Les souvenirs liégeois de Sinan Bolat : “On serait encore champion avec cette équipe”
Le gardien de Westerlo (34 ans), passé par le Standard de 2009 à 2012, revient à Sclessin ce samedi. Il ouvre la boîte aux souvenirs.
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Publié le 13-05-2023 à 06h00 - Mis à jour le 13-05-2023 à 11h19
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Sinan Bolat revient à Sclessin pour la dix-huitième fois, ce samedi soir. L’ancien gardien du Standard (131 matchs, toutes compétitions confondues) a accepté l’idée de revisiter ses années liégeoises au travers de huit photos marquantes.
Le premier match : “J’étais surpris”

”J’ai joué mon premier match en Coupe d’Europe, ce qui n’est pas courant. La veille du match contre Braga (1/16 de finale retour de Coupe de l’UEFA, le 26 février 2009), Laszlo Bölöni m’a dit que j’allais jouer alors qu’Espinoza était le titulaire habituel. J’étais surpris à vrai dire, pour un match aussi important, mais j’ai compris ce soir-là que j’avais la confiance de l’entraîneur et du staff. Je me suis blessé à l’aine et j’ai dû être remplacé à la mi-temps (NdlR : il a disputé son premier match de championnat contre le Beerschot le 5 avril). Je ne me suis jamais cru numéro un, devant Espinoza, un bon équipier et un vrai bon gars. Il a été déçu de mon arrivée pendant le mercato hivernal ? Il ne l’a jamais fait ressentir.”
Le penalty de Ruiz arrêté : “Le moment le plus fort de ma carrière”

”C’est le moment le plus fort de ma carrière au Standard, plus fort encore que le but contre Alkmaar. C’est plus fort car cet arrêt nous a permis de jouer le test-match contre Anderlecht, et on connaît la suite. J’étais totalement détaché au moment du penalty (de Bryan Ruiz, dans les arrêts de jeu et alors que le Standard menait 0-1). Je ne voulais pas me disperser dans des discussions avec l’arbitre. Après l’arrêt, je me rappelle que Goreux me bouscule, puis à la fin du match quelqu’un m’a porté sur ses épaules pour aller voir les supporters. On me parle encore de cet arrêt, surtout à Liège. Le but contre Alkmaar a été plus marquant, mais pour moi cet arrêt est LE moment de mon passage au Standard, un moment fantastique.”
Le test-match contre Anderlecht : “La meilleure équipe dans laquelle j’ai joué”

”Je vous le garantis : mettez notre équipe de l’époque, dans le championnat actuel, et on serait champion. Facilement. Cette équipe était fantastique. On avait l’expérience, les qualités individuelles, la mentalité, le meilleur mix possible qui nous a permis de remporter le championnat et de gagner le test-match (1-1 ; 1-0). En dehors du terrain, on s’entendait assez pour aller boire un verre ensemble, et sur le terrain on formait un vrai bloc, concentré sur le même objectif. À l’entraînement, Jovanovic et Mbokani voulaient soigner leurs stats, ils se poussaient l’un et l’autre pour progresser. C’était, disons, amusant à regarder, parfois. C’est sans doute la meilleure équipe dans laquelle j’ai joué. Je suis encore parfois en contact avec Steven (Defour) ou Mbokani.”
Le but contre AZ Alkmaar : “Je le revois souvent”

”Un gardien qui marque un but, c’est rare. Le faire en Ligue des champions, c’est encore plus rare et cela rend la chose historique. On me reparle souvent de ce but, je le revois toujours avec plaisir quand on me l’envoie ou qu’on me le propose. On devait égaliser (1-1) pour être repêché en Ligue Europa. J’ai pris la décision de monter, avec l’appui de Jean-François (Lecomte, l’entraîneur des gardiens). Sur le moment du but, tu oublies tout, c’est une décharge d’adrénaline. Je traverse le terrain, et on voit que Cyriac essaie de me rattraper (sourire). Tu ne sais pas ce que tu fais. Le speaker du stade (Jacques Massart) a crié huit fois mon nom, je l’ai compté à force d’avoir revu le but (sourire). L’ambiance après le match était folle, mais pas autant que pour le titre.”
Le quart de finale de Ligue Europa contre Hambourg : “On a rêvé de gagner la Coupe d’Europe”

”Repêché en Ligue Europa, on a échoué en quart de finale contre Hambourg (2-1 ; 1-3), mais cette campagne européenne, dans son ensemble, reste un beau souvenir. Les matchs de Ligue des champions (contre Arsenal, Olympiacos et Alkmaar), le match retour à Salzbourg (0-0 en 1/16 de finale), c’était costaud. Honnêtement, on a rêvé de gagner la Coupe d’Europe, en arrivant en quart de finale, mais Hambourg était trop fort. Le numéro 10 (Petric, double buteur au retour) m’avait impressionné. En championnat, on vivait une saison compliquée (NdlR : le Standard a disputé les playoffs 2), donc la Coupe d’Europe était une manière d’avoir autre chose. Dominique D’Onofrio avait pris la succession de Laszlo Bölöni, qui gardera une place à part puisque c’est l’entraîneur qui m’a lancé. Dominique, lui, était comme un papa pour nous.”
Le titre perdu à Genk : “Le moment le plus douloureux”

”Un match fou, un ascenseur émotionnel. L’ouverture du score (par Mangala), la blessure de Mehdi (Carcela), les arrêts de Courtois, le but de Kennedy. On avait vécu une phase classique compliquée et on ne méritait pas le titre sur cette phase. Mais sur les playoffs (NdlR : le Standard avait réalisé un 26 sur 30)… Quand on a vu la composition d’équipe pour le premier match à Anderlecht, on a été surpris, mais on savait que l’objectif était la Coupe de Belgique puisqu’on jouait la demi-finale retour quelques jours après et qu’on partait de loin en playoffs. La victoire à Anderlecht puis celle à domicile (contre Genk, 2-1) ont libéré l’équipe. On était si proche de réaliser le doublé.”
La victoire en Coupe de Belgique : “On a eu Mehdi au téléphone juste avant le match”

”Il avait fallu digérer la déception de la perte du titre à Genk et les quelques jours qui ont suivi, avant la finale (contre Westerlo), ont été pénibles. On était déçu mais aussi inquiet pour Mehdi (Carcela), on ne savait pas trop comment il allait. Le jour du match, quelques minutes avant, dans le vestiaire, on a eu Mehdi par téléphone. Il nous souhaitait bonne chance, nous demandait de gagner pour lui. C’est un match qu’on a gagné (2-0) grâce à notre expérience, pas en raison de nos qualités tactiques ou techniques. On a eu Mehdi après le match, par FaceTime.”
Le dernier match : “Je suis un peu déçu de la manière dont ça s’est terminé”

”Je revois très bien la phase de ma blessure, et j’ai encore la date : 22 avril 2012. Un face-à-face à Kevin De Bruyne, mon genou se dérobe et je sens tout de suite que ce sont les ligaments croisés. Je jouais avec une faiblesse au genou et je portais parfois un tape, on le voit sur certaines photos. Cette saison-là, je m’étais déjà blessé au genou, après que Dalmat m’est retombé dessus à Bruges. Le docteur disait qu’on pouvait éviter l’opération. Là, je n’ai pas pu l’éviter. C’était mon dernier match pour le Standard, et je suis un peu déçu de la manière dont ça s’est terminé. Je pouvais partir à Fulham, mais ma blessure a changé les plans, même si j’ai fait ma rééducation à Fulham. Mais on ne m’a pas proposé de renouveler le contrat, au Standard, et je n’étais plus trop demandeur de rester. En fait, avec le recul, je me dis qu’après la victoire en Coupe de Belgique (2011), j’aurais dû partir. Je me sentais prêt, mais je n’ai pas formalisé ma demande pour un départ.”
”Westerlo sera mon dernier club”
Après le Standard, Sinan Bolat a transité par plusieurs clubs (Porto, Kayserispor, Club Bruges, Antwerp et Gand), avant de signer contrat à Westerlo, jusqu’en juin 2026. “Westerlo sera mon dernier club, explique le gardien de 34 ans, qui balaie d’un revers de main la rumeur d’éventuels soucis au genou. Je n’ai plus été blessé depuis six ans, je n’ai quasiment raté aucun match ou entraînement, sauf suspension ou choix de l’entraîneur. Tout va bien pour mon genou, rassurez-vous, et je compte bien aider Westerlo à grandir comme j’ai pu aider l’Antwerp.”