Au Standard, 777 Partners poursuit l’opération économie, mais va devoir rendre des comptes
L’investissement du propriétaire américain du Standard reste soumis à certaines questions alors que le mercato va s’activer dans les derniers jours et que la situation sportive est tendue.
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- Publié le 02-09-2023 à 07h00
Quand 777 Partners a été annoncé comme le nouveau propriétaire du Standard, un élan d’optimisme a gagné le club liégeois et ses composantes. L’actionnaire majoritaire américain était présenté comme une société d’investissements aux reins solides, capable de racheter, en plus d’un an et demi, quatre clubs dans leur intégralité (Genoa, Melbourne, Red Star, en plus du Standard) et de monter dans l’actionnariat d’autres, de manière majoritaire (Vasco de Gama, Hertha Berlin) ou non (Séville).
Rapidement, la politique multiclubs a été mise en avant comme un objectif à terme, et quand les Américains ont conclu le deal avec Bruno Venanzi, l’ancien propriétaire, ils avaient annoncé leur ambition de remettre le Standard sur la carte du football belge. La politique du moyen terme était alors avancée par Pierre Locht, le nouveau directeur général, avec une grande mission, en plus du volet sportif : assainir les finances d’un club dont les pertes se situaient aux alentours des 20 millions €.
Un an et demi plus tard, des questions se font de plus en plus insistantes au sujet de 777 Partners et de son investissement. Une enquête du magazine norvégien Josimar a jeté un trouble sur les manières de certains actionnaires et le mercato estival, qui se terminera dans moins d’une semaine, laisse un goût amer aux supporters, mais pas seulement. Les joueurs et le staff se posent aussi des questions… dans l’attente de renforts.
Plus de 27 millions € injectés et une nouvelle intervention attendue
Il convient d’évacuer un premier élément, essentiel, d’abord : depuis le rachat, 777 Partners a injecté 27 693 727 €, sous la forme d’augmentation de capital, en quatre tranches. Cet apport a surtout servi à éponger des dettes, à payer pour partie des factures de fournisseurs, à mettre en ordre le club pour l’obtention de la licence, notamment, à travers une réduction de capital par amortissement de pertes.
Mais il reste des trous à boucher (près d’un million de dettes à l’égard de fournisseurs) et le prochain exercice comptable renseignera encore une perte d’une dizaine voire plus sûrement d’une quinzaine de millions € au moins, et toujours des fonds propres négatifs, ce qui constitue le nœud du problème. Le règlement de la Pro League prévoit en effet qu’à l’horizon 2027, les clubs devront présenter des fonds propres positifs, sous peine de sanctions sportives (retrait de point). Or, au dernier bilan comptable, pour la saison 2021-22, les fonds propres du Standard étaient négatifs à hauteur de 26 538 069 €.
Une nouvelle augmentation de capital devrait être programmée dans les prochaines semaines, et la chasse à l’économie se poursuit dans le même temps. Il apparaît ainsi que les propriétaires américains contestent certaines dettes à honorer alors que la direction locale, avec Pierre Locht et le nouveau directeur financier Giacomo Angelini, augmentent certains prix et tentent de réduire les marges ailleurs.

Le prix des loges en hausse, des fournisseurs “challengés”
Le prix des loges, par exemple, a augmenté d’un peu moins de 10 %, mais cela pourrait aller jusqu’à une hausse de 25 % en cas de qualification pour les playoffs 1. Comme il l’a fait pour les abonnements, le club a adapté ses tarifs en raison de l’inflation et des tarifs des fournisseurs. Mais si la campagne d’abonnements a répondu aux attentes, avec près de 20 000 abonnés, certaines loges n’ont pas trouvé preneur, une rareté à Sclessin, même si on souligne du côté de la direction que ce n’est pas un sujet d’inquiétude. Trois loges sont encore libres, mais certaines seront louées pour quelques matchs, assure-t-on.
Toujours dans cette logique d’économie, des fournisseurs ont également changé, dans le catering par exemple, où la société Gourmet Invent est montée à bord. Cette société basée à Nazareth, présente dans sept clubs de Pro League, offre un service moins onéreux, donc plus intéressant pour le club liégeois, dont la logique est de “challenger” les fournisseurs pour qu’ils en offrent autant qu’avant, pour moins.
Cela peut créer des tensions, et des choix drastiques, aussi, à l’image du licenciement de Benjamin Mignot, ancien responsable commercial à qui il était reproché de ne pas trouver de nouveaux sponsors. Un départ, qu’il faut ajouter à celui de Maxime Filot, ancien responsable du recrutement, qui auront un impact sur les finances.
Le Football Group, bientôt effectif
Ces licenciements doivent en effet être supportés par la comptabilité d’un club dont la masse salariale, par le passé, a explosé. Elle a diminué, et les départs de certains salaires importants parmi les joueurs (Cimirot notamment), a pu aider, mais ce n’est pas encore assez. Les efforts sont toujours nécessaires, et c’est aussi dans cette logique qu’il faut lire la manière de procéder de 777 Partners, qui attend parfois la dernière minute pour honorer certains paiements.
”C’est une manière de procéder très américaine, dit une source proche des milieux financiers. S’ils savent qu’il n’y a pas d’intérêt de retard à payer, ou des pénalités, ils vont attendre la toute dernière échéance pour débloquer les fonds, le temps de faire des affaires ailleurs pour récupérer de l’argent.”
Au début de l’été, l’agence spécialisée Bloomberg avait ainsi annoncé la levée espérée de fonds à hauteur de 200 millions €, avec d’autres partenaires, et le soutien de la société Tifosy, pour renforcer ses bases et créer effectivement son pôle football. D’ici à la fin de l’année, la concrétisation du Football Group sera, espèrent les propriétaires américains, effective – elle ne l’est pas encore, sinon à travers certains visages (Don Dransfield, le CEO, et Johannes Spors, le directeur sportif). L’idée est de favoriser de manière plus poussée, et encadrée, les échanges, qu’ils soient sportifs, commerciaux ou d’autre nature, afin, là aussi, de faire des économies. Contactés, les responsables de Tifosy n’ont pas souhaité répondre à nos questions.
Des promesses non tenues ?
Le propriétaire américain cherche toujours, par ailleurs, à acheter le club de Premier League Everton, signe qu’il veut toujours étendre sa toile. Selon le Daily Mail, l’opération pourrait être retoquée en raison de l’enquête parue dans Josimar. À suivre, donc. Et le Standard au milieu de tout ça ? La gestion du mercato pose question et des rumeurs de promesses non tenues auprès de Carl Hoefkens ont pu naître, ces derniers temps.

Les discussions entre l’entraîneur et la direction, qui dépend de 777 Partners, en vue de l’engagement de l’ancien défenseur, ont évidemment porté sur la constitution du noyau, pour qu’il soit en adéquation avec l’ambition de rejoindre le top 6. Mais, assure-t-on du côté de la direction, il n’a jamais été question de promesses chiffrées. Le Standard a-t-il pu espérer toutefois réaliser certaines ventes, pour mieux investir ensuite, alors ?
Certaines ventes récentes ont été réalisées, et la dernière en date d’Aron Donnum va rapporter des fonds, à réinjecter pour partie dans la semaine à venir. Mais le temps sportif presse, et si 777 Partners souhaite que ses clubs s’autorégulent, il va être temps de passer la deuxième, à commencer lors de la réception du RWDM. Sous peine de rendre des comptes, et pas uniquement sur le plan financier…