Les Diables éliminés : les larmes de Lukaku résument tout
L’attaquant, entré à la mi-temps, a eu le but de la qualification au bout du pied à trois reprises. Aussi frustrant que décevant.
Publié le 01-12-2022 à 23h07 - Mis à jour le 02-12-2022 à 08h33
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La scène vaut mieux que de longs discours. Après le coup de sifflet final de Croatie-Belgique (0-0), Romelu Lukaku a directement mis son maillot sur son visage. Pour cacher ses larmes. En détresse, il a été consolé par Thierry Henry, qui l’a chaleureusement pris dans ses bras. Un peu comme un papa. Une image forte. Quelques instants plus tard, ce sont Lieven Maesschalk (physiothérapeute) et Johan Gerets (coach physique) qui ont tenté de remonter le moral du colosse, avec qui ils ont beaucoup bossé à sa remise sur pied, ces derniers jours. C’est ensuite Youri Tielemans qui a eu une attention sur l’attaquant, assis sur le banc, le regard vide. Un banc dont il venait d’exploser le plexiglas d’un poing rageur.
Sans doute Lukaku se remémora-t-il longtemps les trois grosses occasions qu’il a manquées. Il a d’abord trouvé le poteau d’une frappe puissante du pied droit suite au rebond d’une occasion de Carrasco, alors que Livakovic était battu. À la 82e minute, il a dévié une frappe de Thomas Meunier juste à côté depuis le petit rectangle. Et à la 90e, il contrôlait de la poitrine et ne parvenait pas à pousser au fond un ballon venu d’un centre de Thorgan Hazard alors qu’il était positionné à deux mètres du but. Par trois fois, il a eu la qualification belge pour les huitièmes de finale au bout du pied. Mais il n’a pas marqué. Décevant et frustrant, forcément. "Il a déjà mis des buts plus compliqués", indiquait Timothy Castagne, après le match. "Ce sont des choses qui arrivent chez un attaquant. Dommage que cela survienne à un moment si important", regrettait pour sa part Jan Vertonghen. "On a essayé de mettre Romelu dans les meilleures conditions mais il a manqué la finition", ajoutait Jérémy Doku.
Tous les trois ont raison. Et ils étaient aussi d’accord pour dire à quel point la présence de Lukaku a fait du bien à la Belgique. "À lui seul, Romelu s’est créé plus d’occasions que toute l’équipe sur trois matchs, résumait parfaitement Thorgan Hazard. Avec lui, on avait un bon point d’appui qui nous permettait d’aller dans le rectangle. Sur cette mi-temps, Romelu a prouvé toute son importance pour l’équipe. Il ne faut pas oublier qu’il est le meilleur buteur de l’histoire de la sélection avec un ratio incroyable (68 buts en 104 sélections) . Il n’avait pas joué depuis trois mois, il a travaillé comme un dingue pour être là et aider l’équipe mais il lui a manqué ce brin de chance. Dommage pour l’équipe, mais surtout pour lui. Cela lui aurait fait le plus grand bien."
Au lieu de cela, c’est donc un Romelu Lukaku dévasté qui a quitté le stade Ahmed Bin-Ali, sans même passer par la zone mixte. Ses larmes étaient le symbole de toute sa déception. Et on ne peut pas y rester insensible. Surtout lorsqu’on sait le chemin par lequel il est passé ces dernières semaines. Un chemin au bout duquel il n’y a pas eu de titularisation, puisque Roberto Martinez a sorti l’arme Big Rom à la pause. Seulement, peut-on regretter. Mais le désormais ex-sélectionneur national s’est justifié. "Il n’avait pas la capacité physique de jouer 90 minutes. On avait un plan avec lui et il n’a pas manqué grand-chose pour qu’il fonctionne."
Pourvu que ce ne soit pas fini
Romelu Lukaku sait mieux que quiconque que ce sont les détails qui font la différence dans les grands rendez-vous. Mais il ne doit pas être cloué au pilori, ce vendredi. Ce serait une terrible erreur. Pas plus que Michy Batshuayi, d’ailleurs, qui a inscrit le seul but belge du tournoi et qui n’a pas caché qu’il aurait voulu participer à la rencontre de jeudi soir. "Le plus frustrant pour moi, c’est qu’on a joué trois matchs et c’est lors de celui auquel je ne joue pas qu’on se crée le plus d’occasions. On en a eu six ou sept concrètes." On peut effectivement se dire qu’un renard des surfaces comme Batsman aurait marqué (au moins) une des trois grosses opportunités de Romelu Lukaku. Mais serait-il parvenu à se créer autant d’occasions que l’attaquant de l’Inter en 45 minutes ? Poser la question, c’est y répondre. Mais de grâce, arrêtons de les opposer.
On croise désormais les doigts pour une chose: que ce match ne soit pas le dernier de la (magnifique) carrière internationale de Lukaku. La Coupe du monde 2022 aura au moins servi à montrer une chose: il est indispensable au bon fonctionnement offensif de cette équipe. Et à l’Euro 2024, dans dix-huit mois, il faut absolument espérer qu’il soit là. Pour que ses larmes de détresse se (re)transforment en larmes de joie. Car à 29 ans, il a un grand rôle à jouer dans la transition de génération.