Aisling, l’ange gardienne de Guillaume François
Cette saison, une authentique vice-championne d’Europe suit régulièrement l’Excelsior. Aisling D’Hooghe, gardienne des Red Panthers, l’équipe nationale de hockey, est la compagne de Guillaume François depuis un peu moins de 4 ans.
Publié le 09-11-2018 à 00h00
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Aisling, c’est par le biais du sport que vous avez connu Guillaume?
Indirectement, oui. Un de ses meilleurs amis était aussi mon kiné au hockey et il a invité Guillaume à venir à un match.
Vous aviez entendu parler de lui avant?
Non. Et je crois que lui ne me connaissait pas non plus.
Et le foot, vous vous y intéressiez?
J’ai toujours aimé le sport en général. Plus jeune, j’ai fait du tennis. Et quand j’ai eu envie de faire un sport collectif, j’ai voulu m’inscrire au foot. J’y jouais à l’école, en attaque ou dans les buts. Mon père n’y était guère favorable et m’a proposé le hockey.
Deux sportifs de ce niveau ensemble, cela présente plus d’avantages que d’inconvénients ou est-ce l’inverse?
Plus d’avantages, je trouve. Pour le moment, on vit tous les deux à 100% pour le sport et c’est plus facile pour comprendre et admettre les exigences que ça demande ou les absences que ça engendre.
Ses entraînements à Virton, les trajets, les mises au vert, vos entraînements, l’équipe nationale: rassurez-nous, vous arrivez quand même à vous voir un peu?
C’est vrai qu’on part souvent chacun de notre côté, mais une carrière est courte et on sait qu’on se verra davantage plus tard.
Chacun de vous suit de près les prestations de l’autre?
C’est plus simple pour moi car je joue généralement le dimanche à midi et lui le samedi soir. Mais lui, avec les décrassages désormais imposés le dimanche matin, ne sait plus venir.
Ça vous embête, non?
Disons qu’avec les outils dont on dispose actuellement, comme des capteurs GPS, on pourrait permettre aux joueurs de faire leur décrassage individuellement. Avec les mises au vert, Guillaume est généralement parti du vendredi matin au dimanche après-midi.
Un match de foot, vous le vivez comment? En observant les prestations des gardiens?
Pas spécialement. Le rôle du gardien au foot reste très différent de celui de hockey. Les buts sont plus grands au foot et il doit capter les ballons, jouer au pied aussi. Moi, on me demande de repousser la balle, pas de la capter et on ne me fait jamais de passe. Au hockey, c’est essentiellement une question de réflexes.
Comment vivez-vous un match alors?
Un peu comme si je le jouais. En étant un peu plus concentrée quand ça se passe du côté de Guillaume.
Au foot, on dit qu’il faut être un peu fou pour jouer entre les perches. Et au hockey, c’est pareil?
Dans un certain sens, oui. Certes, il y a moins de contacts et j’ai un équipement protecteur. Mais il ne protège pas tout et les balles font mal. J’ai déjà eu pas mal de bleus, dont certains qui peuvent occasionner de vives douleurs. Mais jusqu’ici, je m’en suis plutôt bien sortie.
Si Guillaume a suivi une formation plutôt classique, vous avez connu une ascension pour le moins fulgurante: équipe première à 13 ans, équipe nationale à 15, Jeux Olympiques à 17. Ce n’est pas compliqué de rester les pieds sur terre?
Non, parce que le hockey reste un sport plus confidentiel que le foot. Et j’ai combiné un certain temps équipe première et équipes d’âge parce que je voulais aussi continuer à jouer et à grandir avec des jeunes de mon âge.
Alors que tout roulait pour vous, Guillaume, lui, a dû reculer de deux divisions puisque son contrat n’était pas renouvelé à Charleroi. Vous étiez un peu mal à l’aise vis-à-vis de lui?
Non, parce qu’on n’a jamais comparé nos places et nos statuts dans le sport. Et puis, même s’il est descendu, ça s’est plutôt bien passé au Beerschot avec cette remontée immédiate.
Avec les hockeyeuses, vous avez le sentiment de participer à la mise en valeur du sport féminin, comme le font ou l’ont fait Justine Henin, Nafi Thiam ou Nina Derwael?
Ou comme le font les volleyeuses et les basketteuses, oui. C’est bien pour le futur, cela booste les jeunes filles qui pensent à se mettre au sport. Pour le hockey, il y a eu un premier boom quand nous avons participé aux JO de Londres, mais je l’ai moins perçu. J’avais 17 ans, j’étais un peu dans l’euphorie. Je l’ai mieux ressenti l’an passé quand nous avons été vice-championnes d’Europe.
Vous portez le maillot des Waterloo Ducks depuis vos débuts et ça ne devrait pas changer. Ces transferts incessants en football, cela doit vous faire bizarre, non?
C’est vrai qu’avec mon esprit clubman, je ne suis pas fan des transferts, mais je me rends compte qu’il y en a de plus en plus en hockey aussi. Et puis, si je compare avec Guillaume, le foot, c’est son job, son gagne-pain. Et je comprends qu’un joueur réfléchisse à une meilleure proposition d’autant qu’il ne joue pas éternellement. En outre, j’ai la chance d’être toujours titulaire. J’aurais quand même du mal à rester si je devais m’asseoir régulièrement sur le banc.
Et qu’un footballeur de D1 amateurs soit mieux rémunéré qu’une des meilleures gardiennes mondiales en hockey, ça vous fait quoi?
Rien. L’argent vient des sponsors, de la médiatisation et le foot est plus populaire, cela n’a rien d’illogique. Et puis, je n’ai pas fait du hockey pour gagner ma vie. Je ne suis d’ailleurs pas mécontente qu’on y soit payé modestement; cela rend les gens plus humbles. Sur un plan général, cela m’attriste quand je vois que l’argent enlève au sport une part de sa beauté.
Une dernière question: vous avez vécu des changements d’entraîneur dans votre carrière, Guillaume vient d’en vivre un tout récemment. Cela vous surprend quand ça survient aussi vite dans la saison?
Je précise qu’il s’agit ici d’un avis qui n’engage que moi. Je trouve que parfois, c’est utile et qu’un renouveau ne peut pas faire de tort après un certain temps, mais dans ce cas précis, j’ai l’impression que c’était prématuré, que chacun a droit à son temps d’adaptation. J’ai tendance à penser, même si ça fait un peu bisounours, que dans le meilleur des mondes, chacun devrait pouvoir aller au bout de son contrat ou arrêter quand il le souhaite. Mais on en est loin.
Le sport plus fort que la maladie
Aisling D’Hooghe souffre de sclérose en plaques depuis l’âge de six ans. Elle l’a fait savoir il y a un an et demi, peu avant les championnats d’Europe, où les Red Panthers ont remporté la médaille d’argent.
«J’ai longtemps refusé l’idée que ça se sache, confie-t-elle. Je voulais être connue pour mes performances en hockey, pas parce que je suis la sportive souffrant d’une maladie. Mais le hockey est un petit monde, ça commençait à se savoir et j’avais de plus en plus de demandes en ce sens. Mais je ne voulais pas d’un article sensationnaliste, j’ai choisi moi-même le média. Ce qui m’a aussi décidé à en parler, c’est ma rencontre avec une petite fille lors d’un match international. Elle est venue me dire qu’elle était malade aussi et s’apprêtait à arrêter le sport. Moi-même, j’ai été confrontée à ce dilemme: continuer ou pas. Les médecins avaient des avis différents. Je me suis dit que si je parlais ouvertement de ma maladie, cela pouvait aider pas mal de gens, les encourager à faire du sport malgré tout. C’est vrai que je suis souvent fatiguée, mais est-ce dû à la maladie? Qui ne le serait pas avec le programme qui est le mien? J’ai eu énormément de retours après la parution de l’article. Via les réseaux sociaux ou des demandes de partenariat ou d’interviews. Beaucoup de gens ont été boostés par mes révélations et ça m’a plu. En revanche, l’aspect médiatique était moins agréable. Après un match, on me posait deux questions sur ma prestation et dix autres sur ma maladie. Mais ça s’est atténué depuis lors et je n’en suis pas fâchée…»
Échevine à Waterloo
Novice en politique, mais néanmoins neuvième sur l’échelle des voix de préférence aux récentes élections, et au sein d’une large majorité MR, Aisling D’Hooghe va bientôt endosser un rôle d’échevine à Waterloo. « Pas aux sports, précise-t-elle. Comme je joue dans un club de Waterloo, je veux éviter les conflits d’intérêts. Plus tard peut-être car j’adore le sport et, sans vouloir me vanter, je m’y connais assez bien. Mais là, j’aurai notamment la petite enfance et la prévention-santé dans mes attributions. Je ne suis pas politicienne dans l’âme, on m’a sollicitée et j’ai longuement réfléchi. Je voulais être sûre de pouvoir combiner le tout car, comme en sport, je tiens à faire les choses à fond. Et je dois dire que ça me passionne de plus en plus parce que la politique communale est axée sur la proximité. Vous ne me verrez pas me présenter aux élections régionales ou fédérales en revanche. J’ai donc abandonné récemment mon job dans une boîte de communication pour me consacrer à ce poste d’échevine. »