Victor Boniface (Union) est-il l'attaquant le plus complet de Pro League? "Je n'aime pas me comparer aux autres"
L'attaquant de l'Union Saint-Gilloise, Victor Boniface, assume ses ambitions de titre et évoque les autres Nigérians de D1.
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Publié le 18-02-2023 à 09h00
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Un peu plus de six mois après son arrivée à l'Union Saint-Gilloise en provenance du club norvégien de Bodo/Glimt, Victor Boniface a mis tout le monde d'accord. L'attaquant nigérian qui a fêté ses 22 ans en décembre s'est rapidement imposé dans le onze de Karel Geraerts et dégage une puissance qui en fait un des avants les plus compliqués à défendre de D1, même si sa feuille buts n'est pas celle d'un Onuachu. Et on a parlé de tout ça avec le numéro 7 de l'Union.
Son adaptation à grande vitesse: "Je m'étais préparé avant de venir"
Parmi les renforts arrivés cette saison, Victor Boniface est le seul à s’être forgé un statut de titulaire régulier du onze de Karel Geraerts. Et s’il a fait cela, c’est parce que le Nigérian a su se fondre très rapidement dans sa nouvelle équipe : "Je me suis bien acclimaté parce que comme je voulais vraiment venir à l'Union, je m'étais renseigné sur sa façon de jouer et j'avais regardé ce que l’équipe avait fait, ce qui m'a aidé. Donc je ne suis pas si surpris de mon adaptation, non", explique-t-il.

Pourtant, il y avait un écart de niveau à combler entre l’Eliteserien et la Pro League. "Mais le championnat norvégien est un bonne ligue aussi et j'ai joué la saison passée en Coupe d’Europe contre des équipes comme l'AS Roma et l'AC Milan. Tout ça a fait en sorte que je sois bien prêt pour un championnat d'un niveau supérieur."
Et prêt, aussi, à enchaîner puisque le calendrier scandinave est tel que l’intersaison tombe en hiver. Boniface n’a donc pas eu de véritable coupure entre avril et la Coupe du monde et a disputé 42 matchs depuis début juin: 31 avec l’Union et onze avec Bodo/Glimt. "Le championnat norvégien commence en avril", explique-t-il, "donc je dois avoir jouer une quarantaine de matchs depuis juin, mais ce n'est pas un problème. Ce n'est pas que je ne suis pas fatigué, mais je suis jeune et je peux enchaîner. Et puis je fais attention à bien me reposer."
Ses stats: "Marquer et perdre, ça ne m'intéresse pas"

Si Boniface a marqué les esprits, ce n’est pas parce qu’il est un serial buteur, comme l’était son prédécesseur, Deniz Undav. C’est surtout par sa capacité à tout faire. Attaquant complet, il est très compliqué à bloquer pour les défenseurs, grâce à son gabarit et une protection de balle qui empêchent l’adversaire d’intervenir. "Oui, c'est une de mes grosses qualités: je suis un 'big guy' (NDLR: grand gars), même plus grand que beaucoup de défenseurs que j'affronte et je fais en sorte d'utiliser mon corps dans des situations difficiles pour m'en sortir. C'est clair que cela m'a aidé dans mon jeu. Déjà plus jeune, j'étais le grand de l'équipe et je savais faire cela, même si c'était différent: c'était juste du football de rue. Je ne me suis pas entraîné expressément là-dessus, c'est venu naturellement. Parfois mes coachs insistent sur le fait qu'on aura besoin de cela pour aider l'équipe à gagner du temps et remonter le ballon; ça dépend aussi des matchs. Mon seul objectif est de prendre du plaisir: est-ce que c'est en dribblant, en faisant une passe décisive, en marquant? Peu importe."
Si on était en panne de résultats, je me dirais que je dois marquer plus. Mais ce n'est pas le cas.
Et s’il n’a marqué "que" neuf buts, tant pis. Boniface n'est pas un attaquant obsédé par le but et il lui est déjà arrivé de terminer une rencontre sans avoir tiré une seule fois. "C'est clair qu’en tant qu’attaquant on veut marquer. Mais pour moi, tant que l'équipe fait du bon boulot, obtient des résultats, ce n’est pas un souci. Ça ne m'intéresserait pas une situation où j'aurais marqué et qu'on n'aurait pas gagné. Il n'y a pas d'urgence: si je marque, je marque, tant mieux. Sinon, j'essaie avant tout d'aider l'équipe d'une façon ou d'une autre. Si c'est en délivrant une passe décisive ou en aidant l'équipe, ça me convient. Je préférerais avoir marqué plus ces derniers temps (NDLR: un but en championnat en trois mois). Mais à l'Union, on voit que tout le monde peut marquer. Peut-être que si l'on était en panne de résultats, je devrais m'inquiéter et que je me dirais: 'Bon, il faut que je marque plus'. Mais tant que l'équipe joue bien, et moi aussi, ce n'est pas le cas. Ce n'est pas comme si j'étais en méforme; j'ai été plutôt bon et je vois bien que j'apporte des choses à l'équipe."
Les ambitions de l'Union: "Pour moi, l'objectif principal c'est de remporter le championnat"
Si Boniface est venu chez le champion de Belgique, c'est avec l'envie d'ajouter d'autres titres à un palmarès personnel qui en comprend déjà deux avec Bodo/Glimt. "Comme je l'ai déjà dit, j'avais vraiment analysé le club avant de venir et j'avais vu les progrès effectué ces dernières années, donc je ne suis pas surpris de nous voir réaliser une si bonne deuxième saison en D1. Il n'y a que deux cadres qui étaient partis et ils ont bien été remplacés, à vrai dire."
Karel Geraerts préface le match contre le Standard: "Tout le monde veut battre l'Union"Autant dire qu'il est ravi de son choix alors que son équipe est toujours en lice sur trois tableaux. "Je ne m'inquiète pas de l'accumulation des matchs: on est quasiment 25 joueurs pour pouvoir jouer sur les trois tableaux en même temps." Reste à voir si l'Union concrétisera bien un objectif, cette saison. "Le plus important des trois, pour moi, c'est le championnat. L'équipe a terminée deuxième la saison passée et peut-être qu'on peut faire encore mieux cette année. On verra ce qui se passe dans trois mois." Mais pas de faux semblant : il vise le titre. "Bien sûr qu'on peut rêver de cela. Pour moi, c'est notre objectif: remporter le championnat."
La colonie des Nigérians de Belgique: "On travaille dur"
La question était facile, et la réponse a fusé: quel pays après la Belgique a fourni le plus de buts en D1 belge cette saison? "Le Nigéria, non?" Evidemment. Avec Paul Onuachu, en tête, même s'il est désormais parti à Southampton. Certains estiment d'ailleurs que Boniface est désormais l'attaquant le plus complet de Belgique: "Je ne sais pas vous répondre. Je n'aime pas me comparer aux autres."
Paul Onuachu a exaucé son rêveMais il y a clairement une "hype nigériane", en ce moment en D1 belge. "Il y a beaucoup de bons joueurs au Nigéria", répond en se marrant Boniface. "Mais vous dire pourquoi, c'est compliqué... Peut-être qu'on est des durs au travail, qu'on aime bosser beaucoup. Mais ce n'est pas juste les Nigérians, ce sont les joueurs africains dans l'ensemble, en fait. Entre attaquants nigérians, on est amis et on s'apprécie beaucoup les un les autres. On n'a pas un groupe WhatsApp entre nous, mais on s'échange des messages. Je suis vraiment content pour Paul (Onuachu) qui fait un grand pas en avant vers la Premier League, ce qui était un rêve pour lui."
Boniface a déjà retrouvé une nouvelle connaissance: "J'ai joué avec Tolu (NDLR: Arokodare, qui a signé à Genk après avoir été à deux doigts de le faire à Anderlecht) en U17 du Nigéria, donc on se connaissait bien. Mais il ne m'a pas prévenu qu'il allait venir." Et s'il l'avait fait? "Je lui aurais recommandé de venir ici. Le championnat belge est un des meilleurs pour promouvoir les jeunes joueurs avant d'aller un pas plus haut."
À vrai dire, la liste des avants nigérians de qualité est impressionnante. "Oui, je sais que beaucoup d'internationaux sont passés ici: Victor Osimenh, Terem Moffi, Henry Onyekuru, Emmanuel Dennis, David Okereke, etc." Et, si l'on remonte un peu plus loin, on peut même inclure de grands noms comme Ikpeba, Babayaro, Keshi ou Oliseh. "Tout le monde connaît la D1 belge au Nigéria, vu le nombres de joueurs du pays qui y ont évolué, même s'il n'est pas possible de suivre le championnat à la télévision hélas."
Mais si vous demandez à Boniface de citer son modèle, il ne s'agira pas d'un compatriote: "Mon joueur préféré, c'est Neymar. Je regarde ses matchs, j'analyse ses mouvements, j'essaie d'apprendre de ce qu'il fait. Et j'appréciais aussi beaucoup Didier Drogba." Reste à voir si sa trajectoire lui permettra d'imiter ses idoles dans de grands clubs européens.