Le Faimois Thomas Englebert, la force tranquille de Heist
L’air de rien, le médian défensif reconverti en défenseur central s’est forgé une belle carrière en nationale. Respect.
- Publié le 10-04-2021 à 06h00
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«Hé, n'oubliez pas Thomas Englebert. » Il faut bien l'avouer: sans le coup de pouce de Florian Gendebien, son coéquipier à Heist en Nationale 1, on allait passer à côté de lui. Lui, c'est Thomas Englebert, donc, un Faimois de 28 ans qui est un pilier des Anversois depuis quatre saisons. Discret en dehors du terrain, mais précieux sur le ground, l'ex-Sprimontois fait figure de valeur sûre de notre foot national depuis près d'une dizaine d'années. «Une force tranquille» pour paraphraser Jacques Séguéla qui avait inventé la formule pour la campagne présidentielle de François Mitterand en 1981.
Depuis ses débuts en seniors, en 2011, pourtant, la carrière du pote de Jordy Eeke suscite le respect. Beaucoup aimeraient en avoir au moins le quart. Des piges à Visé dans l'ex-grande D2, une montée avec l'Union St-Gilloise de D3 en D2, une autre identique avec Sprimont, quatre solides campagnes chez les exigeants Flamands de Heist: Thomas Englebert a l'art de s'imposer partout où il passe. « Oh oui, mais je n'en fais pas une maladie, rigole modestement celui que son coach Stéphane Demets a reconverti en défenseur central avec succès ces derniers mois, lui qui, à la base, est un médian défensif. Je vis de ma passion et c'est déjà génial.» Oui, car, excusez du peu, il est un des rares huy-waremmiens à avoir un statut de professionnel, au moins encore jusqu'à la fin de la saison prochaine. «Et je suis tellement bien à Heist que si on me propose de prolonger, je fonce, sourit-il. Attention, si un club de D1A ou B vient, j'écouterais. Mais sans manager et à 28 ans, cela va être compliqué. Ce n'est vraiment pas grave… »
Visé, la grande découverte
Si Thomas commence le foot à 5 ans à Chaudfontaine qu'il quitte à 15 ans pour le RFC Liège où il achève sa post-formation, c'est à Visé qu'il découvre les joies de l'équipe première où il signe rapidement un contrat professionnel. À ses côtés, les Steve Dessart et David Rico-Garcia, entre autres. Et une première belle saison en D2 où il est très souvent titulaire. «Je me souviens notamment d'un gros match face à l'AS Eupen de Flavien Le Postollec, Enes Saglik, etc., avance-t-il. Cette année-là, il y avait aussi le Sporting Charleroi dans la série. Mais la saison suivante, avec l'arrivée des Indonésiens, cela se complique. Je joue encore sous Philippe Medery mais on sent que le club va mal sur et en dehors du terrain. On termine avec peu de points et on descend.On sent vraiment que le club est à un tournant…»
Union St-Gilloise, l’affirmation
Le frère de Nicolas, futur entraîneur de Dalhem B, croise alors la route de Youri Selak, manager qu'on a bien connu à Amay jadis. Ce dernier le place à l'Union St-Gilloise. « C'était loin de Faimes, mais c'était un superbe challenge, avoue le solide gaillard. J'arrive là dans une équipe très compétitive sous les ordres de Drazen Brncic qui m'apporte beaucoup avec son expérience à l'Inter et au Milan AC. Il y a les frères Cabeke, Anthony Sadin, etc. Et on monte via le tour final en D2. » Le fameux jeu des licences s'avère décisif pour l'Union qui termine derrière Sprimont mais a, elle, son précieux sésame administratif contrairement aux Carriers.
La saison suivante, comme à Visé, l'extrasportif prend le pas sur le sportif avec un changement de direction. Le départ surprise de Brncic fragilise aussi le vestiaire. Marc Grosjean le remplace. Thomas Englebert a encore un an de contrat mais, alors qu'il aurait pu rester tranquillement au club, il demande à être libéré. «Pas mal de joueurs de Tubize arrivaient, se souvient-il. Et je ne sentais pas le truc même si j'avais tout joué ou presque en D3. »
Sprimont, la confirmation
Ironie du sort: c'est à Sprimont, chez qui l'Union vient de fêter sa montée, que Thomas aboutit, en D3 donc. Avec un statut de valeur sûre de la série dans les poches. « On avait beaucoup de talent lors de la première saison mais surtout une ambiance dingue avec Sahuké, Manfredi, etc., sous les ordres de Christophe Grégoire, confesse Thomas. Cette symbiose fait la différence au final. » Avec cette montée en D2 arrachée sur le terrain de Hasselt. Un match à marquer d'une croix dans sa belle carrière. « On gagne 0-3 et c'est moi qui signe les 3 assists, une première dans mon parcours, sourit celui qui, cette saison-là combine, pour la première fois, foot semi-professionnel et boulot dans un magasin. On monte alors en Nationale 1, division créée à la suite de la refonte du football belge. »
Mais pas assez renforcé, l'effectif sprimontois montre ses limites au troisième échelon du foot belge. Christophe Grégoire saute, son remplaçant Alain Bettagno ne fait pas long feu. L'ex-T2 du premier cité, un certain Stéphane Jaspart, reprend le flambeau, mais la culbute est inévitable pour Sprimont. « J'avais fait mon temps au Tultay, assure Thomas. Le club n'avait plus trop d'ambitions et je n'avais pas envie de stagner. » Tout profit pour Heist dont le Faimois fait le bonheur depuis. Sans faire de bruit, mais avec brio. À son image, finalement.