Marlon Fossey (Standard) est cette fois bien lancé
L’arrière droit du Standard, aux origines américaines, a été découvert en Angleterre. Les blessures ont freiné son évolution, mais il n’a pas encore raté un match en 2023.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/5ec10393-5f00-49bd-8948-4e31cd8f8f79.png)
Publié le 01-04-2023 à 06h00
:focal(2302x1635:2312x1625)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/2MI24EQEV5AO3DTUBQAGOPUYRI.jpg)
À la fin de la saison, si tout se passe bien, Marlon Fossey aura disputé plus de vingt matchs pour le compte du Standard, peut-être trente s’il n’en rate plus un seul et que les Rouches disputent les playoffs. Cela ressemble à un détail dans une carrière, mais c’est plus que ça pour l’arrière droit, dont le parcours a été longtemps perturbé par les blessures.
C’est pour prendre un nouveau départ, et tourner le dos à ses pépins physiques, qu’il est d’ailleurs venu au Standard, où il a débarqué l’été passé. Il se remettait, déjà, d’une blessure au ménisque, souvenir de son passage à Bolton, où il avait été prêté par Fulham.
Fulham est ce quartier de Londres, où Marlon Fossey a débarqué quand il avait 11 ans, en provenance de l’île de Jersey, où il était installé avec sa maman, son frère et sa sœur. “Marlon est né en Californie, près de Los Angeles, mais quand il avait quatre ans, j’ai décidé de revenir à Jersey, où habitait ma maman”, explique Debby, la mère de Fossey.
De la gymnastique quatre fois par semaine quand il était gamin
Sur l’île de Jersey, le gamin est un sportif accompli, touchant à la gymnastique, qu’il pratique quatre fois par semaine, mais aussi à l’athlétisme, se spécialisant dans le cross-country mais se débrouillant aussi sur 110 mètres haies. Il faut chercher dans cet éclectisme sportif – il a joué au basket et au base-ball – les capacités physiques d’un joueur qui s’est fait remarquer lors d’un tournoi des écoles primaires, dans une discipline, le football, qui a finalement eu sa préférence.

Malcolm Elias suit ce tournoi et voit ce joueur au-dessus du lot, “qui avait déjà une vitesse impressionnante”. Elias travaille pour Fulham, et discute avec Debby d’un transfert. “J’étais seule pour élever mes trois enfants, et ma maman m’aidait beaucoup, explique cette institutrice primaire. Marlon était proche de sa grand-mère, mais il y avait une opportunité. Il fallait juste que je me trouve un travail.”
Elle le trouvera – elle est toujours institutrice, avec des responsabilités de direction – et Fossey débarquera à Fulham pour y faire ses classes. “Il avait un potentiel évident, mais aussi une attitude respectueuse, rembobine Elias. À 18 ans, il a reçu son contrat et a commencé à s’entraîner avec les professionnels.”
Il avait les meilleurs résultats aux tests physiques. Pas seulement pour les jeunes, pour toute l'équipe.
Denis Odoi est à Fulham quand il voit débarquer ce jeune joueur athlétique à l’entraînement. “Au début de la saison, il a terminé avec les meilleurs résultats aux tests physiques de l’équipe, explique le joueur du Club Bruges. De l’équipe première, hein, pas seulement des jeunes qui s’entraînaient avec nous. Et l’écart n’était pas petit. Tout le monde voyait ses capacités physiques.”
S’il n’est pas le joueur qui se détache, sur le plan technique, “il courait vite et avait une capacité à enchaîner les sprints”, pointe Odoi. Mais les blessures musculaires, nombreuses, lui rappellent une certaine fragilité. “Il était jeune, mais on voyait le sérieux qu’il mettait dans sa rééducation”, explique Odoi. “Il a parfois voulu revenir trop vite, glisse Malcolm Elias, mais il n’a jamais abandonné.”
Il aurait pu être poussé au découragement, tout de même, quand il s’est rompu le ligament antérieur du genou, à Shrewsbury Town, en League One. Il a alors 22 ans, doit être opéré et dresse le constat qu’il est souvent arrêté en pleine évolution. “Marlon ne montre pas beaucoup ses émotions, explique sa maman. Mais à l’intérieur, c’était dur.”
Meilleur arrière droit du championnat Concacaf en moins de 17 ans
Dès qu’il a l’impression de passer un cap, son corps le rappelle à l’ordre et il est à l’arrêt forcé. Sa carrière professionnelle n’a jamais réellement décollé, et s’il a été élu meilleur arrière droit du championnat Concacaf des moins de 17 ans, en 2017, il lui a toujours manqué ce petit quelque chose pour se lancer pour de bon.
À Fulham, il a laissé le souvenir d’un garçon calme, qu’il est toujours à Liège, et d’un vegan, qu’il n’est pas devenu à cause de ses blessures, dans une manière de modifier son régime alimentaire pour limiter les pépins physiques. “Pas du tout, s’amuse Debby, sa maman. Je suis moi-même végétarienne depuis quatorze ans, et ma fille également. Marlon l’est devenu aussi et il est devenu encore plus éthique que moi sur la question de l’alimentation.”
C’est donc avec son caractère, ses habitudes et ses qualités physiques que Fossey a débarqué en bord de Meuse, en septembre. “Il aurait pu rester en Angleterre, je crois qu’il avait des contacts avec certains clubs, explique Elias. Mais venir au Standard était une manière de prendre un nouveau départ.”
Il enregistre tout ce qu'on lui dit et il apprend rapidement.
À Liège, où il apprend le français, il a profité de la blessure de Gilles Dewaele, au genou, pour s’installer au poste d’arrière droit, ou d’ailier droit, sans trop de discussion. Ronny Deila, jeudi lors de son point presse, expliquait ce qu’il apprécie chez son joueur : le sérieux au travail. “Il doit encore progresser dans ses centres et sa première touche, mais il bosse tous les jours sur cet aspect, je n’ai pas besoin de le pousser. Il enregistre tout ce qu’on lui dit et il apprend rapidement.”
Rapide dans son couloir, il a progressé dans son placement offensif et défensif, juge encore Deila, qui apprécie de voir que ses statistiques commencent à prendre un peu d’épaisseur. Il a marqué son deuxième but contre Zulte Waregem (2-2) et il reste un joueur présent dans les duels, impliqué dans 16,89 duels par match, le plus haut total de l’équipe liégeoise.
”J’étais très curieux de voir comment il allait se débrouiller quand j’ai appris son transfert, note Odoi. Et je vois qu’il se débrouille bien.” Malcolm Elias, resté en contact avec Fossey, espère quant à lui que son ancien joueur “pourra enfin développer tout son potentiel”, débarrassé une bonne fois pour toutes par les pépins physiques.
À 24 ans, certaines carrières démarrent parfois pour de bon. Sans aller à toute vitesse, mais en arrivant à bon port.
Celui qui l’a découvert a découvert Gareth Bale, Trent Alexander-Arnold et Luke Shaw
Malcolm Elias a 68 ans, et cela fait presque quarante ans qu’il travaille comme coordinateur des jeunes, d’Oxford, son premier club, à Fulham, où il est en poste depuis 2009, en passant par Swansea, Southampton et Liverpool.
Elias a découvert Fossey sur l’île de Jersey, mais avant le joueur du Standard, il a découvert d’autres “noms” du football anglais. “J’ai fait venir Gareth Bale à Southampton, explique le recruteur gallois. On l’a fait commencer comme arrière gauche, on connaît la suite. ”
À Southampton, Luke Shaw et Theo Walcott ont également été amenés par Elias, qui a aussi découvert Trent Alexander-Arnold, pour le faire venir à Liverpool. “Toutes proportions gardées, quand j’ai vu Marlon se développer, je lui ai dit : tu as toutes les qualités pour devenir un joueur comme Alexander-Arnold. La vitesse, la capacité à amener des centres, il a tout ça.”