Nouveau coach, nouveaux cadres et nouveaux objectifs : la transition des Diables rouges en questions
Avec le départ de Martinez et la fin de la génération dorée, les Diables sont à un tournant de leur histoire. Mais l’Euro 2024, c’est déjà dans 18 mois. Et la préparation au Mondial 2026 commence maintenant.
Publié le 04-12-2022 à 10h05
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Le football a cette capacité de mêler des émotions parfois éloignées dans un laps de temps parfois très court. Au lendemain de l’énorme déception qui accompagne forcément l’élimination des Diables, il y a la crainte de l’avenir. Mais il y a aussi de l’excitation et de l’espoir. Car si la génération dorée est arrivée en fin de cycle, la suite ne s’annonce pas dramatique pour autant. “Quand c’est la fin de quelque chose, c’est le début d’autre chose. La relève est là et il faut avoir confiance dans la nouvelle génération”, disait, juste après le match, un Thorgan Hazard qui nous a impressionnés par sa qualité à prendre du recul et à analyser les choses avec justesse, même à chaud.
Cette nouvelle ère, elle se construira sans Roberto Martinez. Mais quel que soit le nom du nouveau sélectionneur des Diables, il entrera directement dans le vif du sujet. Dès le mois de mars, les qualifications pour l’Euro 2024 débuteront, dans un groupe qui est à la portée de nos Diables (Suède, Autriche, Estonie, Azerbaïdjan). Les deux premiers seront qualifiés… et le troisième pourrait être repêché. Mais il sera déjà, également, temps de penser à la Coupe du monde 2026 au Canada, aux États-Unis et au Mexique. Avec quelques questions en toile de fond.
Que faire avec les vieux ?
Le partage face à la Croatie, synonyme d’élimination, a mis la Belgique face à ses propres contradictions. Les Diables se sont présentés au Qatar avec 16 joueurs déjà présents en 2018 dans le groupe. En face, les vice-champions du monde 2018, qui ont également dû gérer une transition générationnelle après la Russie, n’en avaient conservé que sept (dont six étaient tout de même titulaires ce jeudi). Cela n’a pas été évident, cela a causé des remous, mais le sélectionneur Zlatko Dalic a posé des choix forts. C’est le genre de choix que le nouveau sélectionneur de la Belgique devra également être amené à faire. Si, à l’heure actuelle, aucun Diable n’a officiellement affirmé qu’il ne voulait pas continuer sa carrière internationale, cela ne veut pas dire qu’ils seront encore repris par le prochain coach.
Un joueur comme Dries Mertens (35 ans, 109 sélections) a clairement affiché ses limites ces derniers jours. Dans l’entrejeu, Axel Witsel (33 ans, 130 sélections) a perdu un peu de vivacité et plus souvent mis en difficulté que par le passé. Et malgré leur bonne Coupe du monde, le poids des années va encore un peu plus s’abattre sur Toby Alderweireld (33 ans, 127 sélections) et Jan Vertonghen (35 ans, 145 sélections). Il paraît compliqué, pour ces quatre joueurs, de conserver le même rôle au sein de la sélection durant les prochains mois. Accepteront-ils de voir leur statut se dégrader pour transmettre leur expérience à la nouvelle génération ou devront-ils être écartés pour éviter de polluer le nouveau groupe ? La question devra être rapidement tranchée.

Les quatre fantastiques seront-ils toujours là ?
Thibaut Courtois (30 ans, 100 sélections) l’a déjà annoncé : il sera là jusqu’en 2026. “Je veux terminer sur une note positive”, a-t-il affirmé avec ambition. Le gardien du Real Madrid sera toujours un cadre dans les prochaines années. Pour Kevin De Bruyne (31 ans, 97 sélections), Romelu Lukaku (29 ans, 104 sélections) et Eden Hazard (31 ans, 126 sélections) la situation est toujours en attente de clarification. S’ils continuent l’équipe nationale, les deux premiers – dont l’impact sur l’équipe est immense – seront évidemment les tauliers de la sélection.
Eden Hazard se laisse le temps de la réflexion par rapport à son avenir en sélection.
Pour Eden, la situation est la plus complexe. Il aurait confié à certains équipiers son souhait d’arrêter l’équipe nationale, selon la RTBF. Mais le fait qu’il ne se soit pas arrêté devant la presse pour le dire est la preuve que cette décision n’est pas encore actée. Il va prendre le temps de la réflexion, nous confie-t-on dans son entourage. Mais pour l’instant, il ne joue pas au Real Madrid. Il a donc tout intérêt à ne pas encore dire stop, car l’équipe nationale est l’endroit où il a pu le plus s’exprimer ces derniers mois. Mais en a-t-il encore envie ? On l’espère. Car une transition réussie passe aussi par la présence de nos quatre stars, jusqu’en 2024 au moins.
Qui sont les nouveaux cadres ?
Aux côtés des quatre fantastiques, les autres patrons à venir se nomment Thomas Meunier (31 ans, 62 sélections), Yannick Carrasco (29 ans, 62 sélections), Thorgan Hazard (29 ans, 47 sélections), Youri Tielemans (25 ans, 58 sélections) et Timothy Castagne (26 ans, 29 sélections). Leur passé au sein de leurs sélections, combiné au retrait progressif des Diables plus âgés les fait avancer dans la hiérarchie.
Ces dernières semaines, des joueurs comme le toujours fiable Leander Dendoncker (27 ans, 31 sélections), le spectaculaire Jérémy Doku (20 ans, 12 sélections) ou le robuste Amadou Onana (21 ans, 4 sélections) ont prouvé, tour à tour, qu’ils peuvent aussi entrer à moyen terme dans cette catégorie. Même s’il était réserviste au Qatar, Alexis Saelemaekers (23 ans, 9 sélections) semble aussi s’inscrire dans cette liste. Charles De Ketelaere (21 ans, 11 sélections) peut également être cité.
Qui intégrer au groupe ?
On a souvent reproché à Roberto Martinez d’être un peu trop conservateur. Le nouveau sélectionneur devra, lui, être un innovateur. Sa capacité à amener de nouveaux joueurs au sein des Diables et de les rendre performants sera prépondérante. Surtout en défense. Dans cette ligne arrière, les premières sélections de Zeno Debast (19 ans, 3 sélections), d’Arthur Theate (22 ans, 4 sélections) ou de Wout Faes (24 ans, 1 sélection) doivent inciter à un certain optimisme. L’avenir passera par leur développement et par le cap qu’ils vont devoir passer pour ne plus être considérés comme la génération future, mais bien comme la génération actuelle.
Pour la nouvelle génération, l’été 2023 sera, également, prépondérant. Car c’est celui de l’Euro Espoirs U21, un tournoi qui sera un bon indicateur de la capacité à se confronter à un grand tournoi de Romeo Lavia (18 ans), Aster Vranckx (20 ans), Eliot Matazo (20 ans) ou Nicolas Raskin (21 ans). Cela fait beaucoup de milieux de terrain, un secteur où le vivier belge est impressionnant. Mais il y a aussi du talent sur les flancs, avec Largie Ramazani (21 ans) ou le très jeune Julien Duranville (16 ans).
Quels objectifs se fixer ?
Il ne faut pas le cacher : en 2024 puis en 2026, la Belgique ne débarquera plus dans un grand tournoi avec l’objectif d’atteindre le dernier carré, comme ce fut le cas en 2018. Mais on ne reviendra pas non plus au temps où la principale mission était une qualification pour une phase finale. En fonction des formes du moment (le Qatar a prouvé à quel point c’était prépondérant), les attentes pourront être plus ou moins élevées. Mais à l’Euro 2024 comme au Mondial 2026, le passage du premier tour sera déjà considéré comme satisfaisant. Surtout après le traumatisme qu’on vient de vivre.