Noah Sadiki : “À Anderlecht, on me prenait toujours pour le petit jeune; à l’Union, ce n'est pas le cas”
Le jeune médian formé à Anderlecht revient sur son transfert à l'Union Saint-Gilloise. Un choix qui lui a valu pas mal de messages agressifs, mais que Noah Sadiki explique.
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- Publié le 15-09-2023 à 07h00
- Mis à jour le 15-09-2023 à 12h22
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Né à Jette il y a 18 ans, Noah Sadiki est un Bruxellois pur jus. Celui qui a grandi à Laeken et été formé à Anderlecht depuis ses cinq ans a fait le grand saut, via un petit bond vers Saint-Gilles, cet été. Le nouveau médian de l’Union Saint-Gilloise sait où il va, un peu pressé, mais pas trop. Entretien.
Noah, vous voilà dans un nouveau club depuis août. Pourquoi avoir choisi l’Union ?
”Le projet qui m’a été avancé ici m’a convaincu, ainsi que le fait qu’on m’ait dit que tout était dans mes mains et non pas dans celles de quelqu’un d’autre. Si je voulais jouer, il fallait juste le mériter. C’est un discours qui m’a attiré. Les dirigeants avaient fait une recherche approfondie sur moi, au point de savoir des choses que même moi j’avais oubliées. Ils ont été voir qui était la personne derrière le joueur. Ça m’a fait plaisir.”
Brian Riemer m'a fait comprendre qu'il n'y aurait pas de place pour moi.
Et pourquoi avoir quitté Anderlecht un an après avoir percé en équipe première ? Vous auriez pu rester.
”Après ma bonne présaison, j’ai parlé au coach (NdlR : Brian Riemer) et il me fait comprendre qu’il n’y aurait pas de place pour moi cette saison. Cela voulait dire retourner en D1B. Je n’étais pas du même avis. Donc j’ai compris qu’il fallait prendre une autre direction.”

Vous jouiez beaucoup sous Mazzù : son départ a-t-il été le début de la fin ?
”Le début de la fin, non. J’ai quand même joué en D1B, j’étais content d’évoluer dans mon club formateur, qui reste le plus grand club belge, il faut le dire. J’aurais pu choisir de rester en U23, avec mes potes, dans ma zone de confort : cela faisait partie de ma longue réflexion aussi, mais je ne pense pas que c’est ce qui allait m’aider dans ma carrière. Je suis arrivé à Anderlecht dès les U5, pour ce qu’on appelle le 'foot and fun' et j’ai fait toutes mes classes à Neerpede.”
Anderlecht a recruté du lourd durant ce mercato. Les pensez-vous meilleurs que l’Union ?
”Ils ont transféré de grands noms, des joueurs qui ont déjà touché à la Champions League et qui sont bientôt en fin de carrière. Sont-ils plus forts que nous ? Le terrain parlera.”
J'ai vraiment reçu beaucoup de messages négatifs de supporters mauves: ça m'a profondément touché.
Votre transfert a été mal pris par certains supporters mauves, qui vous ont incendié sur les réseaux sociaux.
”Les supporters ne sont pas dans les coulisses et ne voient pas ce que j’ai vu. Je n’ai pas l’impression que la direction voulait me garder plus longtemps. Les premiers jours, voir les supporters lâcher leur frustration sur vous, c’est dur, ça vous touche profondément. Et j’ai vraiment reçu beaucoup de messages négatifs. Mais bon, je dois vivre avec les critiques et avancer. Je sais que, où que j’aille, j’aurais reçu quelques messages de ce style. À l’inverse, les supporters de l’Union m’ont bien accueilli, et je les en remercie."
Passer d'un club de la capitale à l'autre vous-a-t-il fait douter?
"J’ai hésité à choisir un autre club bruxellois. Vous prenez aussi en compte ce que les gens vont penser de vous, mais à un moment, c’est votre carrière, vous décidez et pas les supporters.”
Vous aviez des touches à l’étranger, Burnley notamment. Vous imposer d’abord en Belgique était-il important ?
”Oui, c’est ce que j’avais en tête : d’abord confirmer ici. Je ne voulais pas me brûler dans un grand championnat. Après ça, m’ouvrir à l’étranger. Mais j’ai beaucoup réfléchi avant de choisir l’Union. J’avais beaucoup d’autres propositions. Il y a même eu des nuits où je n’en ai pas dormi.”
Alexander Blessin vous fait jouer au cœur de la ligne médiane, et pas sur le côté droit, comme à Anderlecht la saison passée. Cela a-t-il été évoqué lors de votre transfert ?
”C’est flatteur de voir que le coach m’a déjà titularisé. Je connais mes qualités, mais je reste la tête sur les épaules. Il y avait une correspondance entre l’endroit où l’Union me voyait jouer et celui où je me sens le plus à l’aise : au milieu du terrain. J’étais content qu’on ait la même vision. Je n’ai pas été formé à un poste particulier, j’ai fait quasiment toutes les places possibles, ce qui m’a permis de voir le jeu de différentes manières. Mais à un moment il faut choisir où se développer le mieux, et pour moi c’est milieu de terrain.”
Et pas côté droit, comme la saison passée ?
”Non, mais s’il faut jouer là, je le ferai sans problème. Je ne crache pas sur un poste, ma priorité c’est d’être sur le terrain et je sais que beaucoup donneraient tout pour être à ma place.”
Il y a quelques années, passer d’Anderlecht à l’Union aurait été vu comme un pas en arrière. Plus aujourd’hui ?

”À l’heure actuelle, venir à l’Union, ce n’est pas un pas en arrière pour moi, vu que je joue. Et disputer la Coupe d’Europe est un gros plus. D’un côté, il y a un club très prestigieux et, de l’autre, un club qui est monté en D1 il y a quelques années. Ici, on ne se prend pas la tête sur le classement et on m’a fait comprendre directement qu’on prend match après match. On ne m’a pas parlé du top 6 quand j’ai signé, on n’a pas fixé d’objectif, mais cela ne veut pas dire qu’on n’est pas ambitieux. Au final, cela enlève une certaine pression. Les infrastructures sont un peu différentes ici (NdlR : le centre d’entraînement de Lierre est moins complet que celui de Neerpede), mais dans le vestiaire, il y a des personnalités également. Les joueurs sont plus vieux ici ; j’avais l’habitude d’évoluer avec des plus jeunes. Mais peu importe au final. Si ç’a m’aide à grandir plus vite, tant mieux.”
Votre saison sera réussie si… ?
”Je joue le plus possible… et pourquoi pas gagner un trophée ?”
Joueurs, coach, staff: on a tout ce qu'il faut pour aller chercher un titre.
Ce que n’a pas décroché l’Union en D1 malgré deux très belles saisons.
”Oui, surtout la dernière où ils sont passés à un cheveu de l’avoir. C’est la seule chose qui manque à l’Union. On a tout pour y arriver : les joueurs, le coach, le staff. On a tout.”
On nous a dit que vous aviez un certain caractère, dans le sens positif du terme ; plus que ne le laisseraient penser vos 18 ans.
”Je ne suis pas le jeune qui se cache, j’aime prendre mes responsabilités. Dans quelques semaines, on ne me prendra plus pour le petit jeune. D’ailleurs, je ne ressens pas cela ici. À Anderlecht, bien. On me disait : ‘Tu es jeune, tu as du temps devant toi, prends ton mal en patience, continue à t’entraîner.’ Mais ce genre de phrase ne passait pas. Un jeune veut tout, tout de suite, même si ce n’est pas toujours bien. Pour le reste, j’ai une mentalité de bulldog : j’aime rentrer dans les adversaires quand je n’ai pas la balle, mais pas être touché quand je l’ai.”
Vincent Kompany vous apprécie beaucoup, manifestement, puisqu’en plus de vous avoir lancé en équipe première à Anderlecht, il vous voulait à Burnley.
”Vincent (Kompany) a appelé plusieurs fois pour que je vienne. Mais à partir du moment où je me suis dit que j’avais fait mon choix, il n’y avait plus de machine arrière possible. Vincent m’a appris énormément de choses que j’applique aujourd’hui et qui m’aident beaucoup. Je lui suis reconnaissant de m’avoir pris sous son aile. C’est lui qui m’a appelé en équipe première et m’a permis d’avoir un déclic pour me rendre compte que tout peut aller très vite dans le foot. C’est un peu grâce à lui également que j’en suis ici. Quand j’ai choisi l’Union, il m’a dit qu’il serait toujours là pour me suivre et je l’en remercie. C’est une icône… Vincent Kompany, quoi. Je le respecte beaucoup.”

Et vous aimeriez le retrouver comme T1, un jour ?
”On se reverra un jour ; que ce soit dans le même camp ou dans le camp d’en face, j’en suis sûr.”
Vous avez pris part à un match avec les U21 du Congo récemment, après être passé par les U18, 19 et 20 belges. Avez-vous déjà une idée de la sélection que vous choisirez chez les A, si l’opportunité se présente ?
”C’était une première, pour un match amical qui avait lieu en Belgique. Mais je n’ai pas encore fait de choix. Je suis ouvert aux deux sélections, vu que je suis né en Belgique, que mes deux parents sont nés au Congo et que tous mes ancêtres viennent de là. J’avais envie de me faire ma propre idée sur la sélection congolaise ; donc je n’allais pas refuser un appel. J’ai été content de le faire, mais mon choix n’est pas encore fait. Je sais que je ferai le bon. Je vais réfléchir, en parler et revenir avec une décision bientôt. Je ne choisirai pas forcément en fonction de qui m’appelle en premier. Je dois suivre mon cœur pour faire le choix juste.”