D’Ostilio: «Rendre à Liège la reconnaissance qu’il m’a donnée »
Installé à Crisnée, Jonathan D’Ostilio est arrivé au RFC Liège fin janvier 2016. Devenu capitaine de l’équipe cette saison, il entend retrouver le professionnalisme avec les Sang et Marine.
Publié le 27-03-2021 à 06h00
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Le Stade de Rocourt est paisible en ce jeudi matin. Trop paisible. Éteinte depuis le 3 février dernier et ce match de Coupe de Belgique contre Anderlecht (voir par ailleurs), l’arène liégeoise, si prompte à s’exalter à la moindre action dangereuse de ses couleurs, attend inexorablement un retour à la normale. En patientant – on espère plus trop longtemps –, Jonathan D’Ostilio, le capitaine du RFC Liège, nous a fixé rendez-vous sur le parking jouxtant des vestiaires actuellement sans âme.
Pierre-Laurent Fassin, le Directeur général du matricule 4 et occupé à travailler, fera pour cette fois office de concierge, nous ouvrant les portes de l'espace Robert Waseige. Avec sa sympathie habituelle, Jonathan s'installe à table pour une heure trente d'entretien où il est revenu sur son passé, son présent et son futur. «J'ai commencé le football à la RJS Chênée. J'ai notamment eu mon papa, Angelo, comme coach. Je suis resté de six à dix ans dans mon premier club avant de recevoir un coup de fil du Standard pour aller passer des tests là-bas, se rappelle, comme si c'était hier, Jonathan. Ce fut une journée inoubliable. Une opportunité pareille ne se présente pas tous les jours. J'ai réussi mes tests et j'ai donc intégré l'équipe U10 du Standard. Mon premier entraîneur fut Guy Deschamps. Marc Segatto, lui, entraînait l'autre groupe de U10.»
Après des débuts enchanteurs, Jonathan D'Ostilio va cependant connaître une première désillusion dans le milieu du football. «En U12, j'ai connu un entraîneur, Grégory Roomans, qui m'a marqué négativement, car je n'ai pas été gardé par le Standard à la fin de la saison. Sur le moment même, c'est très dur à encaisser. Mais on était beaucoup de jeunes et il fallait prendre des décisions. Avec le temps, je commence à respecter son choix, dit aujourd'hui sagement «Jona», qui allait exploser dans la foulée sous le maillot du RCS Verviers. En U12 avec le Standard, je jouais back gauche. Or à cette époque, j'étais avant tout un flanc gauche. À Verviers, on m'a remis à cette place et j'ai énormément marqué. Je ne sais pas si je dois vous le dire, mais je me souviens très bien d'un match contre le RFC Liège en provinciaux, où on avait gagné 8-0 ou 8-1. Je ne peux pas avoir oublié cette rencontre, car j'avais marqué sept goals, sourit celui qui est désormais installé à Crisnée. Le Standard est alors revenu à la charge via Marc Segatto, grâce à qui j'ai pu retrouver le haut niveau. Au départ, j'avais un peu de réticence à retourner au Standard, car je m'y étais fait virer. Mais j'avais de bons contacts avec Marc Segatto, et j'ai donc mis ma rancœur de côté. Marc Segatto fut mon coach quelques semaines en U15 puis Stéphane Huet est arrivé et il a continué à me faire jouer flanc gauche. On a été champion cette année-là.»
La saison suivante, Jonathan allait toutefois avoir un déclic. «Serge Verheyden m'a fait passer arrière gauche, la place où je n'avais pas su percer plus jeune au Standard. Mais encore aujourd'hui, je dois le remercier, car je me suis rendu compte avec le temps que j'apportais beaucoup plus en partant de l'arrière, où j'ai confirmé en U17 avec Thierry Witsel, appuie-t-il. Mais les choses ne se sont ensuite pas bien passées avec Thierry Verjans. Je ne vais pas m'étaler sur le sujet, mais il fallait que je quitte le Standard, qui ne voulait pas me laisser partir bien que j'ai fait comprendre au club que je ne voulais pas rester. J'étais même prêt à arrêter le foot, car j'étais dégoûté.»
Pas l'intermédiaire de son agent, Éric Depireux, rencontré à cette époque-là, le joueur d'aujourd'hui 27 ans a toutefois su trouver un accord avec le Standard pour rejoindre Eupen, où il a passé deux saisons avec les U21, dont la deuxième comme capitaine. Avant de signer son tout premier contrat pro. «J'avais 19 ans, précise Jonathan. Mon concurrent direct était Ntuthuko Radebe, qui est malheureusement décédé (NDLR: en 2017, des suites d'un accident de voiture). Il a connu une grosse blessure au genou et j'ai joué une dizaine de matchs. Ma 1re titularisation chez les pros fut contre Geel. On avait gagné 4-2, je pense. Depuis ce match-là, je ne suis plus sorti jusqu'à ce que Radebe revienne. J'ai encore disputé quelques rencontres par après. Mais c'est surtout la saison suivante (2014-2015) qui fut vraiment top pour moi. J'ai quasiment tout joué en Division 2.»
Élu cette année-là Soulier d'or de L'Avenir Verviers, le Grivegnéen d'origine devait malgré tout se résoudre à quitter le Kehrweg. «Je me suis occasionné une déchirure pendant un entraînement d'avant-saison. J'ai mis environ deux mois à revenir. À mon retour, je ne suis plus rentré dans les plans du club détenu par les Qataris. Mon concurrent direct était Fahad Al-Abdulrahman, promis à jouer en équipe nationale du Qatar. C'était une concurrence pas vraiment saine, on a profité de ma blessure pour m'écarter du groupe.»
Mis en contact avec Liège en fin de mercato hivernal, Jonathan D'Ostilio décidait de redescendre d'une division. «Mon agent a essayé de me placer à Malines, alors coaché par Yannick Ferrera. Mais je ne voyais pas pourquoi j'aurais été titulaire en D1 alors que j'étais sur le banc en D2, note-t-il. Moi, ce que je voulais, c'était avant tout prendre un maximum de temps de jeu. Je savais que Liège était une belle vitrine et que je ne tomberais pas aux oubliettes.»
Ce qu'il savait moins, par contre, c'est que cinq ans plus tard, il serait encore un Sang et Marine, capitaine du navire de surcroît. « J'ai envie de m'inscrire dans le projet et rendre cette reconnaissance que l'on m'a témoignée en ramenant Liège dans le monde professionnel», conclut Jonathan D'Ostilio.