Charleroi – Malines à rejouer : un verdict inédit mais pas si surprenant
Le match du 12 novembre a été arrêté de manière irrégulière et sera à rejouer, a décidé le Conseil disciplinaire ce vendredi. Malines a sept jours pour faire appel auprès de la CBAS.
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Publié le 17-03-2023 à 18h02
Dans le fond, le verdict rendu ce vendredi par le Conseil disciplinaire de l’Union belge dans l’affaire Charleroi – Malines du 12 novembre 2022 semble aussi inédit et improbable que les faits en eux-mêmes. Mais l’instance a suivi stricto sensu le règlement. Voilà pourquoi le match, définitivement arrêté à la 67e minute à 1-0 pour cause de jets répétés de projectiles et fumigènes sur le terrain de la part de supporters de Charleroi, sera à rejouer. Éclairage.
Que dit la décision ?
Comme déjà évoqué dans ces colonnes la semaine dernière, Charleroi ne conteste pas l’atmosphère détestable qui régnait dans son stade le soir du 12 novembre. Pas plus que le respect des phases 1 et 2 de l’article B6.55 du règlement, mais bien une mauvaise application de la phase 3, c’est-à-dire l’arrêt définitif du match.
En résumé, avant de l’actionner, l’arbitre Jan Boterberg aurait dû consulter le commissaire de police, le responsable sécurité et le match delegate. Ce qu’il n’a pas fait, comme en atteste son audition. C’est la faille décelée et défendue vendredi dernier par l’avocat du Sporting, Me Louis Derwa. Car pour le reste, l’instance a estimé que Charleroi était bien responsable de l’attitude de ses supporters.
De ce fait aucune équipe ne peut s’estimer lésée.
Dans le document de 34 pages que nous avons pu consulter, on peut également lire que le fait “qu’il s’est écoulé plus de 50 minutes entre la phase 2 et la phase 3 sans qu’aucun incident significatif ne se produise, on pourrait en déduire qu’il n’y avait pas aggravation de l’attitude des supporters […] Et qu’il s’agissait d’une seule fusée lancée par une seule personne dans le coin du terrain, sans danger pour les acteurs de jeu, on peut donc supposer qu’il n’y avait pas de situation de risque de sécurité. ” Un argument qu’avait également avancé Charleroi, vidéo à l’appui.
Concrètement, donc, pour ces raisons, le RCSC a été entendu.
D’une part, le Conseil disciplinaire a tout de même condamné le Sporting à une amende effective de 10 000 euros pour l’utilisation de matériel pyrotechnique et le jet d’objets, et à jouer un match officiel à domicile à huis clos.
D’autre part, et c’est bien là l’essentiel aux yeux du camp carolo, il a décidé de faire rejouer le match depuis le début et à huis clos. “Ce qu’il (NdlR : le Conseil disciplinaire) considère comme approprié et proportionné dans les circonstances. De ce fait, aucune équipe ne peut s’estimer lésée et chacune garde toutes ses chances sur le plan sportif. Le match doit être joué à huis clos afin de préserver la sérénité et le calme de son déroulement”, peut-on encore lire.
Quelles sont les réactions ?
À Charleroi, on est évidemment ravi d’avoir obtenu gain de cause. “On a plaidé deux fois et avancé des arguments réglementaires qui ont été entendus, commente le directeur général Pierre-Yves Hendrickx. La phase 3 n’était pas régulière et le match n’aurait pas dû être arrêté comme il l’a été. La sanction d’un autre match à huis clos total est dure compte tenu du fait qu’il s’agit d’un acte isolé. Mais au moins, l’intérêt sportif est sauf. Les joueurs ne subissent pas une sanction qu’ils ne méritaient pas puisqu’ils gagnaient le match haut la main. ”
À l’époque des faits, Felice Mazzù n’était pas encore redevenu l’entraîneur du Sporting. Il a tout de même commenté, ce vendredi : “J’ai suivi le match depuis l’Espagne où je passais quelques jours. De ce que j’ai vu, les joueurs méritaient les trois points. On sait que Malines peut aller en appel, donc on se réjouira – ou pas – en temps voulu. ”
Du côté malinois, on dit “prendre acte avec surprise” de la décision et se réserver la décision d’aller en appel ou non.
Et maintenant ?
Malines et éventuellement le Parquet disposent de sept jours pour interjeter appel devant la CBAS (cour belge d’arbitrage pour le sport). Le KaVé, qui a changé d’avocat en cours de procédure, devrait se décider d’ici début de semaine. Mais il nous revient qu’au club, on sait aussi qu’il y a peu de chances que cela aboutisse puisqu’au-delà de l’absurdité de la situation, la mauvaise application du règlement a été reconnue.
Quand et comment rejouer ?
Si le match est bien rejoué, la date devra être établie par le manager des calendriers, en concertation avec les deux clubs. A priori en semaine, et à huis clos, donc, avant la fin de la phase classique (23 avril) et la finale de la Coupe de Belgique que disputera Malines (30 avril).
La question des joueurs éligibles doit encore être officiellement communiquée aux clubs mais les joueurs non-qualifiés à la date du 12 novembre ne pourront pas jouer. Cela concerne Bayo et Stulic à Charleroi, Agyei à Malines.
Les joueurs partis au mercato hivernal seront évidemment absents (Wasinski, Bessilé, Descotte, Gholizadeh côté carolo ; Peyre pour Malines).
En revanche, les éléments blessés à l’époque mais qui seront retapés à la nouvelle date pourront jouer, à savoir Knezevic, Nkuba, voire Bager et Van Cleemput chez les Zèbres.
Sportivement, cette décision historique dans le football belge pourrait relancer l’intérêt de la lutte pour le top 8. Surtout pour Charleroi.