Retour sur le passage raté de José Rodriguez à l'Union : “Y signer a été la pire décision de ma carrière”
José Rodriguez, qui a passé six mois à l’Union Saint-Gilloise avant de quitter le club prématurément, s'est révélé être la fausse bonne pioche.
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Publié le 29-03-2023 à 18h00
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15 février 2023,: l’Union et José Rodriguez se séparent d’un commun accord. Six mois et 13 petits matchs après l’arrivée du joueur formé au Real Madrid, seulement. "C’est le pire choix de ma carrière", nous dit Rodriguez, rentré chez lui à Alicante. Retour sur un des rares transferts loupés de l’Union. Ou comment une opportunité en or s’est transformée en plomb, dans un univers où il y a peu de place pour les sentiments.
Arrivé en août en provenance du Maccabi Haifa, Rodriguez réalise des débuts intéressants. Avec, notamment, une excellente première titularisation à Berlin. À l’Union, on se dit qu’on a réalisé un coup gagnant: arrivé gratuitement, le médian espagnol de 27 ans peut apporter son expérience de joueur formé au Real Madrid et qui sait ce qu’est l’Europe.
Mais une fois Lazare rentré de suspension, Rodriguez retourne sur le banc et rentre dans le rang. "J’ai l’impession qu’on ne m’a pas donné l’opportunité de m’imposer”, nous répond-il aujourd'hui. “Je n’ai pas reçu la confiance de l’entraîneur. J’avais fait un bon premier match à Berlin… mais si je ne joue pas beaucoup après, c’est compliqué. Si j’avais pu enchaîner cinq ou six matchs, ça aurait été mieux. Là, j’ai perdu la confiance." Et la faim de regagner sa place, aussi. Rodriguez en donne moins à l’entraînement. Terminé, les sessions de gym supplémentaires, après les heures. Il rentre plus vite qu’avant à la maison retrouver femme et enfants.
20 minutes de jeu en trois mois
Les choses ne s’améliorent pas, au point que Karel Geraerts ne fait plus appel à lui en championnat : en deux mois, il ne joue plus en championnat et seulement vingt minutes pour le dernier match européen "pour du beurre" face à Berlin.

Arrive le mercato et, étonnamment, rien ne bouge. José Rodriguez fait savoir au club qu’il est prêt à partir : "Oui, j’ai dit au club qu’ils n’avaient qu’à me dire s’ils voulaient que je parte, vu que je ne jouais plus du tout ; qu’on pouvait rompre le contrat et me payer ce qu’on me devait." Mais débourser dix-huit mois de salaire pour rien, cela fait mal, évidemment. "Le club m’a répondu qu’il ne souhaitait pas cela, qu’on allait voir si ma situation changeait. On ne m’a pas dit de trouver un autre club. Si on ne me veut plus, qu’on me paie ce qu’on me doit et je partirai, mais pourquoi m'envoyer en équipe B ?"
Les conditions d'entraînement en U23 sont dignes de la 20e division
Car c’est la décision qui tombe le 31 janvier : Chris O’Loughlin, déçu du manque d’implication de celui en qui il croyait beaucoup, annonce à Rodriguez qu’il a le choix entre signer pour le club israélien d’Hapoel Tel Aviv ou rejoindre le noyau B. "Ça m’a surpris car c’est quelque chose qu’on annonce vingt jours avant la fin du mercato, normalement, pour laisser le temps de trouver un autre club. Pour le club, peu importe que vous ayez des enfants (NDLR : et qu’il faille déménager en dernière minute). J’ai expliqué ne pas vouloir y aller et Chris m’a répondu que je devrai alors m’entraîner avec l’équipe B."
Un noyau U23 qui évolue en D2ACFF et dont les conditions de travail sont sans commune mesure avec le noyau A : "Ce sont des conditions amateures, j’ai même interpellé la Fédération belge. On dirait de la 20e division (sic). Il n’y a pas de kiné, on doit arriver à 10h mais l’entraînement ne commence finalement qu’à 11h; les infrastructures sont affreuses; il n’y a pas toujours d’eau chaude dans les douches; on ne nous fournit pas les serviettes; la pelouse est artificielle; on ne savait pas toujours quel joueur venait car il y a des jeunes qui sont à l’école et qui arrivent en retard. Je n’ai jamais connu des conditions pareilles dans ma carrière”, poursuit celui qui a été formé en bonne partie à la Castilla madrilène.
Des clubs pouvaient me payer jusqu'à quatre ou cinq fois plus
Aujourd’hui, Rodriguez reste amer sur son expérience bruxelloise : "Je regretterai toujours d’avoir signé pour l’Union, c’est la pire décision de ma carrière. Les résultats sont bons grâce aux joueurs, mais le club n’est pas structuré professionnellement à tous les niveaux. J’ai signé là pour rejouer la Coupe d’Europe, alors que des équipes pouvaient me payer jusqu’à quatre ou cinq fois plus. J’étais un des joueurs les mieux payés du noyau et le club m’a fait partir pour économiser mon salaire.”
Et parce qu’on ne veut pas transiger avec les valeurs de travail qui ont fait la réussite sportive de cette équipe ces trois dernières années, glisse-t-on à l’Union, où l’on ne souhaite pas polémiquer et répondre ouvertement au joueur. Le cas de conscience semble géré différemment pour Loïc Lapoussin. Deux exemples de la difficulté de construire un noyau équilibré, de fixer des règles, de convaincre ses joueurs d’y adhérer… et de s’y tenir, au final.