Au Standard, les finances restent un grand chantier pour 777 Partners
Le club liégeois a un sérieux travail de redressement à effectuer, ce qui limite ses dépenses. Les pistes envisagées par 777 Partners pour envisager l’équilibre sont nombreuses.
Publié le 14-01-2023 à 06h00
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Un peu plus de dix mois après la reprise du Standard, 777 Partners poursuit son travail de remise à niveau du club liégeois. Il est autant sportif que financier et ce dernier volet n’est pas le plus simple. En fin d’année passée, le bilan comptable pour la saison 2021-2022, arrêté au 30 juin, a été publié, avec cette information, importante sans être surprenante: la perte d’exploitation s’élève à 20 219 653 €.
Sans Coupe d’Europe, en fonction d’une participation en play-off en avril-mai, et même si la masse salariale a été réduite pour partie, le bilan comptable au terme de la saison 2022-2023 pourrait-il encore se creuser ? Qu’a mis en place le propriétaire américain pour limiter les difficultés financières, et que peut-il faire encore ? Il s’est à la fois porté garant pour le remboursement d’une partie de la dette, à ne pas confondre avec la perte, il a réduit et va encore réduire la masse salariale donc, et il laisse quelques fournisseurs en attente, entre autres pistes de travail.
Une garantie à hauteur de 38 000 000 € pour apurer une partie de la dette
C’est en soi une nouvelle positive, et un gage de sécurité pour le futur, vu de loin. Dans le bilan comptable, une garantie a été déposée par 777 Partners pour apurer une partie de la dette, qui s’élève à 49 123 549 €. Le propriétaire américain a signé un document dans lequel il s’engage à couvrir 38 millions€ de cette dette.
C’est un point important, notamment pour l’obtention de la licence, dont le contrôle annuel par la commission est prévu en mars. Le Standard, dont le dossier est encadré et qui doit se présenter tous les trimestres pour des contrôles intermédiaires, devra être en mesure de démontrer, lors de son passage annuel, que son activité peut être mise en continuité pour la saison prochaine.
À cet effet, les dettes ONSS, et certaines ardoises auprès de fournisseurs ou d’autres clubs doivent être réglées. Autre élément important à garder à l’œil: les fonds propres, ou capitaux propres, soit ce qui se trouve sur les comptes du club. Ils sont actuellement négatifs, à hauteur de 26 538 069 €, rendant le club en faillite virtuelle… comme la plupart des clubs belges.
La commission demande un effort minimum de 20 %, pour ramener les fonds propres à hauteur (négative) de 21 230 455,2 €. L’apport de 777 Partners, et les efforts réalisés depuis le début de la saison devront produire leurs effets, sous peine d’être pénalisé sportivement par le retrait d’un point au moins pour entamer la prochaine saison. Pour rappel, la Pro League souhaite que les clubs soient en capacité d’avoir des fonds propres positifs dans les cinq ans.
Une augmentation de capital, mais pas un retour à l’équilibre dans l’immédiat
777 Partners a effectué, et effectuera encore, une augmentation de capital, soit une injection d’argent frais pour se donner de l’air. Au dernier bilan, l’augmentation prévue était de 16 928 171 €. Cela prend la forme de versements, à coup de 5 millions€ environ, pour apurer, au fur et à mesure, la dette contractée par le Standard. La dernière tranche a été versée en décembre, et une nouvelle tranche sera versée prochainement.
Selon une spécialiste économique contactée par nos soins, la stratégie de 777 Partners d’effectuer des versements par tranches n’est pas une mauvaise idée, par rapport à un versement sec de 50 millions€, d’un coup. Un apport direct effacerait la dette, mais ne réglerait pas le souci d’exploitation, soit les entrées et sorties financières renseignées au bilan.
Cet apport au capital, qui permet de récupérer un peu de cash, et la garantie de supporter la dette à hauteur de 38 millions€, sont autant d’éléments qui doivent permettre de ramener les finances à l’équilibre dans les prochaines années – 777 Partners aura versé 20 millions€ en un an, depuis sa reprise. Ce retour à l’équilibre ne se fera pas avant quelques années, au mieux, et selon les objectifs sportifs atteints, ou non (play-off, qualification européenne).
Une masse salariale à réduire
Le chiffre d’affaires, au 30 juin 2022, était de 20 millions€, un montant inférieur à la masse salariale (28 millions€), ce qui est le signe d’une entreprise en (grande) difficulté. Les dirigeants de 777 Partners héritent de la gestion de la direction précédente, dit-on pour leur défense.
Les points de travail, pour réduire le choc, sont notamment la baisse de cette masse salariale ainsi qu’un mercato hivernal très calme, sans dépense, avec pour objectif sportif une qualification pour les Europe playoffs.
Des fournisseurs et des agents en attente
La dette du Standard s’élève à près de 50 millions€, mais certaines dettes sont plus handicapantes que d’autres. Les dettes à un an au plus sont ainsi de 26 269 352 €. En clair, ces dettes doivent être remboursées avant la conclusion du prochain exercice comptable, au plus tard le 30 juin 2023, pour finaliser la saison en cours.
Sur l’ardoise du club liégeois figure la dette à l’égard des fournisseurs. Au 30 juin dernier, elle s’élevait à un peu plus de 8 millions€ (8 290 961 €). Des fournisseurs ont mis en place un plan d’apurement de la dette, avec le club, pour être payés. Si la situation de certains a été régularisée, depuis la publication des comptes, d’autres sont toujours en attente.
L’inquiétude est toutefois relative, dit-on chez certains fournisseurs, conscients que le principe décisionnel, des États-Unis, ne rend pas la vie de la direction locale, à Liège, facile. D’autres corps de métier ne sont pas payés, ou ne reçoivent pas ce qui leur est dû. Les agents de joueurs, qui sont payés sous la forme de commissions, n’ont pas encore vu la couleur de leur argent pour certains dossiers. Certains agents commencent à s’impatienter, dit-on.
Des retards de paiement et des droits télé qui rapportent moins
En fin d’année passée, les joueurs du Standard ont été payés en retard, de quelques jours. Les joueurs avaient été prévenus par la direction et les salaires sont arrivés sur les comptes, finalement. Avec son personnel, qu’il soit sportif ou administratif – le Standard emploie une centaine de personnes, tous secteurs confondus – le club liégeois veille à être à l’heure pour les paiements.
Aucun retard n’a ainsi été observé pour le personnel administratif et d’autres collaborateurs ont été payés comme prévu. Il reste toutefois un caillou dans la chaussure de la direction. Il y a près de deux ans, Bruno Venanzi avait négocié la vente des droits télé du Standard avec une banque allemande, Raisin Bank.
Le but était de récupérer du cash, sous la forme d’un prêt de la banque, pour offrir un peu d’air en vue de l’obtention de la licence. Comme pour tout prêt, la banque a appliqué un taux d’intérêt au remboursement. La Pro League a ainsi versé les montants des droits télé du Standard à la Raisin Bank, qui a prélevé son intéressement, puis versé le solde sur le compte du club liégeois. Ce sont d’abord les intérêts qui ont été prélevés, et cela doit être encore le cas en ce début d’année. Cela réduit, là aussi, l’apport que doivent constituer les droits télé.
S’il y a beaucoup de dépenses, il y a quelques apports utiles. Il apparaît ainsi au bilan comptable que le Standard a touché 10 650 000€ pour des transferts du passé, sous la forme de tranches de paiement. Et ce vendredi, Burnley a officialisé le transfert d’Ameen Al-Dakhil, ce qui rapportera encore un peu d’argent: 20% de la somme déboursée par le club anglais à St-Trond. Il n’y a pas de petites économies.