Monaco, un GP ennuyant et grisant à la fois
Les Américains de Liberty Media, nouveaux patrons de la F1, menacent-ils réellement le circuit de la Principauté ?
Publié le 26-05-2022 à 23h19
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La F1 à Monaco, c’est comme la dinde à Noël. Créée en 1929, cette course dans les rues de la Principauté fait partie des traditions. Même si avec le temps, certaines se perdent. Ainsi, cette année et pour la première fois, les monoplaces les plus rapides du monde n’ont pas pris la piste le jeudi de l’Ascension. Elles s’élanceront pour les premiers essais libres ce vendredi après-midi à 14h, comme sur un GP normal.
Paradoxalement, la course sans doute la plus ennuyante sans quasi aucune possibilité de dépassement, est aussi la plus regardée. Avec les 500 miles d’Indianapolis, qui se disputeront dimanche aussi, et les 24H du Mans dans deux semaines, le GP de Monaco est considéré comme l’une des plus grandes épreuves automobiles. Sans doute en raison du cadre prestigieux de ce circuit urbain, entre le rocher princier, les hôtels de luxe, le casino royal et l’un des ports méditerranéens les plus huppés. Le côté bling-bling attire même les stars du festival de Cannes sur une grille aux allures de Croisette.
Mais aussi à cause du défi que représente ce Grand Prix en termes de pilotage. Pour les 20 pilotes lancés sur ce toboggan, avec très peu d’échappatoires, Monaco est le rendez-vous le plus grisant de l’année. Pas nécessairement le plus dangereux car, hormis à la sortie du tunnel (280 km/h quand même!), les vitesses atteintes ne sont pas vertigineuses. Mais certainement celui où le risque d’accident est le plus grand. C’est cela aussi qui le rend autant excitant pour le public proche des voitures, sentant les rails trembler et frissonnant avec eux à chaque passage millimétré.
Pour tout cela, on dit souvent qu’une victoire à Monaco vaut un titre mondial. Ce GP était déjà historique avant d’accueillir les ancêtres de la F1 une année sur deux. Et pourtant, celui que le triple vainqueur Lewis Hamilton qualifie de "joyau de la couronne" serait menacé par les Américains de Liberty Media, les successeurs de Bernie Ecclestone à la tête de la F1 ne voyant pas pourquoi le prince de Monaco bénéficierait encore d’un statut privilégié alors que le "Formula One Circus" fait désormais déjà ses courses en ville à Baku, à Singapour, à Miami et l’an prochain à Las Vegas.
Car le GP le plus célèbre au monde est aussi celui rapportant le moins à la FOM (Formula One Management), la Principauté ne déboursant pas un euro pour obtenir son ticket. Tout cela pour un événement glamour certes, mais manquant cruellement d’action et de spectacle à la télé, si ce n’est le samedi pour la qualification la plus palpitante de la saison.
Élargir à nouveau la chicane
La F1 dans le port de Monaco est en outre totalement anachronique, aucun des critères de sécurité exigés ailleurs n’étant respectés. Avec des F1 de plus en plus larges, doubler est devenu aussi difficile que sur le carrousel de la foire du village. Au point que certains se demandaient même comment les F1 versions 2022 allaient réussir à virer à l’épingle du Loews sans devoir enclencher la marche arrière. Il y a donc lieu de s’adapter. Il faut créer une ou deux zones de dépassements. Pourquoi pas en réaménageant une nouvelle fois la chicane du port ou en élargissant la zone de freinage à Sainte-Dévote? On ne demande pas de détruire des buildings de ce paradis… fiscal, mais peut-être d’être créatif et de reculer certains yachts.
Monaco a déjà gagné un peu sur la mer. Et pourrait en faire un peu plus pour que les roues de la F1 ne tournent plus à l’avenir que devant les casinos de Vegas, là où le jackpot (on parle de 100 millions $ de gains) va à la FOM…