Du bleu en bas, du bleu en haut, et du vert au milieu
On associe souvent la Martinique aux plages de sable blanc et aux cocotiers. C’est entièrement justifié. Mais cette île des Caraïbes est aussi un formidable terrain de jeu pour traileurs et randonneurs.
Publié le 11-02-2020 à 06h00
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On ne vient pas à la Martinique pour la rando ou pour courir. C’est évident. Face à 350 kilomètres de côtes, avec des plages idylliques, des criques à l’abri des regards et des baies aux eaux turquoise, les 220 km de sentiers ne font pas le poids. Il faut beaucoup de volonté pour chausser ses baskets quand on sait que la température de l’eau est comprise entre 27 et 30 C° toute l’année.
«En Martinique, pour aller marcher, on part à 7 h. Il faut être rentré pour midi, car après, c'est trop chaud» explique Gilles Vicrobeck, le président de la commission sentiers et itinéraires, qui aimerait voir un peu plus d'intérêt pour ses projets. «Vous savez, ici, nous n'avons pas une tradition de montagne. Le week-end, on va se baigner. Ce n'est pas comme sur l'île de la Réunion où il y a très peu de plages. Savez-vous que la plupart des Martiniquais n'ont même jamais été sur la Montagne Pelée, le sommet de leur île?»
Un sentier peut disparaître en 15 jours
Un président qui se réjouit de voir des sportifs du monde entier venir s'attaquer aux reliefs de la Martinique, que ce soit en participant au Raid des Alizés (pages 8 et 9) ou encore pour la Transmartinique, un ultra-trail de 140 km qui traverse l'île du Nord au Sud. «Cela peut inspirer mes compatriotes. Et convaincre les autorités qu'il y a une belle carte à jouer sur le plan touristique avec nos montagnes et nos forêts…»
Pas mal de ses projets sont d'ailleurs en phase de finalisation et les dossiers ont été remis aux autorités compétentes. Actuellement, un seul GR est homologué sur l'île. Sur le côté nord de l'île, autour de la Montagne Pelée. «Mais mon objectif, à terme, est de créer 3 GR connectés, qui permettraient de traverser l'île. Comme le GR 20 en Corse ou le tracé de la Diagonale des Fous sur l'île de la Réunion.»
Actuellement, le GR Sud Martinique, qui permettra de traverser 12 communes, est en cours de finalisation. Restera ensuite à négocier avec les communes et les propriétaires pour réaliser la jonction entre le GR du nord et du sud. «Ainsi, les randonneurs pourront traverser la Martinique en une dizaine de jours.»
Pouvoir la traverser en trouvant des chemins balisés avec des lignes rouge et blanche est une chose. Entretenir les chemins en est une autre.
«Nous sommes dans une zone tropicale, avec un fort taux d’humidité. Donc, si on utilise la peinture de la métropole, au bout de quelques mois, on ne voit plus rien. Ici, il nous faut de la peinture à l’huile ou des petites plaques en fer, cela prend bien plus de temps.»
De plus, s’il n’y a pas un passage régulier de marcheurs, ces petits sentiers peuvent rapidement disparaître, engloutis par la végétation luxuriante de l’île en moins de quinze jours.
Un festival de la rando en juin
Si marcher n'est pas l'activité préférée des Martiniquais, il existe néanmoins 26 clubs de marche et 1 600 licenciés. Sur qui Gilles Vicrobeck peut compter pour développer ce tourisme vert. Car contrairement à la Belgique ou à la France, ces clubs de marche sont essentiellement composés de jeunes, très motivés. Mais ça ne suffit pas toujours. «Une bonne partie du nord de l'île est en réserve biologique intégrale. On ne peut aménager que ce qui existe. Et comme il n'existe pas grand-chose…»
Impossible donc de créer des refuges où l'on peut loger. Ou même des espaces pour planter la tente. Interdiction formelle d'y dormir. Et difficile aussi pour les randonneurs de trouver un logement dans les villages pour passer la nuit. « Il y a beaucoup de chambres d'hôtes. Mais bien souvent, on doit réserver pour quelques jours.»
S'il reste beaucoup à réaliser pour mettre un peu plus de vert dans ce paradis bleu, les choses avancent très vite. Pour s'en convaincre, rendez-vous en juin au Festival international Rando de Martinique. S'il est principalement destiné à la population locale pour qu'elle prenne le chemin des montagnes plutôt que celui de la plage, ce festival est une vitrine pour promouvoir la Martinique au rang des grandes destinations écotouristiques. «L'an passé, il y avait pas mal de touristes étrangers. Même des Belges», conclut Gilles Vicrobeck.