans doute jamais été aussi rapprochées dans le temps. Les côtes à Indian Wells 2022, le pied à Roland-Garros 2022 malgré sa victoire finale, les abdominaux à Wimbledon 2022 et donc, désormais, la hanche à l’Australian Open 2023.
C’est simple, l’Espagnol a eu des difficultés dans tous ses derniers tournois du Grand Chelem ! Son corps entier semble vouloir lui envoyer un signal. Ce qui marque également, c’est la diversité de ses pépins. Il ne se bat pas seulement contre le syndrome de Müller-Weiss qui le touche depuis 2005 (une maladie chronique qui se traduit par une nécrose osseuse de son pied gauche), c’est tout son organisme qui souffre.

“Le verre se remplit et l’eau peut en sortir”
On le voit, ses problèmes ne datent pas d’hier. Voilà quelques saisons que Rafael Nadal est régulièrement touché par des soucis physiques, luttant pour revenir, à chaque fois, au plus haut niveau. Mais s’il a toujours su rebondir avec succès, Rafael Nadal semble cette fois atteint sur le plan mental. Un constat qui se lit dans ses déclarations et qui tranche avec ses sorties médiatiques habituelles. “C’est un jour difficile, une blessure de plus, un moment dur de plus. Je ne vais pas mentir et dire que je ne suis pas mentalement détruit en ce moment, car c’est le cas. Je n’ai jamais été en mesure de me plaindre, la vie m’a donné tellement de choses positives que je n’ai pas le droit de le faire. Cependant, force est de constater qu’il se passe des choses, le verre se remplit et il arrive un moment où l’eau peut sortir.”
Peut-être, le lauréat de 22 titres en Grand Chelem sent-il que ses mois sur les courts sont comptés ? La retraite de son éternel rival et ami Roger Federer, touché au genou, n’a pas dû l’aider au niveau psychologique.
Au sein même du circuit professionnel, certains joueurs pensent d’ailleurs que Rafa dispute ses derniers tournois. Alexander Zverev (ATP 13) en tête. “Je ne sais pas ce qui peut se passer mais, je pense, qu’il va encore disputer un grand tournoi, potentiellement le gagner et faire ses adieux”, a déclaré l’Allemand à Eurosport. L’intéressé a nié. “J’ai une très bonne relation avec Zverev, mais pas assez pour lui avouer quelque chose comme ça, a-t-il souligné en conférence de presse il y a quelques jours à Melbourne. La réalité est que je suis ici pour jouer au tennis, essayer d’avoir une belle année 2023 et me battre pour tout ce que j’ai lutté tout au long de ma carrière. Je ne pense pas à ma retraite.”
À moins que cette énième lésion soit celle de trop ? Le joueur de 36 ans devait passer des examens afin d’en savoir plus sur la gravité de sa blessure. “Je suis fatigué, je suis triste, je suis déçu. À partir de là, je suppose que nous prendrons des décisions adéquates quand nous en saurons plus, parce que ce que je veux, c’est pouvoir continuer de jouer au tennis.”
Son épouse Xisca, présente dans les tribunes de la Rod Laver Arena, n’a pas pu retenir ses larmes. Comme si elle savait, consciente de tout le travail et des sacrifices effectués, que ces prochaines semaines seront difficiles pour l’Espagnol. Peut-être aussi déterminantes pour le futur de son époux. Ce dernier semble prêt à les affronter, même s’il reste mesuré et espère que sa blessure ne le tiendra pas trop longtemps éloigné des terrains. “Il n’y a pas que la récupération, il y a aussi tout le volume de travail qu’il faut fournir pour retrouver un niveau acceptable. Je suis passé par là trop de fois dans ma carrière… Je pense être encore capable de le faire, mais ce n’est pas facile.”
En attendant, c’est un redoutable adversaire de moins pour Novak Djokovic. Opposé ce jeudi matin (pas avant 9 h en Belgique) au Français Enzo Couacaud (ATP 191), le Serbe (ATP 5) peut remporter son 22e tournoi du Grand Chelem et ainsi égaler le record détenu par le Majorquin.