Riemer avant son baptême du feu comme coach d’Anderlecht : « Je n’ai pas peur de perdre des matchs »
Brian Riemer rêve d’une victoire face à Genk, en Coupe, mais n’est qu’aux " balbutiements du projet " qu’il veut mettre en place pour le RSCA.
Publié le 21-12-2022 à 07h07
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Il quitte la salle de presse un dossier sous le bras. Sur la couverture, un grand logo du KRC Genk. Brian Riemer a passé sa soirée de mardi à lire les lignes de courses des Limbourgeois plutôt que celles du dernier polar scandinave à la mode. Dans les couloirs du club, le Danois a laissé une première impression positive. Poli, travailleur, organisé, le gendre idéal en quelque sorte.
Impatient plutôt que stressé
Une image qu’il a également renvoyée lors de la première conférence de presse d’avant-match. Entre deux coups de dents sur son chewing-gum – une habitude qu’il partage avec son ancien coach, Thomas Frank – il a tenu un discours carré et millimétré.
C’était notamment le cas au moment d’aborder toute la tension qui règne autour de ce match. Son premier en tant qu’entraîneur principal d’une équipe première après des années à apprendre dans l’ombre. Un match clé, de surcroît, pour Anderlecht pour qui la Coupe est la meilleure chance de réussir sa saison et de jouer sur la scène européenne. Pression assurée.
"Et pourtant je ne chique pas par stress, précise-t-il, étonné de notre question. Je suis même très impatient de commencer en match officiel. C’est un moment spécial pour ma carrière mais aussi pour ce projet à long terme dans lequel je me suis lancé. Je veux ramener Anderlecht à la place que ce club mérite. Je suis certain qu’on y parviendra."
Sa famille ne sera pas présente au stade. "Ils travaillent", sourit-il en toute simplicité. Il avait de toute façon envie de créer une bulle autour de sa personne, sachant à quel point le défi qui l’attend à la Cegeka Arena sera compliqué. L’enchaînement qui suivra en championnat n’est pas plus aisé : Charleroi, l’Union et le Club Bruges.
La pression sur Genk
"On peut encore longtemps débattre de quel match est le plus important. Ils le sont tous, coupe-t-il. Et jouer contre Genk ne sera pas plus facile dans un mois. Genk est la meilleure équipe du moment. L’affronter est un défi excitant pour mon équipe. On saura où on en est après ce match. La pression est sur nos adversaires. Tout le monde attend qu’ils gagnent. À nous de montrer qu’on veut tenter de les battre."
Le fait que Riemer puisse ouvertement se dire outsider de son premier match en dit long sur le tournant pris par la maison mauve. Un coach d’Anderlecht n’aurait, dans un passé encore récent, pas osé l’affirmer de la sorte. Les arguments du nouveau T1 sont toutefois logiques. "Je veux tout gagner. Je veux passer au prochain tour de la Coupe. Mais on ne peut pas oublier la réalité du moment. Genk est l’équipe en forme. Ce serait idiot de ma part dire qu’on va les écraser. On a des ambitions, on les montrera dès demain, mais ce serait stupide de se dire favori."
Il demande du temps
Deux semaines, c’est peu dans la vie d’un coach ou d’un club. Riemer devra s’en contenter. Les matchs amicaux ont levé un coin du voile sur ses ambitions mais aussi sur les énormes lacunes à combler. "Et je le répète : nous ne sommes pas des magiciens, expose le coach. Nous devons tout reconstruire en partant de la base. Nous devons faire cela correctement."
Avec Jesper Fredberg, nouveau CEO Sports, Riemer a déjà réalisé une analyse en profondeur des forces et faiblesses du club tant au niveau footballistique que structurel. Le duo danois ne laisse rien passer. Ils se sentent chargés d’une mission : redorer le blason du club.
Plusieurs personnes se sont cassé les dents sur cet écueil. Vincent Kompany était certainement le plus proche de la réussite. Et il lui a fallu plusieurs années pour seulement effleurer les grandes ambitions qu’il avait pour les Mauves. "On doit construire un style de jeu. Cela prendra du temps, prévient Riemer. J’ai envie de gagner contre Genk mercredi soir mais je n’ai pas peur de perdre des matchs. Car je sais qu’avec le temps, on sera meilleur si on peut faire les choses à notre manière."
La création d’une identité footballistique
Le message est clair : laissez du temps aux nouveaux décideurs sportifs. "Les fans sont toutefois en droit d’attendre de grandes choses. C’est logique à Anderlecht. Mais l’équipe doit trouver ses marques, ce qu’elle n’a pas encore réussi à faire cette saison. J’espère voir des évolutions à court terme mais j’ai aussi besoin de temps pour arriver à un produit final."
Brian Riemer est concentré sur sa tâche. Elle consiste en absolue priorité à remettre en place un jeu attrayant. Le terme "moderne" a été utilisé à de nombreuses reprises. On le définira par une envie d’être dominant, de presser haut pour priver l’adversaire du ballon et d’attaquer en jouant dans la verticalité. Un mix entre le Kompany des débuts et le jeu de Felice Mazzù.
Sur le papier, les ambitions ont le mérite d’exister et de coller aussi bien au football moderne. Elles nécessitent toutefois une révolution globale, qui est loin d’être acquise. Lors de son premier match amical, Riemer a vu des joueurs ambitieux, précis dans leur pressing. Dans le second, ils se sont fait manger tout cru.
"Nous allons dans la bonne direction, considère Riemer. Nous changeons un style de jeu, nous implémentons de nouvelles choses. Cela fait beaucoup de changements. Je suis impatient de savoir où nous en sommes. Les amicaux m’ont offert certaines perspectives. Je reste toujours pondéré après ce genre de match car je peux déjà dire, et sans trop en dévoiler, que notre composition d’équipe sera différente. Nous sommes aux balbutiements de ce que nous voulons faire. Mais je vois beaucoup de positif en match comme à l’entraînement. Je veux me concentrer sur cela et améliorer certaines petites choses. Je ne m’attends pas à ce que tout soit parfait contre Genk mais je compte voir des joueurs performants et impliqués."