Il avait remis un cadre et ramené l’espoir
Ronny Deila a marqué son passage à Liège par un management positif, un coaching offensif et un discours direct… jusqu’à ces derniers jours, qui ternissent son image.
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Publié le 26-05-2023 à 06h00
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C’était une belle histoire, et c’est sans doute parce qu’elle était belle et qu’elle s’est finie dans le fracas, que la séparation est douloureuse pour le Standard et ses supporters. Quelle trace va laisser Ronny Deila dans l’histoire rouche ? Sur un plan humain, il va rester des cicatrices et l’ambiance de Sclessin, samedi soir pour le match contre le Cercle Bruges, en dira un peu plus.
Sur un plan sportif et comptable, le bilan du Norvégien est tout juste à l’équilibre, avec 50 % des points pris en championnat. Les Europe playoffs, forcément, plombent les statistiques. Sans le 2 sur 12, il naviguerait autour des 55 % des points pris, encore loin des chiffres de Michel Preud’homme, le meilleur bilan des entraîneurs du Standard au XXIe siècle.
Pour faire la synthèse du passage de Deila au Standard, et mesurer son impact, il faut prendre un peu de recul par rapport aux chiffres, et se rappeler qu’il est arrivé en bord de Meuse dans un club en reconstruction. La plus grande force du prochain entraîneur du Club Bruges a été de ramener un cadre, des principes et un management positif, avec un noyau limité, et dans des conditions pas toujours évidentes.
Un bilan qui ne peut pas se lire qu’à travers les chiffres
Quand il a posé les bases de son travail, lors du stage estival à Garderen (Pays-Bas), Deila a rapidement convaincu par son discours direct et des prises de décision radicales. Il a écarté Mathieu Cafaro et Moussa Sissako, après deux jours, parce qu’il a estimé que les deux joueurs n’étaient pas assez impliqués, et il craignait pour l’ambiance générale.
Il a, plus tard, accepté la décision de sa direction de se passer de Selim Amallah et de Nicolas Raskin, en raison des divergences de vues portant sur la prolongation du contrat des deux joueurs. L’ironie de l’histoire est que c’est lui, désormais, qui passe pour le mercenaire aux yeux de supporters qui avaient peu goûté les comportements de Raskin et d’Amallah.
Le discours de Deila a toujours été celui d’un entraîneur proche du peuple, au point qu’il a fait l’unanimité, comme rarement ces dernières saisons pour un entraîneur, l’objet d’une chanson et d’un t-shirt à son effigie. Les derniers jours, avec une communication moins assurée – des mensonges, au moins de manière implicite, diront certains – ont sérieusement abîmé son image.
Il était le symbole du redressement du Standard
Mais au fond, Deila était devenu l’incarnation du renouveau du Standard, et c’était à la fois une bénédiction et un problème. Une bénédiction puisque cela a permis au club de travailler sereinement, avec des résultats meilleurs qu’espérés et malgré des moments plus délicats. Mais c’est devenu un problème dès lors que celui qui était le visage du redressement masquait des lacunes plus profondes, au niveau d’un groupe qui avait encore besoin de grandir et de s’améliorer.
Dans ses choix d’entraîneur, Deila a fait évoluer son plan de jeu, aussi, pour trouver le système (3-4-3) qui convenait le mieux avec les joueurs qu’il avait à sa disposition. Ses changements, en cours de match, ont aussi été sa marque de fabrique, pour influencer le cours d’une rencontre. Il aura été limité, en revanche, dans les ressources mises à sa disposition, et il faut y voir sa volonté de quitter le Standard.
Que reste-t-il, alors, des 40 matchs de Ronny Deila à la tête du Standard ? Une sixième place au terme de la phase classique, des matchs de référence, notamment à Sclessin, contre l’Antwerp, Westerlo et… le Club Bruges. Mais une fin d’histoire qui laissera des regrets, comme chaque belle histoire qui se termine, au fond.