Jordan Bustin gère sa carrière comme ses études
Étudiant à HEC, le Valborsetin Jordan Bustin (22 ans) a réussi son examen de passage avec le RFC Liège. Reste mainenant à confirmer.
Publié le 17-04-2021 à 06h00
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Chez les Bustin, le sport n'est jamais bien loin. Il suffit de passer la porte de la coquette maison familiale sise à Vaux-et-Borset pour s'en rendre compte. Installés dans le canapé cozy de leur salon, Sacha, le cadet, et son grand frère Jordan sont occupés à regarder David Goffin en découdre avec l'Allemand Alexander Zverev. «J'aime encore bien jouer au tennis avec mon parrain ou des amis, glisse Jordan Bustin avec un sourire qui en dit long sur son attrait pour le monde de la petite balle jaune. Mais attention, je n'ai jamais joué en club, juste pour le plaisir. Mon sport, ça a toujours été le football», rajoute celui qui, à 21 ans, a su se faire une place dans le onze de base du RFC Liège. Une grande fierté, mais pas un aboutissement pour autant. «J'espère jouer le plus haut possible, dit cet étudiant en 3e année de bachelier, à HEC Liège. Encore bien que j'ai l'école à côté, car pour mes coéquipiers qui n'ont rien d'autre que le foot, c'est vraiment très dur ces temps-ci…»
En plein blocus, le Valborsetin a pris, le temps d'une pause, le soin de nous accueillir chez lui pour une sorte d'entretien biographique. « J'ai commencé le football à Saive, car mon grand-père était dans le comité là-bas. Il a aussi été président du club. Ma grand-mère, elle, habitait juste derrière le terrain. C'était donc très facile pour moi, nous avions deux entraînements par semaine et ma grand-mère me conduisait à chaque entraînement», se rappelle avec nostalgie Jordan, qui aura passé six ans de sa vie dans ce club dont l'équipe première milite aujourd'hui en 2e provinciale. «J'ai commencé comme ailier gauche, surprend celui qui est aujourd'hui… défenseur central. Je n'ai cessé de redescendre par la suite puisque j'ai été au fil du temps numéro 10, puis 8 et enfin arrière gauche, à Visé.»
Après sa première expérience à Saive, le footballeur d'aujourd'hui 22 ans a en effet rejoint la Cité de l'Oie. «En parallèle de Saive, je suivais des entraînements au CPR (NDLR: Centre de perfectionnement et de recrutement) du Standard, à Herve. Mon entraîneur là-bas coachait également les U13 de Visé et m'a proposé de venir en test au club. Cela s'est bien passé pour moi et j'ai donc rejoint les Visétois.»
Mais pour le même prix, Jordan atterrissait au Standard. «C'est vrai que la même année, j'ai aussi passé des tests au Standard. Nous étions vingt gamins et le club n'en retenait que trois. Finalement, j'ai terminé 4e, juste au pied du podium. Quand vous avez douze ans, c'est très décevant sur le moment même, mais ça ne m'a pas arrêté, assure-t-il. J'ai eu une très bonne formation à Visé, notamment en U15 et U16 avec Frédéric Lapierre, un excellent entraîneur.»
Au terme de la saison 2014-2015, le matricule 369 du RCS Visé était toutefois officiellement radié à l'Union belge, faute d'autres solutions trouvées par les curateurs après le départ de la famille indonésienne Bakrie. «Dans mon équipe, sur 18 joueurs, il n'en restait plus que deux: Antoine Grooters et moi, se remémore Jordan. Fabrice Cristallini, qui était alors le collègue de travail de Frédéric Lapierre, nous a contactés tous les deux pour passer une journée de tests. Et cela s'est manifestement bien passé pour nous», sourit notre interlocuteur, dont l'aventure à Liège allait prendre, au fil des ans, une tournure exponentielle. «À mon arrivée à Liège, Dominique Renson m'a essayé comme défenseur central lors d'un match amical. L'équipe B du club venait d'être championne en P4 et montait donc en P3, où j'ai finalement joué deux saisons.»
Encore un gamin, Jordan Bustin a pu se faire les dents au contact d'adultes. «Je m'entraînais déjà parfois avec l'équipe première, mais sans plus. Je me souviens néanmoins d'un déplacement à Hoogstraten. Liège jouait dans l'ancienne Division 3 et Alexandre Czerniatynski était l'entraîneur. J'avais été sélectionné pour ce match, mais malheureusement, à cette époque, on ne pouvait coucher sur la feuille que quinze noms et pas dix-huit comme actuellement. J'étais finalement 16e homme et donc en tribunes. Mais à 17 ans, cela reste un bon souvenir.»
Le meilleur restait à venir pour l'aîné de la famille. Une nouvelle saison en P3, une en P2 et un titre de champion avec les U21 en réserves de D1 amateurs plus tard, Jordan Bustin pouvait fêter sa première montée au jeu avec le noyau A des Sang et Marine. « C'était au Lierse (NDLR: le 15 septembre 2018). Je venais d'avoir 20 ans. On était archi-dominé mais le score était malgré tout toujours de 0-0. Le coach de l'époque, Dante Brogno, a sécurisé le point en sortant deux ailiers pour Simon Ligot et moi. Dans un stade avec environ 6 à 7000 spectateurs, j'ai dû jouer entre dix et quinze minutes. Si j'ai stressé? Sur le terrain, non. Je ne perds pas facilement mes moyens. On me dit même parfois que je suis un peu trop calme (rires).»
La suite allait encore être plus belle puisque sous Marc Grosjean (voir par ailleurs), Jordan Bustin gagnait ses galons de titulaire en rouge et bleu. «Et en plus on gagne 4-2 contre Dender pour ma première titularisation, sourit-il. J'ai continué à faire mes matchs pour garder ce statut de titulaire, mais le plus dur reste à venir, à savoir confirmer durant une saison entière.» De sages paroles!