Huit questions (et leurs réponses) que l’on se pose à huit semaines de la Coupe du monde
Le dernier rassemblement avant le départ au Qatar a amené plus de questions que de réponses. On tente de voir plus clair sur les dossiers les plus chauds.
- Publié le 27-09-2022 à 06h03
Une mi-temps convaincante contre les Gallois, une seconde période bâclée (mais suffisante). Puis une domination stérile contre les Pays-Bas avant d’encaisser une nouvelle défaite contre nos voisins. Le rassemblement de septembre n’a pas rassuré ceux qui n’y croyaient déjà pas beaucoup. Il y a aujourd’hui plus de questions que de réponses.
1.Debast peut-il être titulaire au Qatar ?
Martinez n’a pas décidé d’aligner Debast deux fois de suite en trois jours si près du Mondial sans raison. Dans sa tête, c’était la meilleure option pour compléter le trio défensif, avec les anciens Vertonghen et Alderweireld. A-t-il toujours la même idée après les premiers pas du gamin anderlechtois ? Le discours était très positif face aux journalistes ( "Le plus impressionnant début depuis très longtemps") mais on sait que ce n’est pas toujours significatif avec Martinez.
Ce qui est certain, c’est que le sélectionneur cherche un défenseur avec des qualités semblables à Alderweireld pour le côté droit du trio. Avec le replacement de l’Anversois au centre, les Diables ont perdu ses longues passes tendues, celles qui doivent désarticuler le bloc adverse. Debast est, à ses yeux, la meilleure option. Il est vrai que Faes et Mechele, les deux autres droitiers, n’ont pas la même relance.
Le plan A du sélectionneur reste celui avec Denayer dans l’axe et Alderweireld à droite. C’est le signal qu’il a envoyé en reprenant l’ex-Lyonnais sans club pour ce rassemblement. Il s’est engagé lundi dans un club de Dubaï mais ce défi sera-t-il suffisant pour retrouver la forme nécessaire ? Cela avait suffi pour Alderweireld quand il évoluait au Qatar mais Denayer a-t-il le même crédit ?
2.Hazard doit-il devenir un joker ?
Qu’il joue ou qu’il ne joue pas, Eden Hazard alimente le débat. Quand il ne joue pas, on veut le voir, avec l’espoir presque naïf de retrouver le joueur qu’il était. Mais quand il joue, on déchante souvent. Et on se rend compte qu’il n’a plus la capacité de faire des différences comme par le passé. Le deuil du joueur qu’il a été doit être fait. Sa vista, son élégance et son sens du dribble sont toujours là. Mais sa vitesse et son coup de reins ont disparu. En aurait-il plus en étant utilisé comme remplaçant ? Pas vraiment. Son profil n’est plus celui d’un joker ou d’un élément capable de changer le cours d’une partie.
Percussion et accélération ne font plus partie de son vocabulaire, au contraire de conservation de ballon. Des qualités qui peuvent être intéressantes pour garder la possession quand l’équipe mène au score, mais pas pour faire vaciller une rencontre. Leandro Trossard, un Yannick Carrasco utilisé un cran plus haut et surtout un Jérémy Doku non blessé s’inscrivent plus dans ce registre. Que ce soit pour entrer en jeu… ou pour commencer une rencontre, finalement. Seul du rythme permettrait à Eden de redevenir un incontournable. Mais sa situation au Real Madrid (158 minutes cette saison) ne va pas vraiment dans ce sens.
3.Onana sera-t-il la surprise dans le onze ?
Le grand gagnant du rassemblement est Amadou Onana. En un match – en plus de sa belle montée au jeu contre les Néerlandais en juin – il a assuré sa place dans les 26. Sa présence au Qatar ne fait plus aucun doute.
La question qui nous taraude est celle-ci : sera-t-il titulaire d’entrée ? Youri Tielemans semble garder une longueur d’avance. Pour commencer la compétition du moins. En raison de son histoire avec les Diables et de son profil plus offensif, le médian peut être un atout aux côtés d’un Axel Witsel dont les tâches se résument davantage à de la récupération.
Face à un trio comme celui des Pays-Bas, les qualités physiques d’Onana ont fait beaucoup de bien. Il était partout. Avec du déchet à certains moments (même s’il a réussi 93 % de ses passes) mais surtout beaucoup d’impact physique. La comparaison est facile et beaucoup font du joueur d’Everton un Fellaini 2.0. Avec moins de qualités aériennes mais de meilleurs pieds. Ce genre de joueur a déjà été salvateur pour les Belges en grand tournoi.
4.Comment libérer De Bruyne dans le système ?
S’il fallait résumer la rencontre face aux Pays-Bas, les gestes d’agacement de Kevin De Bruyne seraient un bon début. On a régulièrement vu KDB se plaindre. Il le fait parfois aussi à Manchester City, mais moins souvent. Car ses équipiers le comprennent mieux et ses lignes de passe trouvent plus facilement leurs destinataires, des joueurs de classe mondiale comme Haaland, par exemple. Avec les Diables, le numéro 7 belge évolue avec des joueurs qui sont un cran en dessous et ça se voit. Dans le 3-4-2-1 de Martinez, qui a été mis en place il y a quelques années pour permettre à De Bruyne de cohabiter avec Eden Hazard, il a un peu moins de liberté qu’à City.
On a bien compris que le sélectionneur des Diables ne changerait pas son système mais l’animation pourrait être modifiée pour donner encore plus de liberté à l’ancien de Genk en se passant d’Hazard et en encadrant KDB de joueurs de profondeur tout en donnant au meilleur joueur belge encore plus les clés du jeu. C’est peut-être par là que passe le futur de l’équipe nationale.
5.Sait-on encore battre un grand ?
C’était il y a quinze mois, le dimanche 27 juin 2021. La Belgique battait le Portugal, alors cinquième nation mondiale, en huitièmes de finale de l’Euro (1-0). Depuis, les Diables ont affronté cinq équipes du Top 10 au ranking. Pour autant de défaites. Il y a d’abord eu l’Italie (alors 7e) dans la foulée en quart de finale (1-2). Puis la France (4e, 2-3) et l’Italie (5e, 1-2) au Final Four de la Ligue des nations. Et, enfin, la double défaite contre les Néerlandais en 2022 (1-4 en juin quand les Pays-Bas étaient 10es puis 0-1 dimanche alors qu’ils sont 8es).
Inquiétant ? Oui, clairement, même si les matchs étaient toujours serrés en dehors de la raclée en juin contre les Oranje. L’impression d’impuissance s’accentue à chaque affrontement avec un grand. Comme si les membres du Top 10 à la FIFA savaient exactement comment nous battre. Bloquer nos artistes, attendre qu’on s’empale dans un bloc bas et partir en contre en misant sur la lenteur de notre défense. C’est toujours le même scénario.
À deux mois du Mondial, Martinez ne va pas changer son plan. Les noms des titulaires pourront encore évoluer mais aura-t-on un onze assez fort pour que personne ne puisse contrer nos intentions, même le Top 10 ? Les quinze derniers mois n’incitent pas à l’optimisme.
6.Comment équilibrer le flanc gauche ?
Roberto Martinez a décidé de faire évoluer Timothy Castagne sur le flanc gauche à Amsterdam. Une expérience déjà tentée face à l’Angleterre avec pour résultat une défaite à Londres. Le fait de réitérer l’expérience a pour but d’offrir des solutions contre des équipes dont les éléments offensifs peuvent déséquilibrer la défense. Avec ses réflexes défensifs, Castagne soulage notre côté gauche de la défense centrale, occupé par Jan Vertonghen, le plus lent du trio arrière. La qualité de course du joueur de Leicester lui permet, dans le même temps, de rester dangereux offensivement par moments.
Quand la Belgique peut dominer, Yannick Carrasco est le premier choix du sélectionneur national. Il apporte beaucoup offensivement mais, vu le manque de vitesse derrière lui, ses raids peuvent se payer cher. Thorgan Hazard, deux petites titularisations en Bundesliga cette saison, est redescendu dans la hiérarchie. Même Leandro Trossard semble lui avoir grillé la politesse sur la gauche.
7.Faut-il prendre un 3e attaquant dans les 26 ?
Oui. On connaît la hiérarchie des attaquants sous Martinez. Romelu Lukaku est incontournable, Michy Batshuayi est le N.2 indiscutable. Mais alors qu’on pensait que Lukaku était fait de roc, il vient de se blesser deux fois en peu de temps : une fois à la cheville lors du match à domicile contre les Pays-Bas et une fois musculairement avec l’Inter.
En principe, il sera à 100 % pour le Mondial, mais qui dit qu’il ne se blessera pas au Qatar ? Il a 29 ans et il a exigé des efforts surhumains de son corps depuis ses 15 ans…
Son remplaçant, lui, peut présenter des stats qui font rêver : 26 buts en 47 matchs. Mais dans les combinaisons, Michy est souvent très mauvais, comme aux Pays-Bas. Ce serait trop risqué de ne compter que sur lui en l’absence de Romelu.
Tout comme à l’Euro 2021, les entraîneurs fédéraux ont le luxe de pouvoir sélectionner 26 joueurs. Autant en profiter et reprendre un De Ketelaere qui est non seulement polyvalent, mais qui peut aussi garder le ballon dans l’équipe en tant que ‘faux 9’. Et Martinez peut même envisager d’y ajouter une flèche comme Loïs Openda, qui peut faire des dégâts en contre-attaque et qui a quand même déjà marqué quatre fois avec Lens.
8.Qui doit craindre pour sa place au Mondial ?
Ils sont nombreux. Très nombreux. À en croire Martinez, il n’a que 13 certitudes en tête. Cela signifie qu’ils sont une grosse vingtaine à devoir se faire des soucis.
Les principaux concernés sont évidemment les non-sélectionnés pour les deux derniers matchs : Praet, Januzaj, Vanheusden, Bornauw, Van der Heyden, Foket, Verschaeren, Mangala, Sambi Lokonga, Vanzeir et Origi. Doku, lui, doit surtout ne plus se blesser.
Mais il y en a encore qui vont mal dormir à la veille de l’annonce de la sélection. Le nouveau club de Denayer – à Dubaï – n’est pas du genre à faire rêver Martinez. Boyata n’a pas marqué des points non plus lors du 1-4 contre les Pays-Bas.
Et puis, il y a tous ceux qui étaient soit sur le banc sans jouer, soit en tribune. Il ne s’agit pas de n’importe qui : Theate, Vanaken, Saelemaekers, Mechele, Faes et même Dendoncker et Thorgan Hazard. Même Dries Mertens devra montrer à Galatasaray qu’il a encore le niveau, parce qu’il est mal rentré contre le pays de Galles et n’a pas joué du tout aux Pays-Bas.