Nadal-Djokovic: le plus grand clasico de l’histoire ce mardi soir à Roland-Garros
En 2006, un inconnu 60e mondial, Novak Djokovic, défiait Rafael Nadal. Tout le monde ignorait que la plus grande rivalité de l’ère Open venait de naître.
- Publié le 31-05-2022 à 06h32
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Le sport se nourrit des plus grandes rivalités. Que serait McEnroe sans Borg ou Sampras sans Agassi? Celle de Nadal et de Djokovic est unique. Même Roger Federer ne rivalise pas sur ce terrain. Le Suisse n’a affronté "qu’à" 50 reprises le Serbe et 40 reprises l’Espagnol. Mardi, le court Philippe Chatrier sera-t-il Djokosmique ou Nadalesque?
L’histoire de cet antagonisme remonte à 2006… à Roland-Garros. Djoko n’était que le 60e joueur mondial, mais il s’était hissé en quarts de finale. Nadal était déjà le dauphin de Federer. Le match était loin d’être entré dans la légende. Nole avait abandonné après la perte des deux premiers sets.
Depuis ce triste jour, ils se sont affrontés à 9 reprises à la Porte d’Auteuil. Neuf matchs, neuf histoires, neuf films différents. L’happy end tombait souvent du côté de Rafa sauf en 2015 et 2021. Mais, le plus beau scénario a été écrit en 2013. Sur le central, personne n’a oublié cette demi-finale épique où Rafa a eu besoin de gagner 9 jeux dans la manche décisive.
Ce match a été le théâtre d’un point iconique. Novak Djokovic avait pris l’ascendant sur l’Espagnol depuis deux ans. D’ailleurs, Djoko avait fait le break (4-3) dans le cinquième set. Il était sur le point de provoquer un séisme dans tout Paris. La tension était maximale. À 40-40 sur son service, Djoko commet une boulette historique: emporté par son élan sur un smash après une remise désespérée de Nadal, celui qui est alors numéro 3 mondial heurtait le filet et perdait le point. Sur la balle de débreak suivante, il partait à la faute en coup droit sur son deuxième coup de raquette. Le Serbe s’est finalement incliné (6-4, 3-6, 6-1, 6-7, 9-7). Les deux géants restent des humains.
En 16 ans, Nadal et Djoko en ont vu de toutes les couleurs. Leurs fans aussi. Djoko avait été intouchable en 2011 avec 7 succès de rang contre son meilleur ennemi tout comme en 2015 et 2016.
Depuis presque un an, les deux légendes s’observent à distance. Leur dernier chapitre remonte à cette demi-finale à Roland-Garros le 11 juin. Djoko, qui avait été aidé par la blessure au pied de Rafa, était si souverain que les médias commençaient à évoquer le fameux Chelem calendaire. Un rêve qui s’envolera en finale de l’US Open.
Pas de réelle amitié entre les deux hommes
Par un hasard incroyable du calendrier, Nadal et Djokovic ont connu leurs moments de gloire en alternance quand l’autre était absent. À l’US Open pour Djokovic. À Melbourne pour Nadal. Les 20 victoires de rang du Majorquin en début de campagne 2022 auraient été remarquables s’il avait ajouté le nom de Djokovic dans la liste de ses victimes. Le Serbe purgeait sa peine pour avoir refusé le vaccin.
Novak Djokovic n’avait pas manqué de féliciter son rival historique au soir de son succès à Melbourne: "Bravo pour ton 21e Grand Chelem. Incroyable accomplissement. Ton fighting spirit toujours impressionnant l’a emporté une fois encore. Enhorabuena (NDLR: félicitations)."
Les mots sont sincères, mais les deux hommes n’ont jamais noué une réelle amitié. Ils se respectent. Tout au plus.
"Difficile d’être amis, expliquait Novak Djokovic. Nous sommes d’abord rivaux."
Il rajoute toutefois qu’il y a "un grand respect mutuel" .
Rafael Nadal souligne plutôt les liens construits au fil du temps avec Roger Federer. "C’est vrai que j’ai partagé davantage de moments et passé davantage de temps avec Federer qu’avec Djokovic. Mais j’ai des bonnes relations avec les deux joueurs. Nous avons su construire cela entre nous."
Le temps a fait son œuvre. Rafa et Nole ont appris à se rapprocher. "À mesure que les années passent, notre relation ne cesse de s’améliorer" , a précisé le Majorquin.
Ce lien s’éclipsera le temps d’une soirée de folie à Roland-Garros. Le temps sera même suspendu. Rien ne pourra gâcher l’instant. Ni le Covid ni la pluie. Un an. Il a fallu un an de patience aux nostalgiques du Big Three.
Au fil des ans, la crainte de vivre le dernier chapitre entre ces deux titans ne cesse de grandir. Nadal n’a pas caché qu’il disputait peut-être son dernier match à la Porte d’Auteuil. À 35 ans, Djoko semble avoir encore un peu de temps.
Mais, les occasions de briller en Grand-Chelem se raréfient. Ce Roland 2022 pourrait marquer un énième et pourquoi pas ultime virage dans la course au titre de Greatest of all time (meilleur de tous les temps). Alors, on vit chaque match comme si c’était le dernier. Quant à savoir quel sera le relief de ce 59e affrontement, la réponse fuse avant la première balle: historique! La guerre des déclarations avait démarré dès dimanche.
"Je suis content de ne pas avoir passé trop de temps sur le court jusqu’en quarts de finale, sachant que jouer Rafael à Roland-Garros est toujours une bataille physique" , précisait Novak Djokvic qui est resté 8h21 sur les terrains pour battre Nishioka, Molcan, Bedene et Schwartzman.
Quant à Rafael Nadal, il perd l’avantage sur ce coup. Lui, il a été condamné à des heures sup’. Il a eu besoin de 10h52 pour battre Thompson, Moutet, van de Zandschulp et Auger-Aliassime. "Je n’ai pas eu de test récemment contre lui. Je n’ai pas joué ce genre de match au cours des trois derniers mois. Donc, ce sera un grand défi pour moi. J’ai encore traversé une période difficile avec mon pied. Je ne sais pas ce qui peut se passer dans un avenir proche avec ma carrière. C’est pourquoi j’essaie juste de profiter autant que possible et de me battre autant que je peux pour continuer à vivre le rêve de jouer au tennis."
L’arrogance sportive de l’un; l’humilité de l’autre. Un autre fil rouge de 16 ans de rivalité. Paris servira de juge de paix car le tirage au sort avait rendu plus que probable ce clasico. Enfin!