Le Rallye du Condroz 2023 annulé: "C'est la fin d'une époque"

Ce lundi 14 août 2023, neuf mois après la mort de deux jeunes spectateurs au Rallye du Condroz, les organisateurs ont décidé que l'édition 2023 n'aura pas lieu. Et ce, suite à l'interdiction de la majorité des Communes.

Olivier de Wilde
Une minorité de spectateurs ne respectant pas les consignes de sécurité: voici la véritable raison ayant conduit à l'annulation du Rallye du Condroz.
Une minorité de spectateurs ne respectant pas les consignes de sécurité: voici la véritable raison ayant conduit à l'annulation du Rallye du Condroz. ©LPR

C'est un monument qui s'écroule. Un peu plus de neuf mois après le tragique accident ayant coûté la vie, du côté de Moha, à deux jeunes fauchés par la Skoda du concurrent Emeric Rary (il a récemment repris la compétition), les organisateurs du Rallye du Condroz, déjà rétrogradé en 2e Division par le RACB et les promoteurs du BRC, ont décidé que l'édition 2023 prévue en novembre n'aurait pas lieu.

C'est la deuxième annulation en trois ans après celle causée par la crise Covid en 2020.

Cela fait de la peine de voir celui qui a été considéré durant quatre décennies comme un des plus grands et certainement des plus populaires rallyes belges sombrer ainsi.

"Le Royal Automobile Club de Huy a toujours donné l'absolue priorité à la sécurité des participants et des spectateurs. Nous avons entamé une remise en questions. Toutes les autorisations avaient été accordées par le RACB Sport et les autorités locales. Néanmoins nous voulons aller au-delà des prescriptions préalables. Malheureusement, à ce jour, toutes les conditions ne sont pas réunies.

De l'espoir pour 2025

En toute cohérence, nous avons pris la responsabilité de ne pas organiser la 49e édition du Rallye du Condroz-Huy en novembre 2023," a -t-on pu lire dans un communiqué posté sur la page Facebook de l'épreuve hier soir. En concluant en guise d'espoir... "Nous allons poursuivre, avec l'ensemble de nos membres, le travail entamé ces derniers mois pour l'élaboration d'une épreuve hutoise de renom."

La vérité est que la sécurité n'a pas toujours été la priorité par le passé, que des accidents mortels sont survenus (à Villers-le-Temple, Nandrin et Moha), que le public hutois n'est pas discipliné et n'a pas toujours pu être bien contrôlé et que le Royal Automobile Club de Huy et ses dirigeants avaient du mal par le passé à se remettre en questions. C'est un pas d'avoir pris conscience de tout cela. Pour que l'on puisse un jour célébrer la 49e puis la 50e édition du Rallye du Condroz, pour redonner la confiance aux bourgmestres, il faut un changement profond, investir plus dans la sécurité et sans doute de nouvelles têtes à la barre de l'épreuve. Voici quelques années déjà les Hutois Yves Matton (ancien patron de Citroën Sport et responsable rallye de la FIA) et Jean-Marc Fortin (patron de l'écurie Overdrive alignant les succès et titres en rallye-raids) avaient proposé de reprendre la direction du Club organisateur. Mais les négociations avaient échoué au dernier moment, quand certains membres avaient constaté qu'ils perdraient ainsi leurs privilèges. Et peut-être leur fonction...

La crainte des élections communales

En attendant, si l'on veut revoir un jour le Rallye du Condroz avoir lieu et ne pas disparaître comme le Bianchi Rally ou les Boucles de Spa avant lui, il faudra sans doute passer par là.

Car aujourd'hui, la véritable raison de cette annulation est que, à un an des élections communales, pas mal de bourgmestres ne veulent plus prendre le risque de laisser passer l'épreuve sur leur territoire.

Alors que le président du club avait multiplié les interviews pour rassurer et confirmer que l'épreuve aurait bien lieu sur deux jours les 4 et 5 novembre prochains, alors qu'il y a une semaine un communiqué de presse avait été envoyé en annonçant des prix d'engagements attractifs et l'imminence de l'ouverture des inscriptions, patatras.

Lors d'un passage à Huy fin de semaine dernière, nous avons appris qu'après l'ensemble des communes de Hesbaye et celle de Marchin, le bourgmestre de Modave avait également signalé son refus d'accueillir l'épreuve. Ce qui signifie plus de spéciale à Strée non plus, ni à Modave. Il devenait dès lors très compliqué de mettre sur pied un parcours. "Mais c'était néanmoins toujours possible, il fallait se réinventer, revoir sa copie, se bouger. Il est plus facile d'annuler," a déclaré un ancien participant fan de l'épreuve. "C'est la fin d'une époque."

Il faudra du temps pour se refaire une bonne réputation même si on n'oubliera jamais les tragiques événements. Et il ne faut surtout pas oublier. Et si pour 2024 ce sera encore compliqué un mois seulement après les élections, un retour en 2025 est envisageable. Avec les bonnes personnes à la barre... Car on n'organise plus aujourd'hui un rallye comme dans les années 80.

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