Une standing ovation, une première retraite et des coups perdus: retour sur l'histoire qui lie le foot belge et Zlatan Ibrahimovic
Un an après son dernier match avec la Suède, Zlatan Ibrahimovic fera son retour en sélection ce vendredi 24 mars contre les Diables rouges.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/fcbe0d7c-7b58-49f8-88ff-b41ebf6f6885.png)
Publié le 23-03-2023 à 18h00 - Mis à jour le 24-03-2023 à 06h39
De retour en sélection suédoise douze mois après sa dernière apparition, à 41 ans, Zlatan Ibrahimovic retrouve ce vendredi 24 mars 2023 une Belgique qu’il a déjà croisée à de nombreuses reprises au fil de sa longue carrière. Souvenirs. Bons et mauvais.
Bruxelles, terre de son plus grand match
On ne sait pas si c’est le meilleur match de sa carrière, mais c’est celui où l’attaquant a réalisé sa plus grande performance dans une compétition internationale, clubs et équipes nationales comprises : son quadruplé contre Anderlecht en poules de Ligue des champions 2013-14 reste dans les mémoires. Comment oublier sa Madjer ou cette véritable fusée de plus de trente mètres dans la lucarne de Kaminski ? Le Parc Astrid lui réserva une standing ovation après ce but.

“Cela m’a donné la chair de poule”, reconnaît-il le soir même. “C’était vraiment fantastique et grandiose. C’est un grand honneur pour moi et je remercie les supporters anderlechtois. Cela n’arrive pas souvent que les fans applaudissent un joueur de l’autre camp.” Il a d’ailleurs tenu à conserver le ballon de ce match, qu’il a fait signer par ses équipiers. Il n’a jamais plus inscrit de quadruplé, ni même de triplé en C1. Il réussira trois autres quadruplés dans sa carrière : contre Troyes avec le PSG, et pour la Suède face à Malte (7-0) et lors d’une retentissante victoire 4-2 contre l’Angleterre.
Il retrouvera Anderlecht en quart de finale d’Europa League avec Manchester United en 2017, mais ne marquera aucun but à Ruben Martinez. ManU se qualifiera tout de même aux prolongations à Old Trafford, et l’équipe de Mourinho remportera la compétition.
Quand les Diables le mettaient à la retraite
C'est probablement le souvenir belge le plus fort lié à la carrière d'Ibrahimovic: le dernier match de la poule E, sorte de "do or die" à l'Euro 2016 dont Ibrahimovic sortira éliminé (1-0)... et retraité international puisqu'il avait annoncé avant la rencontre que ce l'Euro marquerait la fin de son histoire d'amour avec la sélection après 15 ans de carrière internationale et 62 buts. On a rarement vu une zone d'interview d'après-match où les journalistes se bousculaient autant que lors du passage du grand numéro 9 qui a répondu à quelques questions puis est parti en adressant un dernier regard narquois.
Ibrahimovic fera un retour en sélection cinq ans plus tard en mars 2021, juste avant l'Euro... qu'il ne disputera pas la faute à une blessure. Il échouera également à se qualifier pour le Mondial avec la Suède, pour qui il a joué encore onze minutes en barrage, en mars 2022. Depuis lors, il n'avait plus été repris par Janne Andersson à cause d'une lourde blessure au genou.

Courtois “gardien de classe mondiale”, a pris le dessus depuis 2016
Le gardien belge qui a le plus affronté Zlatan est Courtois, évidemment. D’abord en 1/8e de finale de Ligue des champions 2015. Un souvenir en demi-teinte pour le buteur : à l’aller, il se heurte comme tout le PSG à un grand Courtois (1-1 au Parc des Princes) et encense : “Leur gardien n’a pas été bon, il a été très bon. Il faudra faire un peu plus que ce soir pour le battre au retour. C’est un gardien de classe mondiale qui a encore prouvé sa valeur sur ce match.” Au retour, il ne marque à nouveau pas… et est même exclu après 30 minutes pour un tacle pied en avant qui n’aurait pas dû lui valoir la rouge, reconnaîtra plus tard l’arbitre du match, Bjorn Kuipers. Paris passera quand même (2-2).

Un an plus tard, le PSG retrouve Chelsea au même stade et se qualifie à nouveau face à Courtois. Ibrahimovic inscrit un coup franc (dévié) au gardien des Diables à l’aller (2-1) avant de marquer à nouveau et signer une passe décisive au retour (2-1).
Dans la foulée, il retrouve Courtois à l’Euro 2016, avec le résultat que l’on sait. Enfin, il l’affronte une huitième fois quelques mois plus tard avec ManUnited pour une correction 4-0 à Stamford Bridge, où Courtois est parfait. Il s’agit de la plus large défaite de sa carrière sur le continent européen, clubs et sélection confondus (il a également perdu un match 6-2 avec Los Angeles). Eden Hazard (buteur) et Michy Batshuayi étaient également dans le camp d'en face.
Ibrahimovic n’a joué contre les Diables qu’à une reprise, car il n’était pas monté au jeu lors de l’amical de préparation au Mondial 2014 (victoire 0-2 de la Belgique). Eden Hazard a disputé, lui, huit matchs face à Ibra, le plus gros total pour un joueur belge, mais il ne sera pas là pour le neuvième, ce vendredi 24 mars. À noter que Courtois pourrait encore l’affronter en Ligue des champions cette saison.
L’autographe d’Enzo Scifo
Élu sans surprise meilleur joueur de Ligue 1 2013-14, Zlatan se voit remettre son trophée par Enzo Scifo, mis au secret quelques jours auparavant. L’ancien Diable demande à Zlatan un autographe… et se voit répondre par le Suédois : “Un autographe de moi ? C’est plutôt moi qui dois t’en demander un !” Scifo se rend ensuite compte qu’Ibra le connaissait plutôt bien : “Après le direct, toujours en italien, on s’est retrouvé dans les coulisses. Il m’a alors félicité pour l’ensemble de ma carrière.”
Saelemaekers, le petit frère belge qu'il a le plus cotoyé (mais pas servi)

Tous deux arrivés à l’AC Milan en janvier 2020, Saelemaekers et Zlatan ont un peu plus de trois ans de “vie commune” en Lombardie. Ensemble, ils ont disputé 56 matchs, soit le plus gros total pour un joueur belge. C’est davantage que Marouane Fellaini (Man Utd, 38 matchs) ou Wesley Sonck (Ajax, 22). Les deux équipiers s’entendent plutôt bien, même si le Suédois a dix-huit printemps de plus que le Belge, qui était ramasseur de balle à Anderlecht lors du fameux quadruplé de son aîné : “Je n’aime pas perdre et je me donne à 200 % sur un terrain. Zlatan l’a remarqué et c’est ce qu’il aime bien chez moi”, nous expliquait Saelemaekers en 2020.
En visite à Milan chez Alexis SaelemaekersIl n’y a pourtant pas encore eu de passe décisive entre Saelemaekers et le Suédois en 2400 minutes passées côte à côte sur le terrain. Tout le contraire de Sonck, qui en a échangé 10 avec Zlatan en 2003-04, à l'Ajax : “On pouvait beaucoup rigoler avec lui, mais il était aussi capable de laisser traîner le pied, jamais avec la volonté de blesser. Juste pour montrer qu’il était là. On s’entendait bien en dehors du terrain mais aussi sur la pelouse”, précisait Sonck pour qui “Zlatan est génialement fou”.
Quelques prises de bec, aussi…
Ibrahimovic, c’est aussi quelques excès. Les Belges n’ont pas échappé à la règle. Ainsi l’Anderlechtois Sacha Kljestan avait-il raconté après le match contre le PSG comment son adversaire l’avait charrié : “J’ai eu une discussion avec lui en première mi-temps et il m’a dit que ma moustache était horrible. Je lui ai répondu qu’il avait un gros nez”, s’était marré l’Américain en 2013.
Les retrouvailles entre Lukaku et le Suédois sont mois drôles. Anciens équipiers à United en 2017-18, ils se recroisent lorsque le second revient en Serie A à l’AC Milan. Les deux joueurs se retrouvent même front contre front lors d’un quart de finale de Coupe d’Italie orageux. “Va faire tes trucs vaudous”, lance Zlatan à son ex-partenaire, qui lui répond vertement. Les deux joueurs doivent être séparés et seront avertis. Zlatan sera même exclu un peu plus tard.
Onyewu m'a cassé une côte dans la bagarre
Enfin, le Belge qui s’est frotté le plus férocement à Ibrahimovic, c’est Oguchi Onyewu (qui possède la triple nationalité belge, américaine et nigériane). Après son départ du Standard pour l’AC, le grand défenseur se heurte un jour à l’attaquant à l’entraînement, comme celui-ci l’a raconté dans sa biographie : “J’ai eu plusieurs problèmes avec Onyewu. Il avait la taille d’une maison et j’avais dit à un équipier qu’un jour quelque chose allait se passer, je le sentais. Il me reprochait mon 'trash talking' et m’avait fait signe de me taire à l’entraînement ; puis il a recommencé. Je n’ai rien répondu, mais il allait voir. Sur sa prise de ballon suivante, je me suis précipité vers lui et j’ai sauté les crampons en avant. Il m’a évité, puis on s’est retrouvé tête contre tête. On s’est battu, c’était brutal. Nous étions furieux. Les équipiers m’ont arrêté, sans quoi ça aurait pu tourner très mal. J’avais mal aux côtes après ça et on a découvert que je m’en étais cassé une pendant la bagarre.” Du Zlatan dans le texte.
Ce record de Dino Zoff promis à Zlatan face aux Diables qui va lui échapper pour quatre petits jours