Coups de gueule ou mots justes: Karel Geraerts est aussi un bon psychologue
Réputé plus froid que Mazzù, l’entraîneur de l’Union Saint-Gilloise démontre qu’il sait comment s’adresser à son groupe. À sa manière, mais avec justesse.
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Publié le 10-05-2023 à 06h50
”J’ai été très ouvert au niveau de ma communication avec les joueurs et le message a très bien été reçu.” Karel Geraerts a visé juste, en fin de semaine passée, pour relancer son équipe qui venait de perdre à domicile contre l’Antwerp au terme d’un match très décevant. Le mentor de l’Union Saint-Gilloise révèle de nombreuses qualités en cette première année d’entraîneur principal, et l’art de trouver les mots adéquats n’est pas la dernière. Son caractère, très différent de celui de Felice Mazzù, a parfois donné l’impression qu’il était moins fin psychologue que le Carolo, chez qui le sens du relationnel est toujours cité comme principale qualité, lorsqu’on interroge ses joueurs.
Mais Geraerts a démontré en dix mois que, même s’il a son propre style, il sait également comment parler à son groupe et le gérer. Felice Mazzù était capable de pousser une gueulante lorsqu’il le fallait et d’enlacer un joueur lorsqu’il en sentait le besoin. Geraerts, lui, est moins démonstratif et paternaliste dans son approche, mais cela ne l’empêche pas de savoir s’entretenir avec un joueur entre quatre yeux lorsqu’il le faut. “J’ai parlé avec Boniface”, a-t-il expliqué samedi soir, en faisant référence à la sortie agacée de l’attaquant nigérian, qui avait filé directement au vestiaire trois jours avant lorsqu’il avait été remplacé. “Il était déçu de son match contre l’Antwerp, mais je préfère qu’il rentre se calmer cinq minutes au vestiaire. J’ai discuté avec lui à l’entraînement : c’est un gars qui a beaucoup d’ambition et je n’ai pas de problème avec ça.” Le Nigérian lui a bien rendu en marquant un but décisif à Bruges.

Les joueurs ont compris pourquoi j'ai gardé le même onze.
Le coup de maître de Geraerts aura été d’annoncer tôt à son groupe que les mêmes titulaires seraient reconduits pour aller à Bruges. D’habitude dévoilé lors de la théorie d’avant-match, le onze était connu bien avant samedi par tous et c’était, pour le T1, une façon de marquer sa confiance à ceux qui lui ont si souvent donné satisfaction depuis le début de la saison. “J’attendais une réaction de mes joueurs. Et on a su trouver les bons mots”, expliquait-il samedi. “C’est vrai, on n’avait pas joué notre meilleur match contre l’Antwerp, mais je ne suis pas quelqu’un qui panique vite, et on sait que les titulaires ont beaucoup de qualités, même si d’autres poussent derrière pour recevoir du temps de jeu. Tous les joueurs ont compris pourquoi j’ai réaligné le même onze.” Et, surtout, celui-ci a montré un autre visage pour enfin vaincre la bête noire brugeoise.
Secousses à la mi-temps à Courtrai

Pas mal d’entraîneurs auraient changé deux à trois pions après le match loupé à l’Antwerp, d’autant qu’il faisait suite à quelques rencontres de phase classique où les Unionistes avaient démarré la partie par le mauvais bout. Mais Geraerts a fait un choix moins évident. Qui aurait pu lui coûter cher, car certains remplaçants comme Puertas, El Azzouzi, Nilsson voire Terho n’auraient pas volé une place dans le onze vu leurs belles montées au jeu. Mais le choix du T1 a été gagnant. La plus grande qualité de Geraerts est de “toujours rester très calme et bien évaluer une situation même dans un moment chaud. Il ne va pas prendre des décisions en mode panique. Il ne se fâche jamais à cause du stress, il reste toujours très cool”, soulignait Philippe Bormans peu avant la 50e de son entraîneur sur le banc de l’Union.
Une caractéristique utile tant dans la gestion tactique d’un match que dans l’approche psychologique de son groupe. Mais il ne faudrait pas croire que Karel Geraerts ne lâche jamais un mot plus haut que l’autre et n’est pas capable de s’emporter. Les murs du vestiaire visiteur de Courtrai s’en souviennent encore, eux qui ont tremblé lorsque le T1 a dû réveiller son équipe, à la mi-temps d’un match où elle était absente, en toute fin de phase classique. Geraerts s’est emporté – “j’aurais pu changer les onze joueurs”, a-t-il même dit après coup –, a effectué quatre changements simultanés à l’heure de jeu et a vu son équipe, menée 2-1, s'imposer 2-4.
Dix jours plus tard, à même la pelouse quelques instants après la défaite subie face à l’Antwerp, l’entraîneur a mis son équipe devant ses responsabilités. L’heure n’était plus au haussement de ton, ce qui aurait pu semer le doute, mais à la remobilisation via des mots choisis et forts. Autre contexte, autre style. Mais même résultat.