Trail et aventure | le Marathon des Sables raconté par Christophe Thomas, triple finisher: "Le temps passe relativement vite dans le désert"
Qu’est-ce qui fait que ce trail est aussi magique ? Est-ce plus difficile qu’un trail en montagne ? Qu’est-ce qui manque au quotidien ? Christophe Thomas, triple finisher du Marathon des Sables, raconte ses aventures.
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- Publié le 18-04-2023 à 06h30
- Mis à jour le 19-04-2023 à 12h33
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1 263 concurrents sont attendus au départ du 37e Marathon des Sables dont le départ de la première étape est prévu ce dimanche 23 avril. 63 % du peloton est composé de novices. On a ainsi demandé à Christophe Thomas, trailer bruxellois et patron des magasins Trakks, qui a couru le MDS à trois reprises de nous expliquer cette épreuve.
Christophe Thomas, qu’est-ce qui vous a décidé à courir votre premier Marathon des Sables ?
C’était en 2012, la marque WAA voulait composer une équipe et avoir un coureur plus orienté sur les tests de produit. J’ai eu deux semaines pour me décider… J’avais déjà entendu parler du Marathon des Sables mais je n’y avais jamais pensé plus que ça. Ce qui m’a motivé, c’est la différence de la course et de le faire en équipe.
Ce qui m’a motivé d’y retourner, c’était de développer une équipe liée à mon magasin. Le MDS, c’est vraiment une course d’expérience. La première fois, j’ai emmagasiné de l’expérience qu’on ne peut avoir que sur le Marathon des Sables. J’avais envie de proposer ce partage incroyable à d’autres.
Quand on aime le trail en montagnes, peut-on trouver du plaisir à courir dans le désert et à franchir des dunes ?
Ça n’a strictement rien à voir. Le plaisir que je vais y trouver ne va pas du tout être le même. Pour être honnête, je prends un peu plus de plaisir avec un trail en montagne. Perso, je vais chercher d’autres plaisirs dans le Marathon des Sables. Courir seul en montagnes, c’est exceptionnel. Courir seul dans le désert, c’est tout aussi exceptionnel. L’ambiance du MDS est juste incomparable. Après, on aura des lieux communs comme le dépassement de soi. Sur le ressenti, la sécheresse, les paysages, ce sont des choses très différentes. J’essaye de me préserver de tout comparer à ce que j’ai vécu avant. Et donc, ce n’est pas pour rien que j’y suis allé trois fois.

Qu’est-ce qui est le plus compliqué dans ce type d’épreuve ?
C’est de rester le plus tranquille l’après-midi. C’est de bien récupérer entre les étapes et de bien s’hydrater. Comme il fait très sec, on n’a pas le ressenti de la transpiration et on n’a que le sodium sur soi, des traces blanches et on n’a pas l’impression qu’on transpire et qu’on se déshydrate.
Est-ce plus compliqué qu’un 100 miles en une traite ?
Non, pour moi, c’est beaucoup plus facile. Ma femme hurle chaque fois que je dis que le Marathon des sables, ce n’est pas si difficile. Le plus difficile, c’est de bien s’hydrater, de gérer sa vitesse sur des étapes roulantes car il n’y a pas de dénivelé. Les dunes, c’est très fatigant mais il n’y en a pas tant que ça en kilomètres mais on y passe énormément de temps.
C’est quoi la magie du Marathon des Sables ?
C’est clairement la communauté, l’ambiance sous la tente, le partage… Tout ça au milieu du désert. Le fait de bien déconnecter au milieu du désert. Au fur et à mesure des jours, on se rend compte que le corps est incroyable et qu’on s’acclimate à ce mode de vie. Le dernier jour, je me dis : 'zut, c’est déjà terminé' alors que j’ai appris à vivre à moins et avec peu. C’est aussi le fait de vivre cette communion au sein du désert avec des moments féeriques, émouvants. J’ai gardé des contacts fréquents avec des gens rencontrés même sur la première édition. Y a des liens qui ont été créés dans le désert et ça, c’est magique.
De quoi rêve-t-on quand on se trouve coupé de tout (ou de beaucoup) pendant une semaine ? Boire, manger, une douche, du wifi, la famille ?
Moi, quand je pars sur une course, c’était toujours, de base, ma famille qui me manque très rapidement et beaucoup. Je dois être maso vu le nombre de fois où je pars sur des courses sur une année… Sur le MDS, ce qui manque a tendance à me manquer de moins en moins : le corps s’acclimate de plus en plus. Au début, comme on est déconnecté de ce confort incroyable dans nos vies, on se rend compte que ce confort n’est pas utile. Après, ça n’empêche que la petite surprise de la boisson du jeudi fait bien plaisir. Et, quand on arrive à Ouarzazate, la douche fait du bien et je ne fais que manger pendant deux jours. Le temps passe relativement vite dans le désert car on passe beaucoup de temps à partager avec les autres. Avec le recul, ces manques sont assez relatifs.
