Roberto Martinez n'aura connu qu'un seul grand succès en 76 mois
Tout au long de son mandat, Roberto Martinez nous aura fait penser qu’on pouvait devenir champion du monde. Le bilan est maigre.
Publié le 03-12-2022 à 06h00
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Roberto Martinez ne rejoindra pas Raymond Goethals sur le podium des entraîneurs fédéraux des Diables rouges faisant le plus longtemps fonction. Son ère se termine après six ans et quatre mois. Tout au long de ces 76 mois, il aura fait rêver le peuple de médailles d’or. En vain. On a dû se contenter d’une seule couleur : le bronze.
Retour au 3 août 2016. Sa désignation, deux mois après l’échec avec Marc Wilmots à l’Euro 2016, est une surprise. D’autres (plus) grands noms avaient été évoqués dans les médias, comme Louis van Gaal, Guus Hiddink, Marcello Lippi, Manuel Pellegrini, Marcelo Bielsa ou Cesare Prandelli. Martinez, lui, avait été viré de Everton quelques mois auparavant, suite à de mauvais résultats. Son flirt avec Anderlecht n’avait pas abouti à un accord : le Sporting avait pris René Weiler.
À sa présentation officielle, déjà, son image de gentleman et de bon orateur se confirme. Même s’il est le premier coach fédéral belge depuis 1958 (le Hongrois Geza Toldi) à ne pas parler les langues du pays, il charme son audience et le pays avec son discours positif et rassembleur. Et son (premier) salaire est raisonnable. Il gagne même moins que Marc Wilmots.
Dans sa toute première sélection – le match amical contre l’Espagne – il reste assez fidèle au groupe de Wilmots. Les seuls nouveaux comparé à l’Euro sont Defour et Mirallas. Denayer, Ciman et Jean-François Gillet ne sont pas repris.
Le match se termine sous les sifflets du public après le 0-2. Cela faisait presque 20 ans – sous Leekens en Irlande du Nord – qu’un entraîneur fédéral n’avait plus débuté par une défaite. Martinez avait notamment opté pour Origi plutôt que pour Lukaku.
Les bruits en provenance du vestiaire sont toutefois positifs. Contrairement à Wilmots, Martinez donne beaucoup de liberté extra-sportive à ses joueurs. Il supprime les stages à l’étranger et permet à ses joueurs de passer le plus de temps possible avec leurs familles. En échange, il veut de la discipline. Après deux mois, déjà, il y a un premier clash avec Radja Nainggolan. Les deux ne s’entendront jamais et Radja sera vite écarté.
Les résultats, eux, prennent des allures historiques. Martinez réalise une série de 24 matchs sans défaite, avec comme cerise sur le gâteau le 2-1 contre le Brésil au Mondial 2018. Malgré la défaite contre la France, où il se fait piéger par des Bleus plus réalistes, Martinez est le héros de la nation. Il prolonge son contrat – cette fois, il est de loin le coach fédéral le mieux payé de l’histoire – et se sent comme un poisson dans l’eau à Waterloo, où il habite avec sa femme, Beth, et leurs deux enfants. Il est nommé directeur technique de la Fédération et livre un excellent boulot au niveau de la professionnalisation. Le complexe à Tubize devient un petit chef-d’œuvre. Son nom est cité à gauche et à droite en Europe (Arsenal, Tottenham, Newcastle et même au Real Madrid et à Barcelone), mais il n’est jamais le candidat numéro 1.
Son défi suivant est la médaille d’or à l’Euro 2020. Martinez échoue face à l’Italie et les critiques deviennent de plus en plus virulentes. Sa tactique n’est pas assez flexible, il fait trop confiance à sa vieille garde au lieu de lancer des jeunes talents, il tourne trop autour du pot au lieu de dire les choses comme elles sont. Le Catalan déteste se faire critiquer, mais parvient souvent à garder le sourire et sa sérénité lors de ses rencontres avec la presse. Et sa réponse est toujours la même : la Belgique est numéro 1 au ranking FIFA. Il gardera cette première position pendant 1 283 jours, ou trois ans et demi.
Malgré l’échec au Final 4 et malgré les défaites significatives contre les Pays-Bas en Nations League, il ne change pas sa ligne de conduite. Sa dernière mission – conquérir la Coupe du monde au Qatar – semble une opération impossible, surtout vu les pépins (physiques) de Lukaku et Hazard.
Une décision prise avant ce tournoi
La Fédération veut quand même prolonger son contrat avant le début du tournoi, mais les deux parties ne trouvent pas d’accord. C’est à ce moment que Martinez décide de mettre un terme à son aventure belge.
Les critiques après les deux premiers matchs au Mondial et son aversion envers la presse (belge) suite à l’incident dans le vestiaire après le match contre le Maroc, renforcent sa première idée : il est temps de s’en aller. Visiblement ému, il communique sa décision après le 0-0 contre la Croatie.