Jesper Fredberg, CEO d'Anderlecht, défend son mercato : « Slimani était depuis longtemps sur notre liste »
Jesper Fredberg, CEO Sports du Sporting, défend son mercato : " Le seul pion qui manque est un arrière gauche ".
Publié le 02-02-2023 à 19h16 - Mis à jour le 02-02-2023 à 19h17
Il faut de toute urgence que j’aille faire un jogging avec ma femme. Ces derniers jours, j’ai plus vu notre chef de presse, Mathias, qu’elle. La dernière nuit du mercato, je n’ai dormi que deux heures et demie. " Le CEO Sports Jesper Fredberg (41 ans) le dit avec le sourire, mais il en a vu de toutes les couleurs pendant ce mercato. Et le résultat final ne plaît pas aux supporters. Tout en expliquant dossier par dossier, il a pris son temps pour se défendre et pour les rassurer.
Son bilan du mercato
« On pourra être agressif au prochain mercato »
"Oui, c’était le mercato le plus compliqué de ma carrière. Mais non, je ne trouve pas que j’ai échoué. J’estime même que notre mercato a été bon. Souvent, on améliore une équipe en allant chercher de nouveaux joueurs. Ici, on pouvait avoir un plus grand impact en nous séparant de certains joueurs. On devait faire le ménage, aussi bien pour des raisons sportives que financières."
"Sportivement, on voulait poursuivre avec des joueurs qui ont le profil qui correspond à notre système de jeu. Financièrement, on devait remplir le trou créé dans le passé. On devait donc faire des transferts sortants et se débarrasser de certains gros salaires. Et en même temps, notre parcimonie nous permet d’être plus puissants lors du prochain mercato. C’est comme quand mes filles vont faire du shopping. Si elles ne dépensent pas tout leur argent, elles pourront acheter quelque chose de plus cher et de plus beau la prochaine fois."
"Janvier n’est pas le meilleur mois pour se renforcer et pour se montrer agressif sur le marché. Nous voulions trois renforts – un ailier offensif, un centre avant et un arrière gauche – et on n’en a que deux. Le deal avec Toffolo a capoté. S’il avait signé, on aurait trouvé tous les profils qu’on recherchait. Mais parfois, il y a des choses qu’on ne peut pas prévoir. Or, je peux vous dire que nous nous montrerons très agressifs lors du prochain mercato. Et vous ne devrez pas attendre le dernier jour avant de voir des joueurs débarquer. Ce n’est pas mon style de travail, je n’aime pas cela."
"Je peux vous promettre qu’après l’été ou à l’hiver prochain, nous aurons une équipe qui est à 100 % ce qu’on veut réussir à faire. Je comprends l’impatience des supporters. Ils veulent des résultats parce que cela n’a pas été simple d’être fan d’Anderlecht ces dernières années. Mais je pense qu’ils voient qu’on tente de créer quelque chose qui est viable à long terme. D’ici l’été prochain, le succès se base sur le fait de gagner le prochain match. À commencer par celui à Ostende."
Les renforts
« Slimani sait qu’il devra travailler »
Anders Dreyer a tout pour réussir. Mais Islam Slimani est loin de faire l’unanimité parmi les fans. Est-ce qu’à 34 ans, l’Algérien a le profil pour faire les courses défensives que Riemer demandait à Fabio Silva ? "Le plus important pour nous est qu’il faut vouloir donner sa vie sur le terrain. Même quand on a 34 ans, il faut travailler. Et à cet âge, on a l’expérience pour être plus malin que les autres. Islam connaît nos objectifs. On met un pressing haut, on travaille dur. Mais Islam a aussi d’autres aspects que nos attaquants n’ont pas. C’est un pivot, il est puissant et fort dans le rectangle adverse. Il rend notre toile d’araignée plus complète. Il nous permettra d’alterner notre jeu, selon l’adversaire."
Le transfert de Slimani lors de la dernière heure du mercato – il a signé jusqu’à la fin de cette saison – ressemblait à une solution de secours. "Ne croyez pas que cela a été si vite que cela. Depuis des semaines, nous avions une liste avec des renforts potentiels en attaque et Islam en faisait partie. S’il n’avait pas été sur notre liste, on aurait préféré ne prendre personne. Bien sûr qu’on préfère acheter des jeunes joueurs qu’on peut vendre avec une plus-value par après. Mais dans la situation actuelle des choses, ce n’est pas plus mal de faire venir un garçon expérimenté. À court terme, il peut être une bonne solution. Il peut aussi avoir un rôle important dans le vestiaire."
Selon Fredberg, il n’est donc pas un deuxième Samir Nasri. "Non. Il est motivé. Sinon, on ne l’aurait pas pris. Le fait qu’il fût toujours dans l’équipe à Brest (NDLR : sauf les trois derniers matchs, quand il était sur le banc) en était la meilleure preuve."
Les transferts capotés
« Dans sa tête, Arokodare n’était pas à 100 % à Anderlecht »
La liste de transferts qui ont échoué est longue. Fredberg est prudent en évoquant le cas d’Arokodare, qui a filé à Genk par l’entremise de son agent Didier Frenay. "Plus le temps passait, plus on avait le sentiment que dans sa tête, il n’était pas à 100 % à Anderlecht. On sentait que quelque chose clochait. Et quand un joueur ne signe pas de plein gré, c’est mieux qu’il aille ailleurs. On veut des joueurs qui ont faim."
Arokodare avait passé ses tests médicaux pour Anderlecht. "Oui, c’est vrai. Mais il a choisi une autre destination. Si je suis fâché sur Genk ? Non, parce qu’on avait d’autres noms sur notre liste. Et la vie est trop courte pour être fâché. Cela fait partie du football et ce sont des choses qui arrivent à un dernier jour de mercato."
Le plan B, au dernier jour du mercato, était Amine Salama d’Angers. "Il était sur notre liste, mais était trop cher. Parfois, c’est mieux de ne pas faire de transfert plutôt que de faire un transfert par panique."
Initialement, Thomas Henry était le plan A. Fredberg : "Oui, il était sur notre longue liste d’attaquants. Je déplore vraiment sa blessure. Ce sont des choses imprévisibles qui arrivent pendant un mercato."
Et le jeune attaquant serbe Ratkov ? "Lui, il représentait plus un investissement pour l’avenir. Mais son club ne voulait pas le lâcher."
Et puis, il y a le dossier Harry Toffolo. Pour rappel, Anderlecht a déposé une plainte auprès de la FIFA, estimant que Nottingham Forest n’avait pas le droit de bloquer la venue de son joueur au RSCA. "On n’avait pas vu venir cela. Est-ce que Nottigham ne savait pas à l’avance qu’il devrait rester suite à la blessure d’un de ses arrières gauche ? Cela nous a énervés, oui. Au lieu d’aller chercher un autre arrière gauche sans être sûr que c’est un renfort, on a décidé de donner l’opportunité à Sardella et N’Diaye de se développer. Sardella est très motivé, surtout en vue de l’Euro U21 de cet été."
Les départs
« Duranville et Aït El Hadj ne voulaient pas rester. »
Hoedt (pour 2 millions € à Watford) est un des gros contrats dont Anderlecht s’est débarrassé. Mais les supporters ont moins apprécié les départs des jeunes Duranville (pour 8,5 millions € à Dortmund) et Aït El Hadj (pour 2 millions € à Genk). " On n’a pas été capable de lui offrir du temps de jeu lors des 18 derniers mois, on doit donc accepter qu’il veuille partir. Il avait vraiment le désir de quitter Anderlecht. Et de mon expérience, je sais qu’il n’est jamais bon de garder un joueur contre sa volonté. Anouar est un super joueur. Dès que le transfert était fait, je lui ai envoyé un message pour lui souhaiter bonne chance. "
Et le diamant brut Duranville ? "On aurait préféré garder Julien encore deux ans, mais c’était impossible. D’abord pour des raisons financières, mais surtout parce qu’il ne voulait vraiment pas rester. C’est impossible de faire percer tous nos talents de Neerpede en équipe A. Si chaque année, on inclut huit jeunes dans le noyau A, on aurait 24 jeunes après trois ans. Cela ne fonctionne pas ainsi. Pour moi, c’est aussi un succès de former un joueur qui brille au plus haut niveau en Europe. C’est une fierté d’avoir de tels ambassadeurs du club."
Et puis, il y a le départ soudain de Silva, dont le papa a donné sa version dans La Dernière Heure de ce jeudi. "Fabio est un très bon joueur, mais quand on a changé de système comme on l’a fait, son profil ne correspondait plus à ce que nous voulions. Ce n’est pas de sa faute ni de la nôtre. Mais son rendement ne pouvait plus être optimal. On s’est donc mis autour de la table."
Il était pourtant le meilleur buteur avec 11 réalisations, "dont sept en championnat", complète Fredberg. "Entre-temps, Raman et Stroeykens ont une bonne moyenne de buts au poste de numéro 9."
Les anciens
« On se sépare de Trebel en juin. »
Les trois anciens d’Anderlecht termineront la saison au Sporting. Le but était pourtant de se débarrasser de Trebel et Van Crombrugge. Est-ce que la blessure de Trebel a empêché son départ ? "Bonne question, mais je n’ai pas une boule de cristal. En tout cas, ce n’est pas une option de lui donner un nouveau contrat. Il y a beaucoup d’éléments qui entrent en considération. Il ne fait pas partie des plans pour l’avenir. Nous avons eu une bonne conversation et nous sommes arrivés à la conclusion que c’était le moment de se séparer. Mais entre-temps, il reste dans le noyau A."
Selon nos informations, La Gantoise et Hein Vanhaezebrouck seraient déjà à l’affût.
Hendrik Van Crombrugge était proche de Nottingham Forest, qui a finalement pris Keylor Navas. "Le dossier n’était pas lié à celui de Toffolo. Hendrik a lui-même choisi de ne pas partir en Premier League. En tant que dirigeants, nous pouvons tenter de trouver des solutions, mais nous ne pouvons pas décider à la place des joueurs. Mais c’est comme ça. Hendrik est un bon gars et nous sommes contents de lui comme gardien."
Et quid de Lior Refaelov, le vétéran de la bande qui aura 37 ans en avril ? "Ce n’est pas encore décidé. Mais par respect pour lui, nous comptons bien trouver une solution et prendre une décision avant la fin de la saison. Nous avons un dialogue constructif et respectueux avec lui, mais on n’a pas encore trouvé d’accord. Oui, on sait qu’il a le droit de parler avec d’autres clubs. Ce sont les règles du jeu et on les respecte."