Comment le staff du Standard prépare-t-il ses matchs?
Ronny Deila peut s'appuyer sur un staff avec lequel il a tissé une relation amicale tout autant que professionnelle. Qui fait quoi, durant la semaine de préparation?
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Publié le 20-05-2023 à 12h00
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Quand il a été présenté au Standard, il y a un peu moins d’un an, Ronny Deila avait expliqué qu’il voulait revoir des sourires à l’entraînement, de la bonne humeur, pour effacer les mauvais souvenirs d’une saison historiquement faible.
Si la fin de saison laissera sans doute un petit goût d’inachevé, le bilan global des Rouches reste correct, vu d’où ils viennent. Et si les sourires ont été moins présents après la déception d’un premier tour de Europe playoffs trop moyen (2 sur 9), il reste une satisfaction, en interne, au sujet de la bonne entente entre les joueurs et le staff.
Quand il a pris ses fonctions, le technicien norvégien a dû apprendre à connaître ses adjoints, puisqu’il n’était arrivé qu’avec un seul assistant, Eifran Juarez (voir par ailleurs). Les premières semaines, et notamment le stage estival à Garderen (Pays-Bas), avaient été l’occasion de se jauger, tout en analysant le noyau.
S’il a pu y avoir quelques interrogations sur les méthodes du Norvégien, notamment sur le plan physique, les éventuels doutes ont été rapidement évacués après les premières semaines de la préparation. Deila, au style direct et ouvert, a laissé la place à son staff, pour s’exprimer et prendre ses responsabilités.
Plongée dans la vie d’un staff qui vit bien, pour reprendre une expression connue dans le milieu du foot.

Le lundi, quand beaucoup se décide
Le lundi, c’est réunion, au Standard. Tous les départements du club sont réunis pour débriefer le match du week-end et se projeter sur le prochain. Ronny Deila écoute les retours des adjoints, des préparateurs physiques, de l’analyste vidéo. “Il prend les informations, pour comprendre ce qui a bien fonctionné et ce qui n’a pas été, et comment corriger”, explique Geoffrey Valenne, l’un des adjoints.
Il est aussi question du prochain adversaire, et de la semaine d’entraînement à programmer. Jean-François Gillet, l’entraîneur des gardiens, a aussi un rôle à jouer. “On discute avec Ronny de la manière de relancer pour Arnaud (Bodart), par exemple, en prévision de ce que fait l’adversaire.” La teneur et la charge des entraînements sont également discutées lors de ce briefing de début de semaine.
Dans les jours qui suivent, sur le terrain d’entraînement du SL16 Football Campus, les adjoints Eifran Juarez et Geoffrey Valenne dirigent les exercices, sous l’œil de Ronny Deila, qui arrête et corrige pour donner les explications. “Plus la saison passe, plus on peut prendre nos responsabilités”, apprécie Valenne.
Chaque adjoint a son groupe de joueurs
C’est une particularité du fonctionnement du staff liégeois. Chaque adjoint a un groupe de joueurs sous sa responsabilité. Eifran Juarez, Geoffrey Valenne et Frazer Robertson débriefent chaque match de manière individuelle avec les joueurs placés sous leur “tutelle”.
”En début de saison, on a fixé trois ou quatre objectifs à chaque joueur et on fait un point régulier.” Marlon Fossey, par exemple, doit veiller à réussir son premier contrôle et bonifier la qualité de ses centres. Un travail individuel peut être effectué, en marge des entraînements collectifs, pour améliorer les points de travail.

Ce travail spécifique concerne plus encore Jean-François Gillet, l’entraîneur des gardiens. Le poste est à part, mais tout aussi important, et la communication est nécessaire. “Ronny écoute ce qu’on lui dit, explique Gillet. De plus en plus d’entraîneurs veulent faire du gardien un onzième joueur de champ. Mais le premier boulot d’un gardien, c’est d’arrêter les ballons, de sauver l’équipe quand c’est nécessaire. On peut en discuter librement avec Ronny, sur le rôle d’Arnaud et ses objectifs.”
Parmi les adjoints, Frazer Robertson est, lui, arrivé en cours de saison. Cet Écossais, qui commence à parler français, est le lien utile pour les joueurs du SL16 FC qui montent dans le noyau A, à l’image de Lucas Noubi ou Ibe Hautekiet. Ce poste a été créé car il est apparu, en début de saison, qu’une personne en plus devait faire le lien entre le noyau A et celui du SL16 FC, ce que Geoffrey Valenne, qui a été l’entraîneur des Espoirs jusqu’à la saison passée, ne peut plus faire en raison de son emploi du temps avec le staff du noyau A.
Robertson, qui assiste à certains entraînements des professionnels, est aussi présent auprès du SL16 FC, l’équipe qui évolue en Challenger Pro League. Il effectue également un travail individuel quand c’est nécessaire, par exemple quand un joueur est suspendu et a besoin d’une charge de travail supplémentaire – c’était le cas pour Noubi la semaine dernière.
Le briefing du vendredi
À mesure que la semaine avance, le staff précise ce qu’il attend des joueurs, à l’entraînement, en prévision du match du week-end. Le vendredi, un briefing plus important est donné au groupe, pour y parler de l’adversaire mais aussi des phases arrêtées.
Lovic Mandela Son, l’analyste vidéo, présente l’adversaire – il avait déjà fait une présentation au staff, lors de la réunion du lundi. L’idée est de noter les qualités et faiblesses. Ronny Deila prend plus la parole lors de ce briefing, pour donner ses consignes tactiques, attirer l’attention sur les dangers. C’est un discours plus tactique qu’émotionnel, celui-là est plutôt délivré une heure avant le match.
Les phases arrêtées sont aussi étudiées, et travaillées. “On en parle trois jours avant le match, explique Geoffrey Valenne, qui a cette spécificité dans ses attributions. Deux jours avant, on travaille avec les frappeurs, souvent Philip (Zinckernagel) et Aron (Dönnum). La veille du match, on travaille les phases arrêtées défensives. Le jour du match, enfin, on présente la manière dont l’adversaire joue ses phases arrêtées, c’est un briefing de cinq ou dix minutes.”
La vie hors du terrain, ça compte aussi
Ronny Deila attache beaucoup d’importance au relationnel. Il lui arrive d’inviter son staff au restaurant, comme il a pu organiser des moments de détente pour son groupe, en dehors des infrastructures liégeoises. Sur le chemin du retour de la défaite au Club Bruges, le 12 mars dernier, le groupe s’est ainsi arrêté à Louvain, pour partager un repas commun.
Le technicien norvégien délègue à ses adjoints, et leur fait confiance. “Il nous laisse une liberté de travail, tant que c’est fait. Mais attention, si ce n’est pas assez bon, il n’ira pas par quatre chemins pour te le dire”, précise Jean-François Gillet, qui met en avant les qualités humaines de Deila. “Il attache de l’importance aux liens sociaux dans un groupe, à la bonne entente.”
Quand certains entraîneurs veulent avoir leurs adjoints sous la main, tout le temps, Deila les laisse rentrer chez eux, quand c’est nécessaire, pour finir le travail de préparation.
Le staff de Ronny Deila
Efrain Juarez (entraîneur-adjoint) L’ancien international mexicain a connu Ronny Deila lors de sa dernière saison de joueur à Valerenga (2018-19) puis il est devenu son entraîneur-adjoint à New York et désormais au Standard.
Geoffrey Valenne (entraîneur-adjoint) Ce préparateur physique de formation, devenu entraîneur, a dirigé les Espoirs liégeois la saison passée, après être passé par le centre de formation liégeois.
Frazer Robertson (entraîneur-adjoint) Arrivé en cours de saison, cet entraîneur écossais a renforcé le staff pour aider les jeunes du SL16 qui doivent monter dans le noyau professionnel.
Jean-François Gillet (entraîneur des gardiens) L’ancien gardien international (9 caps) est responsable des gardiens depuis 2021. Il a à sa charge les portiers du noyau A, mais regarde aussi l’évolution des gardiens de l’académie.
Lovic Mandela Son (analyste vidéo) L’analyste vidéo a intégré le noyau professionnel dans le courant de la saison passée, après avoir été analyste vidéo pour les équipes d’âge.