Daan Heymans dresse son bilan après un an à Charleroi : “Je suis dangereux à chaque match”
Arrivé à Charleroi en janvier 2022 sous l’insistance d’Edward Still, Daan Heymans commente ses anciennes déclarations avec sa franchise habituelle.
Publié le 06-01-2023 à 06h00
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Un an. À quelques jours près, cela fait un an que Daan Heymans a rejoint le Sporting de Charleroi pour relancer sa carrière freinée à Venezia (Serie A). D’abord six mois, en prêt, puis définitivement depuis juillet. Le Sporting a déboursé environ 550 000 euros pour s’offrir ses services, une somme qui pouvait presque atteindre le million d’euros selon différents bonus. Actuel meilleur buteur du club cette saison (6 buts toutes compétitions confondues), le milieu offensif belge de 23 ans (contrat jusqu’en 2025) a accepté d’être confronté à ses précédentes déclarations, sous forme de bilan et de perspectives, alors que Charleroi entame un long sprint à l’objectif double : espérer se rapprocher du top 8 et éviter le stress des trois descendants.
“J’espère devenir un joueur important la saison prochaine”
Cette phrase, Daan Heymans l’a prononcée lors de sa présentation à la presse, le 2 février 2022. Qu’en est-il aujourd’hui ? “Mon rôle dans le vestiaire est petit à petit devenu plus important, commente-t-il. Au début, j’étais un peu timide, calme, j’observais. Mais cette saison, je pense pouvoir dire que je suis davantage parmi les leaders et on me demande plus souvent mon avis… Donc de ce point de vue là, je pense être devenu plus important dans le groupe. Le coach me l’a dit aussi.”
“Je me sens respecté dans le vestiaire.”
- Daan Heymans
Au-delà de son implication dans le vestiaire, l’ancien de Westerlo, Lommel et Waasland-Beveren a aussi prouvé ses qualités dans le jeu, même s’il a régulièrement alterné entre le terrain et le banc. “Le coach Edward Still m’avait dit que je jouerais beaucoup et c’est l’une des raisons pour lesquelles je suis resté cet été, mais je n’ai pas commencé les premiers matchs donc c’était un peu difficile à accepter, admet-il. Quand j’ai eu ma chance, je pense avoir fait de bons matchs, notamment à OHL (NdlR : 1 but et 1 assist malgré la défaite 3-2, le 10 septembre). Depuis sa nomination, Felice Mazzù m’a conforté dans ce statut et me dit souvent que les conseils et remarques que je donne à l’entraînement sont pertinents, que je suis en quelque sorte un leader aussi.”
Ce n’est d’ailleurs pas anodin qu’il ait été choisi pour former la délégation de cinq joueurs (avec Ilaimaharitra, Kayembe, Mbenza et Marcq) désignés pour rencontrer les supporters lors d’une réunion d’apaisement après les incidents qui ont émaillé le match contre Malines, mi-novembre. “C’est le coach qui m’a demandé d’en faire partie et j’ai évidemment accepté. Je me sens respecté dans le vestiaire. ”

“Je ne viens pas ici pour me contenter d’être assis sur le banc”
Heymans l’avait honnêtement reconnu lorsqu’il a effectué son retour anticipé en Belgique, début 2022, lassé de ne pas jouer en Italie : son statut avait forcément évolué grâce à son passage – certes bref – en Serie A. Il s’attendait à jouer davantage et surtout à prester à un meilleur niveau.
“J'aurais pu mieux faire, notamment contre Anderlecht et le Standard, mais je suis quand même là, aux bons endroits, grâce à mes infiltrations.”
- Daan Heymans
“J’aime attaquer. Cette saison, on n’a pas encore vraiment produit un football offensif, celui que j’attends, analyse le Flandrien. Mais au vu des minutes jouées et de mes statistiques, je suis relativement satisfait. Je peux encore être plus important, plus décisif et encore progresser, mais j’ai aussi besoin de rythme pour ça. Non pas de jouer un match puis monter deux fois puis être remplaçant… À chaque match que je joue, je suis dangereux. J’aurais pu mieux faire, notamment contre Anderlecht et le Standard, mais je suis quand même là aux bons endroits grâce à mes infiltrations.” Il est d’ailleurs le meilleur buteur actuel du Sporting, cette saison (6 buts, 1 passe décisive).
Avec Ilaimaharitra, Morioka ou Zorgane entre autres, la concurrence dans l’entrejeu est importante chez les Zèbres. “On a énormément de qualité dans ce secteur, c’est évident, confirme Heymans. Il y a du monde.” Aussi derrière l’attaquant, où il évolue. Ce qui en laisse inévitablement quelques-uns sur le banc.
“Tout le monde tire dans le même sens, c’est positif”
À plusieurs reprises, ces derniers mois, Daan Heymans a loué la mentalité du vestiaire carolo. Des bons gars, malgré certains caractères forts, et de sacrés compétiteurs, voire râleurs. “La période actuelle est la plus difficile depuis que je suis à Charleroi. La saison passée, c’était plus positif et on a par exemple fait de bonnes choses avec la sixième place ou une bonne fin de playoffs.”
Cette saison est autrement plus délicate. Charleroi risque même de devoir surveiller son rétroviseur. “C’est maintenant que l’on doit être capable de réagir en équipe. La mentalité reste positive, mais il n’y a rien à faire, on doit créer, marquer et gagner des matchs pour que tout cela revienne. Je le redis aujourd’hui : tout le monde regarde dans la même direction.”

Le risque, dans pareille situation, est de vouloir forcer les choses pour conjurer le sort. “C’est vrai. Tout le monde veut tellement bien faire, aider l’équipe et se montrer… Contre Anderlecht, on était dans un bon flow, on aurait pu marquer et, finalement, patatras, on encaisse un bête but et on perd le match. C’est un sentiment terriblement frustrant qui se répète. Mais je pense qu’avec un déclic, une victoire, on pourrait relancer une dynamique positive.”
“Edward Still m’a répété qu’il croyait en moi”
Si Heymans est à Charleroi, il le doit en grande partie à Edward Still, qui appréciait sa mentalité et ses qualités à la fois techniques et athlétiques. C’est l’entraîneur qui a poussé pour son recrutement.
Le joueur approuve : “La saison passée, j’ai choisi Charleroi pour lui. Il voyait que je ne jouais pas en Italie. Il m’a beaucoup parlé et m’a convaincu de signer ce prêt, puis qu’on verrait en été si je restais ici ou si je retournais à Venise.”
Il nuance, ensuite : “Après les six premiers mois, c’est aussi devenu un choix de club, d’environnement et d’un effectif avec lequel je savais qu’il était possible de faire de bonnes choses. Bien sûr, le coach et son discours sont très importants pour la confiance, mais il n’y a pas que ça.”

Le 22 octobre 2022, Still a été démis de ses fonctions. Un choix fort qui aurait pu perturber Heymans, qui ne se dit pas franchement surpris par la décision de la direction. “On l’avait un peu senti venir. On a bien remarqué les dernières défaites, notamment Seraing, le Cercle… (il grimace). Les supporters étaient furieux aussi après le match de Courtrai. Je n’ai rien de négatif à dire sur Edward Still. Beaucoup de joueurs lui sont reconnaissants pour ce qu’il nous a apporté, notamment les jeunes, mais c’est comme ça dans le football… Le changement d’entraîneur doit être un nouveau départ et on doit désormais regarder vers l’avant.”
L’approche de Felice Mazzù est diamétralement différente de celle d’Edward Still. “Je ne veux pas réduire l’un ou l’autre à tel ou tel critère, tempère Daan Heymans. La plus grande différence est que Mazzù axe plutôt son discours et ses séances sur l’état d’esprit, le collectif. Il parle plus volontiers avec les joueurs, en aparté, parfois avec quelques blagues. Still misait plus sur l’aspect tactique, il travaillait des réglages précis, etc. Au début, je parlais aussi beaucoup avec lui, moins ensuite. Attention, je ne dis pas qu’on ne travaille pas tactiquement avec Mazzù ou que Still ne rigolait jamais avec un joueur, mais leur approche est différente.”

“Il manque probablement un n°9 mais le départ de Bayo ne m’inquiète pas”
Cette déclaration est puisée d’une interview réalisée en juillet 2022, alors que Charleroi devait encore combler le départ de Vakoun Bayo, auteur de 4 buts en 4 matchs avant de faire ses valises pour Watford. Malgré les arrivées de Youssouph Badji et Nadhir Benbouali, le poste d’attaquant de pointe reste le talon d’Achille du Sporting.
Heymans : “On a des n°9. Ok, ils ne marquent pas beaucoup pour l’instant, mais il faut aussi que les bons ballons arrivent dans la bonne zone pour eux. Le Badji de l’époque brugeoise, sur dix ballons, il en mettait au moins cinq dedans. Pour le moment, je crois qu’on ne sert pas toujours bien nos attaquants, nos joueurs offensifs.”
Il pointe un manque, dans les profils disponibles. “Bayo pouvait prendre la profondeur plus facilement, c’est moins le cas de Youssouph et Nadhir qui préfèrent recevoir le ballon dans les pieds, pas dans la verticalité. Il faut aussi que l’on soigne la dernière passe, l’appel, les centres… C’est un tout.” Finalement, le départ de Bayo s’est tout de même avéré inquiétant.
“Tout le monde ici sait que mon but n’est pas de rester 5 ans”
Franchise et ambition se dégageaient déjà dans le discours de Daan Heymans en janvier 2022. Douze mois plus tard, son discours n’a pas vraiment changé. “Je me sens très bien ici et je n’ai aucun problème à rester au moins jusqu’en fin de saison. Voire une de plus. Je suis encore jeune, ambitieux et, même s’il faut toujours être ouvert dans le football, je ne pense pas à un transfert en janvier. Si quelque chose de bien arrive en fin de saison pour Charleroi et pour moi, on discutera. Si je dois encore performer une saison ou deux avant de franchir une étape, c’est possible aussi. L’objectif à court terme est de nous relancer. Eupen puis le Cercle Bruges sont deux matchs importants mais, dans notre situation, ils le seront tous.” On en reparle dans douze mois.