«Chez nous, nous ne sommes pas jugées»
En 2019, 4 participants sur 5 étaient des femmes sur le programme «Je cours pour ma forme».
Publié le 11-02-2020 à 06h00
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uelle belle idée…
À la base, c’est-à-dire en 2008, année de lancement, le programme «Je cours pour ma forme» se proposait d’amener des personnes n’ayant jamais couru à un niveau de condition physique suffisant pour qu’elles puissent courir cinq kilomètres sans s’arrêter. Une session de 12 semaines avec trois entraînements hebdomadaires (un encadré, deux non encadrés). Un programme bien pensé qui, au fil des années, fit ses preuves.
Voici 12 ans donc, 1305 personnes répondirent à l’appel. Le début d’une success-story car a suivi une évolution constante et un total de 26 173 personnes pour l’exercice 2019.
Les femmes là-dedans? La grande majorité. Les chiffres tournent en effet autour des 80% depuis le début (78% l’an dernier).
«Comment expliquer cela? D'abord, chez nous, on n'est pas jugé, explique Isabelle Crutzen, coordinatrice du programme. Les gens qui viennent à Je cours pour ma forme, hommes et femmes, sont là avec leur niveau, sans trop se tracasser. C'est un peu différent d'un club d'athlétisme ou d'un club de jogging où, généralement, un prérequis est demandé. Même chose avec l'apparence physique, les kilos en trop par exemple: les membres ne se regardent pas. Cela rassure les gens. Cela décomplexe…»
Pour Isabelle Crutzen, les femmes qui intègrent une session sont plus tracassées par leur condition physique que par leur poids. «Je m'occupe moi-même d'une session 0-5 et j'avoue être bien plus interpellée par des questions sur la gestion du souffle ou par la peur de ne pas pouvoir y arriver que par des questions sur la gestion des kilos de trop», sourit-elle.
En ce qui concerne les motivations qui poussent les candidates à s'inscrire, notre interlocutrice avance en premier le fait «de pouvoir s'évader de chez soi, tout en restant près de chez soi. Après, il y a ce moment de détente, de sport, sans complexe, avec le plus souvent des copines. C'est important pour elles d'arriver à un lieu de rendez-vous et de pouvoir tout de suite aller vers des personnes qu'elles connaissent, de discuter avant et après, de courir avec elles. Elles arrivent, font du sport avec des amies et après une heure, vu que neuf fois sur dix elles sont près de chez elles, c'est déjà le retour à la maison.»
Et l'esprit de compétition dans tout cela? «Oh là, on en est loin, répond Isabelle Crutzen. Au début en tout cas, les femmes n'y pensent pas du tout. Cela vient petit à petit pour certaines. C'est d'ailleurs en partie pour cela que nous avons créé d'autres groupes, d'autres programmes. Un 5-10 adouci, un 5-10 renforcé, un 10 +, un 10 + long (pour amener les gens vers le semi) et un 10 + trail. Pour l'année 2019, les chiffres montraient que 56% des participants, hommes et femmes confondus, étaient dans les groupes 0-5, pour 34% sur 5-10 et 10% sur 10 +.»