Au Standard, les corps commencent à souffrir
Quelques déclarations après la défaite contre Gand ont laissé sous-entendre que les Liégeois tiraient la langue en cette fin de saison. Étonnant.
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Publié le 09-05-2023 à 16h00
”On a joué une bonne heure puis on a manqué d’énergie. C’est une longue saison, et on avait quelques joueurs qui revenaient de blessure.” Samedi soir, dans la foulée de la défaite du Standard contre Gand (1-2), Philip Zinckernagel a donné une grille de lecture du revers des Rouches, à la fois inexplorée encore cette saison et étonnante.
À l’approche du quarantième match (à Westerlo, le 20 mai prochain), les corps liégeois commenceraient à fatiguer. Ce sont souvent les mêmes joueurs qui reviennent de semaine en semaine, et il y aurait une forme de logique que certains commencent à tirer la langue ou se plaignent de petits bobos, à l’image de Zinckernagel, qui doit jouer en étant gêné par une douleur persistante au mollet.
C’est l’effet pervers du manque de profondeur de banc, au Standard. À force de faire appel aux mêmes éléments, Ronny Deila sait qu’il expose chaque fois un peu plus ses titulaires à une éventuelle blessure alors qu’il avait été épargné jusqu’ici, à l’exception des blessures longue durée de Gilles Dewaele et Nathan Ngoy. William Balikwisha, sorti blessé au Cercle Bruges à la suite d’un mauvais coup reçu sur la cheville, espérait être de retour pour la réception de Gand, mais il a dû déclarer forfait la veille.
Un manque de rotations
À Louvain, pour le dernier match de la phase régulière, Gojko Cimirot avait dû faire l’impasse, par précaution (tout comme Zinckernagel), alors que Noë Dussenne et Kostas Laifis, en début de saison, ont également été freinés, sans plus connaître de gros soucis ensuite, mais en gardant un œil sur leur gestion quotidienne, à l’entraînement.

Huit joueurs de champ ont passé au moins 2000 minutes sur le terrain (*), en championnat, et le neuvième, Marlon Fossey, les aura atteints dans les quinze jours si tout se passe bien. Si la barre symbolique des 2000 minutes n’a rien d’extraordinaire, elle démontre un manque de ressources.
Depuis le début de l’année 2023, l’absence de rotations s’est renforcée et les matchs au Cercle Bruges et contre Gand ont rappelé les limites du noyau liégeois. Contre Westerlo, ce samedi soir, sans Alzate, suspendu, et peut-être sans Zinckernagel ni Balikwisha, blessés, le manque pourrait être encore plus évident.
Moins de différence dans la dernière demi-heure
Un autre élément renforce l’idée que le Standard a un peu plus de mal à faire la différence. Jusqu’à la trêve de la Coupe du monde, les Rouches avaient réussi à marquer douze buts dans la dernière demi-heure, en dix-sept matchs, et cela a pu parfois compter. Les buts pour arracher le nul (2-2) contre Gand ou les victoires à Zulte Waregem (0-3), à Courtrai (0-1) et contre Ostende (1-0) sont tombés durant les trente dernières minutes.
Depuis, soit l’équivalent de dix-neuf rencontres, les Liégeois n’ont planté que dix buts au cours des trente dernières minutes. Et si les réalisations à l’Union (2-4) et à Anderlecht (2-2) ont rapporté, celles contre Charleroi (3-1) ou Westerlo (2-0), les dernières en date, ont surtout conforté l’avantage, avant de faire nettement la différence.
Ce qui pouvait être une force, à une époque de la saison, ce regain d’énergie et cette capacité à prendre le dessus, l’est donc moins, faute de forces vives et de changements qui permettent de faire basculer une rencontre. Avec quatre matchs pour finir la saison, les Liégeois parviendront-ils à trouver un second souffle ?
Et si c’était dans la tête ?
C’est le dernier élément de l’observation, plus étonnant. Pas engagé en Coupe d’Europe, au contraire de La Gantoise, et éliminé en huitièmes de finale de la Coupe de Belgique, le Standard n’aura joué que 42 matchs au terme de cette saison. Les Buffalos en auront disputé 58, soit l’équivalent de 1440 minutes de plus.
Surtout, les Gantois ont laissé l’impression d’être plus frais, pour finir le match, samedi soir. À titre de comparaison, Hugo Cuypers et Sven Kums ont passé plus de 4000 minutes sur la pelouse, toutes compétitions confondues, et six Buffalos sont à 3000 minutes et plus au compteur.
S’il est excessif d’écrire que les Rouches sont à la peine, physiquement, il est tout de même étonnant de voir à quel point ils ne parviennent plus à passer la vitesse supérieure, quand la route s’élève. Au-delà des jambes, c’est peut-être aussi dans les têtes que cela se joue.
Le Standard n’a pas les certitudes d’une équipe bien installée et conquérante, elle est toujours sur un fil, avec une marge de manœuvre limitée. Dans son management, Ronny Deila doit toujours demander le maximum, et cela peut user d’être toujours sur le qui-vive, à la merci du moindre relâchement.
(*) Merveille Bokadi 2937 minutes ; Aron Donnum 2683 ; Noë Dussenne 2601 ; Kostas Laifis 2546 ; William Balikwisha 2350 ; Gojko Cimirot 2262 ; Philip Zinckernagel 2073 ; Steven Alzate 2057