Standard: "Ohio est face à une montagne qu'il doit gravir"
L’attaquant du Standard, buteur lors du Clasico, doit améliorer sa compréhension du jeu collectif.
Publié le 28-02-2023 à 19h42 - Mis à jour le 28-02-2023 à 19h43
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Deux buts, deux passes décisives et deux cartons jaunes. Depuis son arrivée au Standard, l’été dernier, Noah Ohio compte par deux. Il a également joué dans deux divisions différentes (14 matchs en Jupiler Pro League, 4 matchs en Challenger Pro League) et a fait deux apparitions en Coupe de Belgique.
Dimanche, à Anderlecht, il a également montré deux visages. Très intéressant durant le premier quart d’heure, il a ouvert le score d’une talonnade subtile. Puis, il a peu un peu disparu du match et écopé d’une carte jaune pour un tacle de frustration sur Amadou Diawara. Une faute grossière après laquelle Ronny Deila l’a directement remplacé par Renaud Emond.
"Mais je n’ai pas fait ça pour le protéger : j’allais de toute manière faire le changement, a précisé Deila. Il a bien commencé, mais il a beaucoup de mal à savoir quand et comment presser. Il a également des difficultés à garder son énergie. Physiquement, il est si fort. Il a des qualités énormes. Mais cela reste un jeune joueur et il a besoin de se canaliser."
Le coach norvégien sait que les axes de progression de son attaquant sont immenses. Mais il doit, lui aussi, faire preuve de patience.
Encore un gamin dans sa tête
Ohio est la parfaite illustration de la nouvelle génération de footballeurs. Sûr de lui, il n’a pas hésité à demander le numéro… 10, lors de son arrivée au Standard, ce qui n’a pas manqué d’interpeller certains de ses équipiers. Même s’il a fait des progrès sur ce plan, en engageant un chef à domicile, le Néerlandais ne peut pas encore se targuer d’avoir l’hygiène de vie d’un footballeur de haut niveau. Ni l’attitude. On se rappelle son semblant d’échauffement face à Genk, en début de saison, lors duquel il a passé plus de temps à saluer sa famille présente dans le stade plutôt qu’à chauffer ses muscles. Ce qui avait logiquement abouti à une blessure aux ischios.
"Il n’est pas encore mature ni professionnel dans sa tête, ce qui est normal à 20 ans, souligne Alex Teklak. Il est encore jouette et, pour l’instant, il voit surtout les bons côtés de la vie de footballeur : la renommée, les belles voitures, les beaux vêtements. Mais il doit franchir l’étape pour devenir un vrai joueur de football."
"Ohio est en train de grandir et il ne faut pas oublier qu’il vit ses premières titularisations dans un grand club, nuance Nordin Jbari. Cela veut dire qu’il est plus regardé, plus analysé qu’ailleurs."
Pour l’avoir croisé à plusieurs reprises en zone mixte, on peut vous affirmer qu’Ohio est un beau bébé (1m83, 85kg). "Il a des qualités physiques très impressionnantes", indique Teklak. "Et une belle pointe de vitesse, ajoute Jbari, qui a apprécié le but marqué par Ohio au Lotto Park. Il faut saluer la vitesse d’exécution de cette talonnade. Il a également pas mal pesé sur la défense d’Anderlecht et sur le deuxième but, il est aussi impliqué, puisque sa présence gêne l’intervention de Killian Sardella."
Voilà pour le positif. Pour le reste, la feuille de stats d’Ohio ne lui rend pas service : 33 % d’actions réussies, aucun dribble réussi, trois duels gagnés sur huit et une faute commise. "Je ne cache pas que j’ai été un peu déçu de son match, reprend Teklak. Dans le jeu collectif, il n’était pas assez concentré. Il était très prévisible dans ses appels."
Cela s’explique. "Les attaquants comme lui, qui ont des qualités physiques énormes et qui en ont fait la base de leur jeu chez les jeunes ont souvent ce problème. Face à des adversaires mieux organisés et plus expérimentés, les choses se compliquent. On sent qu’Ohio a atteint ses limites et qu’il est face à de nouvelles difficultés. Son tacle de sur Diawara est l’expression de cette frustration. Pour progresser, il doit désormais gravir une montagne."
Cela passe par un accompagnement quotidien du coach et du staff. "Il doit principalement améliorer sa compréhension du jeu. Grâce à des séances vidéos, notamment. Ohio n’est, par ailleurs, pas assez clair dans sa manière de demander le ballon. On sent qu’il n’est pas toujours convaincu lui-même de ses appels. Il joue encore de manière très instinctive, en pensant exclusivement à lui-même. Mais parfois, un attaquant doit être capable de faire une course dans le seul but de libérer de l’espace pour un équipier."
Ohio se définit lui-même comme un attaquant de profondeur. C’est pour cette qualité-là qu’il a été recruté par le Standard. "Mais il pourrait encore mieux utiliser sa pointe de vitesse note Jbari. Et en tant que pivot, il doit mieux garder le ballon. Mieux jouer avec son corps. On a un peu l’impression qu’il est entre deux positions. Entre l’attaquant de profondeur et le pivot. On sent aussi qu’il a encore besoin de créer des automatismes avec ses équipiers."
Avec Slimani en face, Ohio a eu le parfait exemple de ce qu’il devait mieux faire. "Quand on voit le nombre de fautes provoquées par l’Anderlechtois, on se rend compte qu’Ohio, lui, n’en provoque pas assez", analyse Teklak.
Pas (encore) un profil pour jouer seul
Pour l’aider la solution passe peut-être par une association avec un autre attaquant."Le Néerlandais n’est pas un vrai N.9 et il pourrait être meilleur avec un deuxième attaquant", souligne Jbari.
On se souvient que face à Eupen, fin janvier, Ohio avait peut-être livré sa meilleure prestation aux côtés de Stipe Perica dans le 3-5-2 de Deila. "Quand Perica joue en pivot, il prend de la place et rend Ohio moins prévisible. Cela pourrait aussi fonctionner avec Emond", termine Teklak. "Dans une attaque à un seul attaquant, il a pour l’instant plus un profil de remplaçant qui vient jouer la profondeur face à une défense fatiguée que celui de titulaire. Mais c’est à lui de travailler pour décoller cette étiquette."
Dès samedi face à Westerlo ?