«Les jeunes veulent moins de sensualisation»
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Publié le 11-02-2020 à 06h00
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aut dans le temps.
Avant, dans les pelotons «running», il y avait parfois de l’hyper-féminisation vestimentaire. Shorts moulants, tops dévoilant le nombril, léger maquillage, bijoux… On exagère, mais finalement pas tant que cela. Les femmes étaient apparues en masse dans les courses peu après que Courrèges ait popularisé la minijupe en France (1965). 1968, les périodes «yé-yé», voire «hippies» étaient passées par là.
Depuis quelques années, cela change. Un retour en arrière initié par les principales intéressées. «Les jeunes coureuses à pied ne veulent plus être des poupées Barbie», explique Romy Mey (Salomon), par ailleurs excellente sportive elle-même (crossfit, trail…). «Elles ne veulent plus de la féminisation à outrance de leurs tenues. La jupe, que l'on poussait chez nous, en trail, n'a plus la cote. On en revient en fait vers la tendance unisexe. Et la mentalité a changé aussi: la femme se dit que si elle court, ce n'est pas pour plaire, mais pour faire du sport…»
Chez Salomon, on constate cela aussi, et peut-être surtout, avec les coureuses de trail «élites» qui portent les vêtements de la marque. La dernière lauréate de l'UTMB, l'Américaine Courtney Dauwalter, les Suédoises Mimmi Kotka et Ida Nilsson… font remonter leurs doléances vers la maison-mère avec de plus en plus d'insistance. «Elles veulent de l'unisexe, clairement, insiste Romy Mey. Elles veulent les mêmes produits que ceux des athlètes masculins. Et elles en ont marre du rose. Du coup, chez nous, pour le moment, les femmes ont du rouge, du bleu, mais chaque fois un peu différents que le rouge et le bleu des hommes…»
«De mon côté, je pense que les femmes, comme les hommes d'ailleurs, font de plus en plus attention à ce qu'ils portent, même pour faire du sport, explique pour sa part Marion Blache, responsable de la campagne marketing 2020 axée féminine. Dans nos études consommateurs, c'est souvent le fit et le confort qui ressortent en première attente, suivi de près par le design et le look. Les exigences de ce côté-là sont grandissantes et nous amènent d'ailleurs à revoir nos approches du design. Donc pour moi le côté «être classe» en toutes circonstance reste valide, voire s'accroît, mais par contre, en effet, je ne pense pas que le but soit d'apparaître plus sexy ou sensuelle.»