Cédric Fauré, l’ancien Unioniste passé à Anvers en D1B : “J’ai perdu de l’argent en quittant l’Union pour l’Antwerp”
L’attaquant français a joué pour les deux équipes qui s’affrontent ce dimanche.
Publié le 24-05-2023 à 07h02 - Mis à jour le 24-05-2023 à 09h31
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Certains transferts font toujours plus grincer des dents que d’autres. Celui de Cédric Fauré, parti de l’Union au milieu de la saison 2015-2016 vers l’Antwerp, fait partie de cette catégorie. L’attaquant français est alors en pleine bourre avec le club bruxellois qui truste les premières places de la D1B… avant que le concurrent anversois ne rabatte toutes les cartes en transférant le meilleur buteur unioniste. “Avec le recul, je reste persuadé que l’Antwerp m’a transféré pour déforcer l’Union dans la course au titre”, lance celui qui est devenu l’entraîneur de l’Union Namur.
Cédric Fauré se souvient de cette époque bien lointaine de celle qui va voir les deux équipes s’affronter ce dimanche pour le titre en D1A…
L’arrivée à l’Union
”Durant l’été 2015, j’étais au Sporting Charleroi quand le projet de l’Union est arrivé sur la table. Le club venait de monter en D1B et cherchait un attaquant avec de l’expérience. On m’a expliqué que l’équipe allait être construite autour de moi. En tant que joueur, c’est toujours gratifiant d’entendre cela (sourire). Quand je suis allé au Stade Marien la toute première fois, il s’est passé quelque chose. J’aimais bien le cadre, l’ambiance et j’ai signé dans la foulée. Il n’y avait pas de peur de passer de la D1A à la D1B : j’aurais pu attendre d’autres propositions de D1A mais j’ai choisi un club où je me sentais désiré et où j’allais pouvoir prendre du plaisir.”
"Sans me mettre en avant, j'étais la locomotive de l'Union."
La période à l’Union
”Lors des dix-huit premiers matchs de cette saison 2015-2016, je me souviens avoir marqué onze buts : un attaquant est très pointilleux avec les statistiques (sourire). Tout se passait très bien, nous étions deuxièmes et j’étais un cadre de l’équipe avec le plus gros CV. Sans me mettre en avant, je peux dire que j’étais la locomotive de l’équipe. Nous avions un chouette noyau avec des joueurs comme Neels, les frères Cabeke ou Morren. Il n’y avait pas de grandes stars mais un groupe cohérent et qualitatif. Je me souviens encore de l’ambiance dans ce stade. Je suis d’ailleurs encore en contact avec de nombreux supporters de l’Union : quand j’ai terminé ma carrière professionnelle, j’ai rejoint une équipe de vétérans à Drogenbos, pour laquelle je joue encore aujourd’hui, composée essentiellement de supporters de l’Union.”

L’arrivée à l’Antwerp
”J’entends parler de l’intérêt de l’Antwerp six mois après mon arrivée à l’Union, durant la période de Noël, via un agent. Je n’avais pas envie de partir car tout se passait bien à l’Union mais je dois avouer que c’était gratifiant d’intéresser un club de cette envergure à mon âge. J’ai dit à mon agent que j’étais le meilleur buteur de l’Union et que le club n’allait jamais me laisser partir. J’ai quand même accepté de rencontrer le Président de l’Antwerp car il ne faut jamais fermer des portes. Je lui ai tenu le même discours en lui disant que j’avais un trop grand rôle à l’Union pour qu’ils me laissent partir. Une semaine plus tard, je tombe des nues en apprenant que les deux clubs ont trouvé un accord… Le regretté Guy Brison (NdlR : ancien directeur sportif du club) m’a expliqué qu’il ne pouvait pas refuser une aussi grosse offre pour un joueur de mon âge. J’étais déçu car je me voyais rester à l’Union mais, en même temps, je me suis dit que cela allait pouvoir aider le club.”
Pourquoi les Unionistes croient en leurs chances à l’AntwerpLa période à l’Antwerp
”Je me rappelle que le président de l’Union, Jürgen Baatzsch, avait fait une caricature de moi sur les réseaux sociaux en disant que j’étais parti pour l’argent. Alors que j’ai perdu de l’argent en rejoignant l’Antwerp ! J’avais 2000 euros en moins dans mon salaire et les primes étaient moins élevées… C’est seulement si on retournait en D1A que mon salaire était plus conséquent. Quand j’ai rejoint le groupe en stage en Espagne, je suis arrivé dans un monde beaucoup plus professionnel. Je pensais vraiment pouvoir faire mieux qu’à l’Union car j’étais entouré de joueurs plus qualitatifs comme Limbombé, Dequevy ou Hairemans et les adversaires n’avaient pas changé. Mais le coach David Gevaert n’avait pas les épaules pour gérer cette équipe. Il ne m’a pas respecté. Il faisait des choix bizarres à tel point que mes coéquipiers ne comprenaient pas pourquoi je ne jouais pas… La déception a été énorme de ne pas monter en fin de saison, j’aurais eu mon nouveau contrat…”

Le retour à l’Union
”En fin de saison, nous jouons à l’Union avec l’Antwerp et je me suis fait siffler en montant au jeu. Je n’en voulais pas aux supporters qui avaient écouté le Président pour qui j’étais parti pour l’argent. Maintenant, ils connaissent la vérité. Durant la préparation d’avant-saison, Fred Vanderbiest a pris les rênes de l’Antwerp et a voulu moduler son équipe autour de moi mais le club a préféré me mettre de côté. J’ai résilié mon contrat et j’avais deux possibilités : soit, je signais à l’Union; soit, je signais à Molenbeek. Finalement, je suis tombé d’accord avec l’Union où je perdais encore de l’argent par rapport à ma période anversoise… Je voulais juste aider le club et me refaire une santé. Je me rappelle que le coach Marc Grosjean avait encore mon départ en travers de la gorge car il n’avait pas été mis au courant des tractations avec l’Antwerp…”
"En quittant l'Antwerp, je signais soit à l'Union, soit à Molenbeek."
L’évolution de l’Union
”Je sentais que l’Union pouvait viser la D1A car ils avaient tous les ingrédients pour y arriver. Avec le rachat des Anglais, il y a eu un véritable déclic qui a permis au club d’entrer dans une nouvelle dimension. L’arrivée de Felice Mazzù a aussi permis d’avoir un renouveau et de réaliser trois saisons incroyables dans la foulée. Je pense quand même que le club arrive en fin de cycle et qu’il va falloir pas mal reconstruire la saison prochaine. Tous les joueurs m’impressionnent même si j’ai un coup de cœur pour Teddy Teuma. Je suis aussi étonné de la réussite de Karel Geraerts en tant que coach même s’il est plus facile de débuter une carrière d’entraîneur quand le noyau est déjà mis en place et que les automatismes entre les joueurs sont présents. Dimanche, cela va être tendu. Le Bosuil sera un chaudron avec des fans remontés à 2000 %. L’Union est capable de faire un bon résultat mais je sens que les Anversois marcheront sur l’eau…”

L’évolution de l’Antwerp
”Le club était programmé pour réussir au plus haut niveau avec un passé glorieux, un capital supporter énorme et de l’argent. L’aspect financier conditionne le tout : si on donne 50 millions d’euros à Beveren ou Saint-Trond, ils joueront certainement les premières places… Ils ont commis un faux pas à Bruges mais ils restent les plus réguliers. La défense est solide, le milieu de terrain est impressionnant avec le jeune Vermeeren et Janssen est très efficace. L’Antwerp est le grand favori pour le titre mais, dans un coin de ma tête, j’espère que l’Union parviendra à réussir un magnifique coup…”