« Mon cœur balance, mais mon sang est serbe »
Stefan Knezevic, défenseur serbo-suisse de Charleroi, raconte sa dualité sentimentale avant le dénouement du groupe G.
- Publié le 02-12-2022 à 06h00
La connexion internet avec la Serbie est excellente. C’est là-bas que le défenseur du Sporting de Charleroi Stefan Knezevic (26 ans), opéré du genou en octobre, enchaîne les longues séances de labeur avec son kinésithérapeute pour revenir au plus vite. Il rejoindra ses coéquipiers en stage, dès samedi, en Turquie, pour une semaine. Mais ce vendredi, il suivra attentivement ce Serbie-Suisse. Parce que Knezevic est né à Lucerne, qu’il a grandi humainement et sportivement en Suisse ; après que ses parents, serbes, ont fui la guerre en Yougoslavie.
Avec quel regard allez-vous suivre ce match ?
C’est difficile de choisir. Je dois tout à la Suisse. J’aime ce pays, je m’estime chanceux d’y avoir grandi. C’est un pays incroyable avec une mentalité disciplinée. J’y ai encore beaucoup d’amis d’enfance. Mon cœur balance mais je n’oublie pas que le sang de mes parents – et donc le mien – est serbe. Et je crois d’ailleurs que j’ai plutôt un tempérament serbe que suisse. Donc même si c’est difficile, j’espère tout de même une victoire de la Serbie. D’autant plus que je regarderai le match ici avec mon oncle et mes cousins (rires).
Quelle est la partie serbe qui reste en vous ?
Je ressens le besoin de revenir chaque année, au moins pour les vacances. C’est important, aussi pour revoir la famille dont la vie ici n’a pas toujours été simple. À la maison, en Suisse, j’ai plutôt reçu l’éducation serbe. C’est peut-être pour ça que je m’énerve parfois un peu vite, que je me laisse emporter par certaines émotions. Mais je pense avoir pris les bonnes choses des deux pays. Un bon mélange, non ?
En 2018, vous avez porté trois fois le maillot des U21 suisses. Pourquoi avoir accepté ?
Ils ont été les premiers à m’appeler. J’ai réfléchi. J’en étais fier. La Suisse est un pays rêvé pour grandir et je lui en suis reconnaissant. Malheureusement, j’ai subi une grave blessure au genou à l’époque, cela a freiné ma carrière et je n’ai jamais été appelé en A.
En U21, vous étiez équipier de plusieurs joueurs (Kobel, Cömert, Sow, Vargas, Fernandes, Aebischer) qui disputent la Coupe du monde. Êtes-vous surpris par leur trajectoire ?
Non, on voyait directement qu’ils avaient un gros potentiel. Ils ont été intelligents et ont, pour la plupart, franchi les étapes une par une en club. Je leur souhaite le meilleur mais je leur ai quand même envoyé quelques messages pour leur demander de ne pas marquer vendredi (sourire).
Les pépins physiques, c’est le hic de la Serbie dans ce tournoi…
Oui, c’est vraiment dommage. Plusieurs joueurs importants traînaient des blessures ou une méforme en arrivant au Qatar. Ils auraient dû gagner contre le Cameroun (NDLR : 3-3 alors qu’ils menaient 3-1). Mais ils sont toujours en vie ! J’espère qu’ils utiliseront leur mentalité de vainqueur et qu’ils se qualifieront.
Qu’avez-vous pensé des deux premiers matchs de la Suisse ?
Contre le Cameroun, pour être honnête, c’était du 50-50. La Suisse n’a pas mal joué mais les contre-attaques camerounaises auraient pu être mieux gérées et cela aurait pu tout changer. Je suis content que la Suisse se soit finalement imposée. Contre le Brésil, à peu de chose près, elle gardait un point. Mais bon, cela offre une finale excitante en troisième match, hein !