Stoffel Vandoorne, le pilote "nomade" aux trois casquettes: "Je marche seul"
Notre ex-pilote F1 est redevenu célibataire et gère seul sa carrière et un planning bien chargé avec ses trois contrats.
Publié le 19-02-2023 à 17h27 - Mis à jour le 19-02-2023 à 18h06
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Stoffel Vandoorne reste sur une semaine de folie. Le week-end dernier, le Courtraisien était en Inde pour la 3e manche de Formula E qu’il a terminée 8e. Puis, il a rejoint Aston Martin lundi, à Silverstone pour la présentation, en tant que réserviste, de la nouvelle F1. Direction l’Espagne ensuite, et le circuit d’Aragon où notre compatriote a découvert la Peugeot 9X8 Hypercar dont il est aussi le pilote de réserve pour un test de trente-quatre heures. Avant de repasser par Monaco le vendredi… "Le début d’année est le plus chargé, confie le pilote de bientôt (le 26 mars) 31 ans. Ce mois-ci, je dors trois nuits dans mon appartement."
Une vraie vie de nomade pour ce pilote aux trois casquettes.
Stoffel, après quatre courses, le champion du monde de Formula électrique occupe une lointaine 16e place avec cinq miséreux points, 75 unités déjà derrière le leader Pascal Wehrlein. Comment expliquer une telle catastrophe ?
On ne comprend toujours pas vraiment ce qu’il se passe. Pourquoi parfois on va très vite et la séance suivante plus du tout. On manque de constance. Pas d’un circuit à l’autre, mais d’une session à l’autre. On n’a pas encore mis le doigt sur quelque chose avec les pneus Hankook. Mon équipier Jean-Éric Vergne a certes gagné la dernière manche samedi dernier, mais lui-même ne comprenait pas pourquoi il a soudainement été si rapide en qualifications.
Vous pensez qu’il est encore possible de conserver votre titre ou c’est déjà plié ?
Franchement, non, je ne crois déjà plus au titre. Il ne faut jamais dire jamais et je vais faire tout ce que je peux pour revenir et encore gagner des courses, mais les écarts sont déjà fort importants.
Vous étiez réserviste ces dernières années chez Mercedes F1, maintenant chez Aston Martin. Quel est l’objectif ? Vous êtes comme un ancien Diable rouge qui doit rester sur le banc. Dans l’espoir d’une nouvelle titularisation ?
Non, pas vraiment. Je dirais que c’est toujours bien en matière d’image de rester lié à la F1. Et puis, quand vous bossez pour une écurie de 700 personnes luttant au top du sport automobile, vous apprenez toujours des choses, des procédures, qui vous servent pour les autres catégories. Je rapporte des infos, des idées pour encore nous améliorer en Formule E par exemple.
Vous revenez de vos premiers tests en Espagne avec la Peugeot 9X8 Hypercar. Comment cela s’est-il passé ?
Très bien. Le premier jour, j’ai fait quelques courts runs pour prendre la voiture en main et m’habituer aux procédures avant d’entamer un gros test d’endurance avec toute l’équipe le jour suivant. Les six titulaires étaient présents. J’étais vite dans leur rythme. On s’est relayés durant trente-quatre heures d’affilée. J’ai notamment fait un relais de 2h30 à 4h30 du matin avec zéro degré sur la piste.
Le cadeau de bienvenue du petit nouveau… Et quel est le feeling ?
Honnêtement, c’est assez différent de ce que j’ai connu auparavant en proto avec la LMP1 au Mans ou la DPI à Sebring. Cela donne plus l’impression d’une grosse GT, car c’est assez lourd et il y a moins d’appui aéro. Mais cela se pilote plus naturellement que la FE. C’est plus une voiture de course comme ce à quoi j’étais habitué avant. Le gros diffuseur compense le manque d’aile. Je n’ai pas dû adapter mon pilotage. Cela passe aussi vite en virage qu’avec un gros aileron.
Et la fiabilité était au rendez-vous ?
Globalement oui. On a été arrêtés avec deux trois petites choses, mais aucun souci majeur.
Votre job de réserviste implique pas mal de roulages en simulateur. Cela représente combien de journées à accumuler les tours virtuellement ?
Beaucoup. Je dirais trente-cinq jours dans le simu FE à raison de deux jours avant chaque course. Une quinzaine pour la F1 et cinq à six jours avec Peugeot. Cela signifie près de deux mois dans un simulateur.
Un plaisir ou un métier ?
Non, là, c’est clairement un métier. C’est un outil devenu indispensable. Tous les pilotes aujourd’hui font du simulateur. Si vous n’y passez pas, il est très dur d’être devant lors d’une course de FE. Mais honnêtement, c’est le pire de notre métier. C’est plus fatigant au niveau de la concentration qu’une journée sur un circuit dans la réalité. Mais vous n’avez pas l’adrénaline de la compétition, le feeling n’est pas comparable. Il y a des choses que vous ne pouvez pas simuler. Ce n’est pas ce que je veux faire à la base. Moi je veux mettre mon casque et faire la course.
Pas trop difficile de passer de l’un à l’autre ? D’une conduite à l’autre avec trois types de pneus différents. Pirelli pour la F1, Michelin pour l’endurance et Hankook pour la FE ?
Non, je switche très rapidement. Mais il est difficile, c’est vrai, de reproduire le comportement, l’adhérence, l’usure réelle des pneumatiques sur un ordinateur. Rien ne remplace la vraie vie. Là, j’étais content de retrouver les sensations et le grip des gommes françaises avec la Peugeot.
Alessandro Alunni Bravi a récemment été nommé directeur sportif d’Alfa Romeo Sauber à la place de Cédric Vasseur. Est-il toujours votre manager ?
Non, on a décidé de ne plus collaborer après six années passées ensemble. Il y a désormais trop de conflits d’intérêts. Il n’a plus trop de temps non plus. Mais on reste amis.
Avez-vous fait appel à un autre manager ou gérez-vous désormais votre carrière seul ?
Pour l’instant, je gère cela moi-même. J’ai la chance de posséder des contrats pour quelques années encore avec DS Penske et Aston Martin. Donc, je n’ai pas trop besoin d’un manager pour le moment.