Knezevic est de retour aux affaires à Charleroi : “Je me demandais sans cesse “mais pourquoi moi ?”
Stefan Knezevic (26 ans) a surmonté une deuxième opération en un an. Il doit maintenant redevenir le pilier défensif du Sporting de Charleroi.
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Publié le 18-02-2023 à 08h02
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Avant de converser 35 minutes avec Stefan Knezevic dans la salle de presse du Mambourg, mardi dernier, on s’est baladé sous la tribune 4 avec le défenseur carolo. Les fresques qui ornent les murs ont éveillé sa curiosité. “C’est quelqu’un de connu, ce mineur ?” “Le joueur, là (NdlR : Bertoncello), il s’est vraiment assis sur le ballon ? Il a pris rouge pour ça ? questionne le serbo-suisse. C’est pour lui qu’on a retiré le numéro 11 à Charleroi ? Ah non, Brogno ! J’en ai entendu parler. Je trouve ça bien de respecter les légendes. Dans le football moderne, ça se perd.”
Lui n’a rien perdu de sa hargne et de son appétit de victoire, malgré une deuxième opération en un an à peine. Histoire ancienne. Stefan Knezevic est bien de retour aux affaires. Entretien.

Êtes-vous à nouveau un homme heureux ?
”Oui, je me sens vraiment bien. La blessure n’a pas été simple à surmonter, mais je suis de retour à 100 %, sans appréhension. Et puis j’adore l’atmosphère familiale ici. Ma vie quotidienne en Belgique me satisfait, donc oui, je suis heureux.”
Quel a été le cheminement qui a mené à l’opération au ménisque, en octobre ?
”La douleur remonte au stage estival aux Pays-Bas. Dans un duel, mon pied est resté coincé et mon genou a tourné, ce qui a réveillé une vive douleur. Dans un premier temps, on a décidé de soigner ça sans opérer. En dosant les entraînements, avec une infiltration. Elle m’a aidé et j’ai pu jouer les premiers matchs de championnat. Mais la douleur est revenue. Ça devenait intenable. Avec le staff médical, on a opté pour une seconde infiltration. J’ai pu jouer contre Westerlo (NdlR : le 17 septembre), mais je ne me sentais pas bien. Après ce match, il fallait trancher. Je n’en pouvais plus. Je ne savais plus étendre ou plier ma jambe à fond.”
"Je sais que je dois beaucoup à Edward Still."
Éviter l’opération, au début, était-ce votre décision ou celle du club ?
”On en a discuté ensemble. J’ai déjà connu des blessures dans ma carrière. Je sais ce que c’est et je connais mon corps. On préfère toujours éviter une opération, mais on a dû se résoudre à l’évidence. J’ai eu un peu de chance dans mon malheur puisque l’interruption durant la Coupe du monde me permettait de louper moins de matchs.”
Cette deuxième opération depuis que vous êtes à Charleroi – après celle pour une pubalgie en décembre 2021 – vous a-t-elle fait douter ?
”Pas vraiment. Je suis fort mentalement. Je n’ai pas peur de m’entraîner dur pour revenir, de passer des heures en salle pour surmonter une blessure. En revanche, j’étais triste parce que je voyais l’équipe dans une mauvaise passe et je ne pouvais rien faire pour l’aider. Je me sentais un peu coupable.”
Vous devez votre transfert à Charleroi à Edward Still. Comment avez-vous vécu son licenciement, fin octobre ?
”Je sais que je lui dois beaucoup. C’est grâce à lui que j’ai pu rejoindre le championnat belge. Après, ce sont mon engagement, ma mentalité et mes qualités qui m’ont permis de m’imposer. Son départ est la décision de la direction et je peux la comprendre vu la situation négative dans laquelle on se trouvait. Je lui ai envoyé un message pour le remercier, comme je le ferais pour chaque entraîneur. C’est une question de respect.”

Charleroi ne devait être qu’une étape dans votre carrière. Craigniez-vous que vos blessures la freinent ?
”Je pars du principe qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver dans la vie, et encore moins dans une carrière de footballeur. J’ai eu du mal à accepter ces blessures. Je me demandais sans cesse 'mais pourquoi moi ?' Puis j’ai pris du recul. Je me suis souvenu de ma précédente opération au genou, lorsque je jouais en Suisse. Si j’avais été plus jeune, j’aurais été touché, j’aurais râlé… Mais aujourd’hui, j’ai plus d’expérience. Je parviens à vivre le moment présent, à me réjouir de jouer, tout simplement, sans trop me préoccuper de ce qui pourrait arriver dans un mois, six mois ou deux ans. Je veux juste enchaîner les matchs à nouveau et aider l’équipe.”
Ce que vous avez fait à Malines puis contre Seraing…
”C’était spécial de monter à la mi-temps à Malines. Quand une équipe est menée, c’est rare qu’un entraîneur change un défenseur. Mais cela a porté ses fruits et je suis reconnaissant envers le coach.”
"Mon kiné en Serbie m'a tué. C'était le prix à payer pour revenir."
Avant ça, vous aviez disputé deux matchs avec les U23. La troisième division ne fait pas franchement rêver…
”Je ne vis pas dans un rêve, mais dans le monde réel. J’avais besoin de minutes en match officiel et je remercie le staff de m’avoir permis de reprendre du rythme. J’espère que l’équipe va se maintenir.”
Comment se sont déroulés vos deux mois de revalidation avec votre kiné en Serbie ?
”Dur. Très dur. C’est l’un des meilleurs kinés du monde, mais il m’a tué (sourire). C’était le prix à payer pour revenir. En deux mois, j’ai peut-être eu seulement trois ou quatre jours off. J’en ai profité pour prendre soin de mes grands-parents qui vivent là-bas.”

Il y a désormais un deuxième Serbe dans le groupe… Vous connaissiez Nikola Stulic ?
”Non, mais quand j’ai vu qu’il allait signer ici, je me suis renseigné. J’essaie de l’aider au quotidien dans ses différentes démarches. Je sais ce que c’est que d’être nouveau, d’arriver dans un nouveau pays… C’est un garçon ouvert, il parle facilement avec les autres.”
Mais il a l’air d’un tueur dans le rectangle…
”Pas uniquement dans le rectangle. On le voit sur son visage, c’est un vrai Serbe (rire). Moi, j’ai le côté suisse qui compense.”
C’est difficile de défendre sur lui ?
”Ce n’est pas encore arrivé à l’entraînement. Bizarrement, je suis toujours dans son équipe lors des oppositions. J’ai de la chance. À moins que ce soit lui qui en ait…”