Mathieu Blanchard, 3e du Marathon des Sables : “J’apprends à dire 'non' sinon je me fais tuer”

L’ultratraileur Mathieu Blanchard, ancien participant à Koh-Lanta, est la nouvelle star de la course nature. Le Franco-canadien, 2e de l'UTMB 2022 derrière Kilian Jornet, nous parle de cette course folle et de ses projets à venir.

French runner Mathieu Blanchard celebrates with a French flag after taking 3rd place in stage 5 of the 37th edition of the Marathon des Sables between Jdaid and Kourci Dial Zaid in the Moroccan Sahara desert, near Merzouga central Morocco, on April 28, 2023. - The 37th edition of the marathon is a live stage 250 kilometres race through a formidable landscape in one of the world's most inhospitable climates. (Photo by JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP)
Mathieu Blanchard a terminé 3e de ce Marathon des Sables. (Photo by JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP) ©AFP or licensors

Mathieu Blanchard, qu’est-ce qui vous a conduit à participer, une seconde fois, à ce Marathon des Sables ?

C’est une course qui fait partie des courses mythiques dans le monde des courses nature. Il y a l’UTMB, la Diagonale des Fous, la Hard Rock, La Western et le MDS. C’est pour ça que je suis venu en 2021 sur cette course qui fait rêver. Le MDS, une fois, ça suffit. Mais sur la longue étape, en 2021, je suis tombé malade : ça a été la course la plus dure de toute ma vie. Je suis quand même allé au bout mais j’ai quitté le MDS avec une petite amertume. Et je m’étais dit que j’y reviendrais en mode performance.

Où se situe alors la différence avec les coureurs marocains ?

La triche… (dit-il avec un sourire malicieux. Rachid El Morabity, nonuple vainqueur du MDS, a écopé de 3 h de pénalité suite à une assistance extérieure). Même s’ils ne trichaient pas, ils seraient meilleurs que nous quand même.

C’est surtout qu’ils s’entraînent ici, qu’ils habitent ici. Aziz (Yachou), il m’a dit que, tous les mercredis, il fait 60-70 km dans le désert. Rachid, tu le vois partir, c’est sans lunettes et casquette. Toi, tu fais ça, tu finis avec une double conjonctivite et la tête brûlée. Ce sont les seuls qui traversent tout le camp pieds nus même quand le sol est bouillant. Et puis, il y a le sable : quand c’est plat sur le dur, je suis pareil qu’eux, on est dans le même niveau cardiovasculaire, je les entends respirer. Mais, dès qu’on est dans le sable mou, c’est fini.

Autre différence, je fais 70 kilos, ils en font 50. Sur le sable, ça fait beaucoup.

Vous aimez cette course, vous y prenez du plaisir ?

C’est haine et amour. Là, je me dis que ce n’est pas tout de suite que je vais revenir le faire parce que ça tue l’organisme d’enchaîner des 35 – 90 km dans de telles chaleurs. Ce n’est pas normal, ce n’est pas santé. L’ultratrail, si tu gères bien tes charges d’entraînements, ton sommeil et ta nutrition, ça peut être ultra santé. Mais le Marathon des Sables, ce n’est pas ça : tu dors mal, tu manges mal, tu cours dans des températures extrêmes. Ca ne m’était quasiment jamais arrivé mais, lors de l’étape 3, j’ai pissé du sang. Ca montre que le corps, il prend tarif. Mais le côté “amour”, c’est le camp. Tu passes du temps avec d’autres personnes. C’est précieux.

Depuis votre UTMB 2022 et cette 2e place derrière Jornet, vous avez pris une notoriété supplémentaire. Quelle est votre vie sportive depuis ?

Je la découvre, cette vie. Je m’entoure aussi. Avant, j’essayais de faire tout seul ; maintenant, j’ai un agent. J’apprends à dire non aussi sinon je me fais tuer. Quand j’ouvre mes réseaux sociaux, j’ai à peu près 50 000 notifications par jour. Et ça peut être 10 000 messages qui rentrent par semaine. J’essaye de ne jamais oublier l’essentiel qui est de m’entraîner en montagne.

Il faut aussi gérer la pression sur la ligne de départ. Au départ de ce MDS, il y a bien 50 personnes qui m’ont dit : ‘alors Mathieu, tu vas gagner ? ‘. C’est insupportable… Il faut trouver un équilibre entre s’isoler et jouer le jeu.

C’est aussi une satisfaction d’être reconnu pour vos qualités sportives plutôt qu’en tant qu’ancien participant de Koh-Lanta ?

Complètement. Je suis totalement flatté. Quand les gens viennent pour me demander une signature, c’est en me disant : ‘je t’ai vu à l’UTMB’. Je ne renie pas l’émission de téléréalité dans ma vie mais c’est un moment éphémère qui a duré maximum trois mois.

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