Joe Dassin, cafés vides et concert de sifflets évité, immersion dans les coulisses du huis clos à Anderlecht – Zulte Waregem
Anderlecht s’est incliné dans un silence pesant qui leur a épargné de nouvelles huées (méritées) de leurs supporters.
Publié le 19-01-2023 à 06h51
Un couple du troisième âge se déhanche. Les enceintes crachent un tube entraînant de Joe Dassin. Dans un coin, un couple se fixe langoureusement, les mains jointes au-dessus de la table. À l’entrée le tableau affiche un plat du jour écrit à la craie.
La scène a tout d’une après-midi tranquille dans un village bien éloigné des tumultes de la capitale. Elle se déroulait pourtant un gros quart d’heure avant le match d’Anderlecht dans l’un des cafés bordant le stade.
Une banderole anti-Vandenhaute
L’Avenu Théo Verbeek avait revêtu ses plus tristes habits ce mercredi soir de match à huis clos. Morne, sans vie ni décor à l’exception d’une banderole visant le président Vandenhaute mais enlevée une heure avant la rencontre.

Les habituelles scènes de fête et l’odeur de bière avaient laissé place au bruit des voitures tunées visiblement pas au courant de la limite de vitesse fixée à 30 km/h dans les rues de la capitale.
Les cafés impactés financièrement
Deux mange-debout trônaient devant la Coupe. Le café est vide. Seuls Michou, occupée à lire le menu de la pizzeria du coin, sa fille et un ami sont présents à une heure du coup d’envoi. “On est ouvert mais je sais déjà que seuls les amis proches et la famille viendront, souffle la patronne, revenue en Belgique depuis Ténérife où elle habite. Ma clientèle de match ne se déplacera jamais jusqu’ici. Et certainement pas un soir de semaine.”
Il y aura un impact sur les finances de son établissement qui n’ouvre que les jours de match comme d’autres dans le coin. “Heureusement qu’ils n’ont pas fermé le stade contre l’Union, positive-t-elle. Mais je ne comprends pas pourquoi on punit les supporters et les commerçants du coin pour une poignée de personnes. ” Ils étaient finalement une petite dizaine pour profiter du match à la télé.
Une preuve du manque d’ancrage local
Mais où étaient donc les supporters du coin ? Nulle part. Ils sont si peu nombreux que leur présence n’a pas animé les abords du stade. Au plus grand bonheur de la police, des stewards et du club. Tous étaient sur le qui-vive autour du stade.
Une nouvelle preuve qu’Anderlecht doit augmenter son ancrage local. Peu de supporters du RSCA habitent Anderlecht ou même dans l’une des 18 autres communes bruxelloises.
Une fois à l’intérieur, la tension se dissipait instantanément. On a pu croiser Jonas De Roeck, ancien de la maison venu scouter Zulte Waregem, futur adversaire de Westerlo, ou encore Marco Kana. Le médian défensif est venu supporter ses équipiers malgré un pied dans une botte de marche. La faute à une blessure à l’orteil.
Enquête : Anderlecht joue à huis clos… et cela a un impact sur les résultatsDebast aurait été hué
Kana a dû se dire qu’on oubliait vite certaines choses. Les derniers huis clos – dus au Covid – datent d’il y a 18 mois et pourtant ils paraissent tellement loin. Espérons que ce soit le dernier car comme l’a longtemps dit une banderole du Lotto Park : “le football n’est rien sans les fans”. Même le speaker ne semblait pas accepter la situation lançant un “bon match à tous” dans un stade vide.
"Nous aurions gagné avec nos supporters"
- Benito Raman
Zeno Debast a certainement remercié le ciel pour ce huis clos quand il s’est fait chiper le ballon sur le 0-1. Le public aurait fait part de son mécontentement. Amir Murillo, lui, aurait eu droit à un concert de huées et de sifflets pour sa bourde sur le 2-3.
Benito Raman aurait, lui, préféré que son cri de joie sur ses deux buts ne soit pas qu’un plaisir solitaire brisant le silence. Il est peut-être l’un des seuls Mauves que les supporters n’auraient pas pris en grippe au terme d’une nouvelle défaite décevante.
"Je suis certain qu'avec nos fans dans le stade, nous aurions gagné ce match, dit le buteur. Le sentiment sur le terrain n'est pas le même quand tu joues dans un stade vide. Je sais qu'ils sont frustrés par nos prestations mais on joue mieux quand ils sont présents."
