Felice Mazzù prône l’unité pour son retour à Charleroi : “Plus rien ne m’effraie”
Felice Mazzù a tourné la courte mais lourde page anderlechtoise et veut reprendre son histoire d’amour avec Charleroi là où il l’avait laissée en 2019.
Publié le 03-12-2022 à 08h00
:focal(545x371.5:555x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/HJFWVE5N3RDN7M5DNIQ64GXZVY.jpg)
Trois ans et demi après son départ de Charleroi par la grande porte, Felice Mazzù (56 ans) y est de retour. Entre-temps, il a vécu deux gros échecs, à Genk et Anderlecht, entrecoupés d’un brillant passage à l’Union SG. Ce vendredi, à la veille du départ en stage pour une semaine en Turquie, il a tenu une conférence de presse très attendue au Mambourg.
Son licenciement d’Anderlecht : “Un échec”
Le 24 octobre 2022, après seulement 22 matchs dirigés pour Anderlecht (10 victoires, 10 défaites et 2 partages), Felice Mazzù a été remercié. Il ne s’est pas épanché, ce vendredi, mais on a senti un homme déçu, voire meurtri par cette courte expérience. “Je n’analyse pas ce qui a pu se passer à Anderlecht. Ce sont de situations de vie qui peuvent arriver à n’importe qui. Le football est comme ça”, s’est-il contenté de répondre.
Estime-t-il avoir reçu assez de temps pour installer ses idées dans un club sous pression constante ? “Je n’estime rien. Quand un entraîneur s’engage dans un club, il espère faire des résultats et durer le plus longtemps possible. Si une partie (NdlR : dans ce cas-ci la direction) décide qu’il ne faut plus continuer ensemble, il faut respecter et accepter la décision.”
Il a tout de même admis que son passage au RSCA était un échec. “Dans la vie, les échecs doivent nous permettre de tirer du positif, des enseignements, et de savoir pourquoi cela n’a pas fonctionné pour ne pas reconnaître les mêmes erreurs. Et ce, même s’il n’y a pas chaque fois des erreurs de ma part…”

Son retour à Charleroi : “Oui tout de suite”
Les 23 et 24 octobre, les planètes se sont alignées. La veille du C4 de Mazzù à Anderlecht, Edward Still était remercié à Charleroi. Le téléphone de l’ancien Entraîneur de l’année n’a pas tardé à sonner. Et lui n’a pas hésité à décrocher.
Surpris ? “Je n’ai pas envie de dire surpris mais content. Content que le club ait à nouveau pensé à moi, a commenté Mazzù, très heureux de revenir là où il a démarré le métier en D1 entre 2013 et 2019 (259 matchs). Cela veut dire que notre passé a été positif et que, même si on s’est séparé un certain temps, l’énergie est restée positive entre nous.”
Et de poursuivre : “Honnêtement, si la direction de Charleroi ne m’avait pas téléphoné, je ne suis pas sûr que j’aurais relevé un autre défi aussi vite. J’ai accepté tout de suite parce que c’est Charleroi, que je connais la maison, que je savais que j’allais bien me sentir et que cela me donne l’occasion de rester près de mon papa. Beaucoup d’éléments qui ont fait que j’ai dit oui tout de suite.”

Le climat actuel au club : “Plus rien ne m’effraie”
Une treizième place à mi-saison, des joueurs en manque de confiance et un public furieux : l’atmosphère dans et autour de l’équipe était très tendue avant la trêve à Charleroi. Mais pas de quoi effrayer Felice Mazzù : “J’ai vécu assez de situations pour que plus rien ne m’effraie dans le football.”
Pas même de voir ses propres supporters lancer des fumigènes au point de faire stopper définitivement un match que le Sporting menait 1-0 contre Malines (le 12 novembre) et qu’il perdra 5-0 par forfait. “Ce qui s’est passé n’est pas normal pour des gens qui disent supporter une équipe. C’est très regrettable d’autant plus que le staff intérimaire était proche de signer un 6 sur 9 extraordinaire sans compter la Coupe de Belgique. On doit remédier à cette situation, retrouver une connexion, une unité. La guerre n’arrange aucune des parties.”
Ses ambitions à court terme : “Retrouver une unité”
Après une telle première partie de saison, Charleroi repart de loin. Mazzù s’en est probablement rendu compte durant la première semaine d’entraînement.
”Dans l’état d’esprit d’aujourd’hui, le plus important n’est pas de penser immédiatement à prendre des points mais d’abord de retrouver une unité, a-t-il répété. À la fois avec l’extérieur mais aussi entre nous. Ce sera le paramètre le plus important pour ensuite aller (re) chercher des points. Mon objectif principal, c’est qu’il y ait un nouveau rapprochement avec les supporters, l’équipe et le club. Dans le passé, cette unité nous a permis d’arracher des points parfois en fin de match et d’atteindre un meilleur classement que celui-ci.”
Il n’a jamais évoqué les Europe playoffs mais le top 8 reste l’objectif des Zèbres, déjà sortis de la Coupe de Belgique par Seraing (4-1, le 8 novembre).

La succession de Still : “Mettre en place mes idées”
Felice Mazzù (56 ans) et Edward Still (31) sont deux entraîneurs diamétralement différents. Les joueurs vont devoir s’habituer à une toute nouvelle approche.
”Je ne vais ni repartir de zéro ni être dans la continuité. Dire que je vais repartir à zéro, ce serait manquer de respect à Edward Still. Or, il a effectué un travail extraordinaire dans son profil, dans sa manière de construire une équipe, a salué Mazzù. Mais chaque entraîneur a ses idées et je vais essayer de placer les miennes en tenant compte de tout ce qui a été fait précédemment. La mentalité, l’envie d’être ensemble, de courir pour le partenaire, ce sont des paramètres aussi importants que la qualité tactique ou technique parce qu’on peut résoudre beaucoup de choses en allant au feu tous ensemble.”
Les datas : “Ne pas robotiser le football”
Rapidement après son entrée en fonction à Charleroi, Edward Still avait mis sur pied un “département performances” avec une utilisation accrue des données. Un “analyste data” (Baptiste Henry) avait même été engagé. Il est toujours au club mais Felice Mazzù utilisera ces données “différemment”.
Il a également prévenu : “Il faut absolument qu’on comprenne tous que le football ne doit pas être robotisé. On se dirige de plus en plus vers ça mais, selon moi, la priorité doit être donnée à l’humain, à la créativité et au feeling. Les aspects datas viennent soutenir et appuyer ces paramètres humains, et ils sont importants, mais dans ma manière de fonctionner, les aspects que je viens d’évoquer peuvent gommer beaucoup de mauvaises situations. Ce sera un mix entre tous ces paramètres.”
Pour rappel, Sandro Salamone, analyste vidéo, a suivi Mazzù à Charleroi.

Grillé au top niveau belge ? “Ça me fait sourire”
Lorsqu’il a quitté Charleroi pour rejoindre Genk et la Ligue des champions en 2019, Felice Mazzù n’avait sans doute pas imaginé que sa trajectoire de carrière le ramènerait à Charleroi trois ans et demi plus tard. Mais il ne faut pas lui parler pas de retour à la case départ.
”Ce n’est certainement pas un échec de revenir ici. Ça me fait sourire, répond-il avec sa franchise habituelle. J’ai la chance d’encore travailler en Division 1 et beaucoup d’entraîneurs rêveraient d’être à ma place aujourd’hui. Quand vous sortez d’un échec à Anderlecht, retrouver du travail immédiatement dans un club comme Charleroi, cela ne peut être que gratifiant”.
Sans doute Mazzù s’est-il rendu compte que l’herbe n’était pas toujours plus verte ailleurs. Ou qu’il était simplement animé par d’autres aspirations que la plupart des autres techniciens.
”Il y a différents types d’entraîneurs : ceux qui ont énormément d’ambition et qui se projettent toujours vers un meilleur club et un meilleur statut financier ; et puis il y a ceux qui, à un moment donné, pensent à un projet de vie personnel. Plus j’ai avancé dans les saisons, plus je me suis dit que le plus important était de me sentir bien avec moi-même, heureux, et de me construire un projet de vie. Le mien est ici à Charleroi, proche de ma famille, dans une atmosphère qui me convient et me permet de me lever chaque matin avec le sourire.”