Arnaud Bodart: “Ne pas s’interdire des ambitions sous prétexte que la saison dernière était catastrophique”
Depuis Marbella, Arnaud Bodart préface la seconde partie de saison des Rouches.
Publié le 03-12-2022 à 07h57
Spectateur attentif de Croatie-Belgique la veille, Arnaud Bodart est revenu sur l’élimination des Diables un peu moins de 24 heures après le coup de sifflet final. Comme l’ensemble des Belges, le portier liégeois était déçu. “Quand on voit le groupe et les joueurs sélectionnés, c’est certain que c’est dommage de ne pas s’être qualifié. Mais tout peut arriver dans cette compétition. Vendredi soir, l’espace d’un instant, l’Allemagne et l’Espagne étaient dehors. C’est ça qui fait la beauté du foot. Si les grandes nations se qualifiaient à chaque fois, ce ne serait pas marrant. Regardez l’Australie ou encore la Pologne qui a peut-être frappé quatre ou cinq fois au but sur trois matchs. Ils sont en huitièmes et c’est génial pour eux.”
Pour l’ancien Diablotin, cette élimination précoce des Diables pourrait finalement s’avérer être un mal pour un bien. “C’est peut-être le destin qui dit que le temps du changement est arrivé (NdlR : Roberto Martinez a annoncé son départ après le match).”
Son avis sur Roberto Martinez
Pas adepte de la langue de bois, Arnaud Bodart a livré son avis sur notre ancien sélectionneur national, Roberto Martinez. “Je l’ai toujours perçu, par ses choix, comme quelqu’un qui avait besoin d’être rassuré. Rassuré par la présence de joueurs d’expérience sur le terrain. Pourtant, il y a pas mal de jeunes dans ce noyau qui auraient pu apporter un plus. Prenons l’exemple de Doku, que j’ai connu : en 20 minutes, il a apporté cette insouciance qui caractérise tant la nouvelle génération et dont on a, quelque part, un peu besoin.”
"Martinez avait besoin de se sentir rassuré."
Maintenant que le poste de sélectionneur est vacant, certains joueurs belges, dont Arnaud Bodart, pourraient entretenir l’espoir d’une future sélection. “Il faudra d’abord voir qui prendra la succession”, fait remarquer le Liégeois qui est très lucide quant à ses chances de figurer dans une éventuelle liste. “Comme je l’ai dit, il y a Courtois et Mignolet qui sont incontournables. Ensuite, Casteels joue depuis de nombreuses années en Allemagne et derrière, il y a encore un gars comme Sels qui a été élu meilleur gardien de Ligue 1.”

De quoi se dire dans le chef de Bodart qu’il ne vit pas à la bonne époque. “Je me suis déjà dit : 'Merde, je ne suis pas né au bon moment.'” Mais ce n’est pas pour autant que le Rouche est résigné. “Je ne baisse pas les bras et ne me dis pas que ça n’arrivera jamais. Au contraire, cela me motive davantage à devenir meilleur.”
"Je me suis déjà dit: merde, je suis né au mauvais moment."
Bodart évoque son évolution
Peu prompt à se mettre en avant, Arnaud Bodart a du mal à répondre lorsqu’on lui demande s’il est un meilleur dernier rempart aujourd’hui, comparé à ses débuts. “C’est plutôt moi qui devrais vous retourner la question. Je n’aime pas trop parler de moi, c’est dans ma nature.” Une question à laquelle on répond par l’affirmative tant le portier de 24 ans a pris de la bouteille et de l’assurance ces dernières années.
Ce qui fait bondir le Liégeois, c’est que l’on compare les gardiens au travers des époques. “C’est totalement stupide. Le football n’est plus le même. Tout va plus vite aujourd’hui. Le travail des gardiens n’est pas facilité par la technologie. Les ballons aujourd’hui nous poussent à progresser dans les appuis, dans la réactivité, à être bien à l’arrêt au moment de la frappe, à mieux lire le jeu.”
"Avant, on me demandait de jouer court mais l'équipe n'y était pas préparée."
Un secteur dans lequel Bodart a progressé, c’est celui du jeu au pied. Et pourtant, là encore, le Standardman tient à nuancer. “Est-ce mon jeu au pied qui n’était pas bon ou l’utilisation qu’on en faisait ? Par le passé, on m’a obligé à jouer court lorsque l’équipe n’était pas prête. Je veux dire par là que tout est aussi une question de contexte. Aujourd’hui, on dit que j’ai progressé au pied mais il faut voir comment se comporte l’équipe. Maintenant, on fonctionne mieux dans ce domaine car on est mieux préparé, on travaille plus les sorties au sol et les positions sont mieux prises.”
Les ambitions rouches pour le second tour
À Marbella, Bodart et les Liégeois préparent la seconde partie de la saison à une période particulière. “C’est un peu spécial. On est parti deux semaines en congé en novembre alors que c’est normalement une période très chargée. En temps normal, la seconde partie de saison est plus longue et ici, ce sera l’inverse. Il faudra voir comment on va gérer tout cela car c’est nouveau pour nous.”
À cinq unités du top 4, le Standard peut-il rêver plus grand cette saison ? “Le 0 sur 6 à Eupen et contre l’Union a fait mal. Mais rien n’est fait. Pour le moment, on ne mérite pas encore le top 4 mais il y a une réelle possibilité”, fait remarquer Bodart qui refuse de s’interdire certaines ambitions. “À un moment, il y a eu un emballement suite à nos belles prestations. On a dit : 'Attention, il faut voir d’où on vient, restons prudents'. Mais une saison n’est pas l’autre. On en a bavé la saison dernière, moi le premier et je n’ai pas honte de dire qu'à un moment, j’ai lâché. Mais on ne doit pas s’interdire des ambitions sous prétexte que la saison dernière était catastrophique.”
Pour le Liégeois, le Standard aura un objectif principal : “On sait qu’on est capable de battre tout le monde. Mais on doit surtout arrêter d’être l’équipe qui peut également perdre contre n’importe qui.”