Qui est Arthur Vermeeren, le nouveau phénomène du football belge? “On dirait qu’il a été formé au Barça”
Arthur Vermeeren a tout pour devenir un cadre de la future génération de Diables rouges. On dresse son portrait avec David Penneman, son ancien coach chez les U17 belges.
Publié le 11-01-2023 à 07h56 - Mis à jour le 11-01-2023 à 09h27
Arthur Vermeeren est à Radja Nainggolan ce que l’eau est au feu. À 17 ans, le jeune produit de l’académie anversoise se pose en antithèse du footballeur moderne bling-bling et en recherche constante d’attention. Vermeeren ne niera toutefois pas que sans les frasques de l’ancien Diable rouge, dont le contrat avec l’Antwerp a été rompu, il aurait dû attendre encore quelques mois avant de pouvoir crever l’écran.
L’expression est presque faible pour résumer son talent. Vermeeren est probablement le milieu de terrain dont on parlera le plus en Pro League dans les mois et les années à venir. Si tant est que l’Antwerp puisse le conserver jusque-là (il a un contrat jusqu’en juin 2024).
La chronique d'Yves Taildeman: "Arthur Vermeeren est un futur Diable rouge"Andres Iniesta et Timmy Simons
Mais pourquoi les spécialistes du football belge s’excitent-ils en masse au sujet d’un gamin encore un peu maigrichon qui porte encore un appareil dentaire ? Parce que “Tuurtje”, comme le surnomme Mark van Bommel, a tout d’un futur phénomène. “On dirait qu’il a été formé à la Masia, sourit David Penneman, son ancien entraîneur chez les U17 belges. Et les analogies avec Iniesta ne sont pas volées. Je sais que ce genre de comparaison est à double tranchant car il connaîtra des creux. Mais son QI foot est incroyable. Je lui trouve aussi des airs de Timmy Simons. Dans son intelligence de placement.”
Vermeeren est un joueur plus au goût du jour que l’ancienne gloire du PSV et du Club. La meilleure définition de son profil est celui de numéro 6 moderne. L’Anversois – il vient de Lier – a pourtant été formé un cran plus bas, en défense centrale.
Il voulait quitter la défense
Sauf que Vermeeren est du genre à savoir ce qu’il veut. “Pour vous donner un exemple, il règle lui-même toutes les adaptations d’horaires avec son école (NdlR : il est en rhéto)”, dit Penneman. Et il était certain de mieux réussir dans l’entrejeu qu’à son poste de formation.
Son départ de Malines, son premier grand club, est en partie lié à cette donne. En 2018, il surprend tout le monde en signant à l’Antwerp. Si dans le monde des adultes, ce transfert a tout d’une promotion, chez les jeunes, c’est une rétrogradation de division. Le Great Old l’a pourtant séduit. Pas à coups de gros sous mais grâce à un projet à long terme… en tant que médian défensif.
Il était passé sous les radars des équipes nationales
L’inconnu qui a charmé Martinez
Les Anversois ont le nez fin car beaucoup d’autres clubs sont passés à côté de ce gamin oublié des équipes nationales jusqu’aux U17. “Et même l’histoire de sa première sélection est amusante, se souvient Penneman. J’allais scouter d’autres joueurs des U18 de l’Antwerp à l’été 2021 et j’ai vu Arthur. Il était le meilleur joueur sur le terrain tout en étant peu visible. Il résolvait toutes les situations avec tellement d’intelligence. Ses choix étaient bons, sa position toujours idéale. Il ne faisait aucun dribble ou geste superflu. Tout était dans la simplicité. ”
Le Covid empêche sa première sélection et Penneman lui demande de venir avec l’équipe Future (les joueurs à la croissance tardive) pour qu’il se fasse une idée de sa personnalité. “Il a directement impressionné et j’ai repris pour les matchs suivant. Beaucoup de gens me posaient des questions – 'Mais c’est qui celui-là ?' – car il sortait de nulle part et qu’il avait pris la place de joueurs évoluant dans des clubs plus huppés.”
La première impression est la bonne. Penneman voit en lui des qualités folles – placement, anticipation, vista – avec une constante : son intelligence. “Il n’est d’ailleurs pas étonnant qu’il continue ses humanités. Il a réussi ses examens malgré ses débuts avec l’Antwerp et son stage aux Émirats. Il pense comme un homme de 25 ans.”
On dit de lui qu’il a la tête bien faite. Ses pieds ne sont pas mal non plus. Il est capable de donner de bonnes passes du droit comme du gauche. Au point d’impressionner Roberto Martinez lors de l’Euro U17 de mai dernier. “Lorsqu’il l’a vu évoluer, il m’a dit : ‘Quel joueur !’. Il m’a demandé s’il allait percer en D1 cette saison. Il a eu sa réponse.”
Travailleur sans muscles
Son entraîneur van Bommel est tombé sous le charme dès cet été. Il a rapidement laissé comprendre qu’il allait lui offrir sa chance dès que possible. Seule une interrogation persistait avant de le laisser se frotter à des adultes : son manque de puissance physique. “Il doit se développer, c’est une certitude, dit son ancien coach. Il a toutefois l’intelligence de contourner ses défauts. Je me souviens d’un match face à l’Irlande. Nous étions mangés physiquement mais Arthur a réussi à grandir dans le match car il s’était adapté à l’opposition.”
"Il râlait quand je lui disais d'aller se reposer."
Il sort de trois titularisations de rang dont un premier match référence face à La Gantoise. Contre les Buffalos, il a joué avec la facilité d’un routinier de la Pro League. Au point d’être déjà la coqueluche du Great Old. “Et ils n’ont pas fini d’en profiter, dit Penneman. Il a le caractère pour continuer d’évoluer. À l’Euro, on jouait tous les deux jours. Quand je lui disais qu’il devait juste aller courir pour récupérer du match, il râlait sec. Il voulait aller s’entraîner avec les remplaçants.”